Demi Écrémé, nouvel album de Ghoula
Paru en février dernier Demi Écrémé, le deuxième album de Wael Jegham aka Ghoula (l’Ogresse) nous replonge dans un multivers conjuguant patrimoine nord-africain, electro-pop, techno, folk et breakbeat.
Il était encore très jeune, lorsque ce pianiste de formation se découvre une passion pour le sampling qui le plonge dans l’univers des vinyles qu’il chine un peu et collectionne mais pas que cassettes, CDs, boites à rythmes ou encore des captations live comme il est le cas du morceau Jougar. Cela représente un pan de la musique nord-africaine, particulièrement tunisienne qu’il ressuscite avec beaucoup d’ingéniosité. « Je ressens un lien profond avec la musique d’Afrique du Nord car c’est ma culture, je la comprends et elle me nourrit ». dit Ghoula qui cultive á la perfection l’art de transmettre des émotions au-delà de la barrière de la langue pour livrer un message universel. « Demi écrémé », se veut plus en phase avec cette réalité translinguistique.
A l’instar de son premier album « Demi écrémé » tient toutes ses promesses. Une expérience immersive, un univers riche, dense mais on y aperçoit plus de maturité. La volonté de verser dans davantage d’universalité. « Ce qui fait que demi écrémé est diffèrent de mon premier album Hlib el Ghoula (2016),c’est ma reconversion au DJing, le fait de jouer des sets avec la musique des autres m’apprend chaque jour et influence indirectement mes compositions. Cet album est plus électronique que le précédent » argue Ghoula.
Le titre Drum & Gasba est l’exaltante promesse d’un mariage réussi qui met á l’honneur la gasba, (flûte á roseau nord-africaine), instrument phare du raï trab( cette musique organique et bestiale de l’Algérie).L’exploration se poursuit avec Iwaywa, un appel á la transe. Cette expression maghrébine, quasi intraduisible, que nous utilisons pour chauffer les salles. C’est au Aouniyat marocaine et leur musique éponyme que Ghoula rend hommage. Une musique underground traditionnelle, considérée par les puritains comme subversive. Fortuit au départ et animé par un choix esthétique et musical, le choix de ce sample se transforme en un acte de résistance.
Le titre Jougar, en référence au village montagnard tunisien, est une invitation au voyage á la découverte des chants traditionnelles de femmes enregistrées par Ghoula. C’est une expérience sonore où vibre et se conjugue « deux énergies » comme il plait á Ghoula de l’affirmer « l’une très fluide et stable, l’autre vibrante et frénétique ». Sur ce titre, Ghoula sample la gasba chaouie. « Un groupe de femmes m’avait accueilli chez elles et chantaient quelques chansons de leur région, et ça des fois ça donne la chair de poule plus que la découverte de vinyles et de cassettes. Malgré que la transmission orale ne soit plus d’actualité il y a quand même des régions qui font l’exception et ne font pas qu’écouter la musique à la radio mais ils chantent aussi » se confie-t-il á MIAF.
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