Élage Diouf : « Mon nouveau projet sera peut-être disponible cette année »
De passage au Sénégal, où il doit se produire ce vendredi 20 avril au Festival Coeur en Or, le musicien Élage Diouf que nous avons rencontré, a bien voulu répondre à quelques questions de notre rédaction.
Bonjour Élage Diouf. Pouvez-vous nous parler un peu de vous ?
Bonjour Jean. Je suis un chanteur et percussionniste aux origines sénégalaises, qui vit au Canada.
C'est dans les rues de Dakar (Sénégal) que j'ai débuté ma carrière musicale, par les navétanes, de petites manifestations populaires.
Je jouais également dans des cérémonies de baptême et de mariage, avant de m'envoler pour le Canada où je poursuis actuellement ma carrière.
J'ai 2 albums à mon actif : Aksil (2010 - 11 titres) et Melokàane (2015 - 12 titres).
Je propose une musique éclectique, influencée par ce que j'écoute (hip hop, soul, reggae, musique traditionnelle), mais aussi par mon parcours. Ma musique est le rendu de mes expériences.
Des petits spectacles populaires de Dakar aux grandes scènes nord-américaines, je me suis forgé un style, une musique de fusion qu'il m'est difficile de définir exactement. Mes compositions ont des styles souvent différents.
4 années se sont écoulées depuis votre dernière oeuvre et le public sénégalais attend du neuf. Avez-vous quelque chose en vue ?
Oui je travaille sur un projet, un nouvel opus de 12 titres qui sera peut-être disponible cette année.
Mon public devrait être encore plus patient. Sortir un album est beaucoup trop exigeant aujourd'hui ; de la conception à la production de l'oeuvre, il faut pouvoir prendre son temps pour bien faire.
Les mélomanes sénégalais devraient quant à eux me comprendre, il n'est pas aisé d'être partout à la fois ; je vis ma carrière au Canada et cela explique aussi mon absence sur la scène locale.
Mais je compte donner de la qualité à mon prochain opus que le public du pays de la Teranga pourra apprécier.
Vous résidez au Canada depuis bien longtemps déjà, pourquoi êtes-vous actuellement au Sénégal ?
J'ai été invité à prendre part au Festival Coeur en Or, qui se tient ce vendredi 20 avril dans la ville de Saint-Louis (Sénégal), à l'Institut Français précisément.
Mais le voyage est aussi l'occasion pour moi d'enregistrer quelques pistes de mon prochain album avec des artistes locaux et l'enrichir avec des sonorités d'ici.
Grâce à l'aide de Maimouna Dembele, j'ai également été programmé pour une performance live à l'hôtel Pullman de Dakar.
Je suis vraiment très content d'être là.
Comment se passe votre carrière au Canada ?
Les choses se passent plutôt bien. Je suis établi à Montréal c'est vrai, mais étant donné que l'industrie du spectacle est assez vivante en Amérique du Nord, je voyage très souvent pour les États-Unis voisins où de nombreuses opportunités s'offrent aussi.
Tout est très bien organisé là-bas, les conditions de travail sont bonnes et j'arrive à m'associer à des projets d'artistes que je rencontre.
Je participe à de nombreux événements, il y a toujours de quoi faire en Amérique.
Quelle appréciation faites-vous de l'écosystème musical au Sénégal ?
C'est très difficile ici parce que l'industrie est peu organisée ; je trouve par exemple qu'il n'y a pas assez de salles pour les spectacles et qu'il reste bien de choses à améliorer.
Tout est concentré à Dakar, la capitale. Quand je viens au Sénégal, il m'est quasi-impossible de tourner dans les régions, car beaucoup d'entre elles ne disposent pas infrastructures nécessaires pour accueillir d'importants rendez-vous.
Là par exemple, je vais jouer au Pullman, pour 40 000 Fcfa l'entrée ; le spectacle ne sera donc ouvert qu'à une certaine catégorie de personnes, sans jamais que le grand public ne soit concerné. C'est bien dommage.
Les conditions sont si difficiles que la musique sénégalaise en est affectée. Les artistes essaient de s'adapter pour vivre, sans forcément chercher à produire des oeuvres de haute qualité.
Les rumeurs disent qu'Élage Diouf veut définitivement rentrer au Sénégal. Que répondez-vous à cela ?
J'ai déjà fait plus de 20 ans à l'extérieur, revenir est tout à fait envisageable.
Comme beaucoup, j'étais animé plus jeune par l'idée de m'en aller, chercher à m'offrir une vie meilleure.
2 décennies plus tard, je vois venir l'âge de la retraite et rentrer au Sénégal qui est mon pays, m'effleure forcément souvent l'esprit.
Mais c'est un voyage que je vais devoir bien préparer, il va falloir développer quelque chose qui puisse m'assurer des revenus et me permettre de vivre décemment une fois rentré.
Un mot pour votre public ?
Je le salue très chaleureusement. Je voudrais que tout ceux qui me suivent sachent que ma passion est toujours là, vivante.
Je remercie ceux qui aiment ma musique et je les invite à me supporter vraiment. Il est difficile de se faire un label qui te garantisse de grands revenus et d'importants bénéfices sur tes créations.
J'invite donc une nouvelle fois le public à me soutenir vraiment ; pas seulement par des likes sur les réseaux sociaux, mais en achetant les disques, en participant aux campagnes de promotion de mes oeuvres et en faisant des gestes concrets.
Nous artistes, notre public est notre chance, c'est sur lui seulement que nous comptons.
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