Rencontre avec Christelle Ratri, leader du trio malgache Kristel
Le trio Kristel vient de mettre sur le marché un nouvel EP baptisé Let’s Be Happy. Malgré la crise sans précédent provoquée par la pandémie du Covid-19, le groupe malgache essaye de garder le moral et d’avancer en attendant la reprise de leur tournée. Rencontre avec son leader, Christelle Ratri.
Bonjour Christelle, vous êtes lead vocal du groupe Kristel, et aussi bassiste. Il n’y a pas beaucoup de femmes bassistes sur le continent qui sont des célébrités comme vous. Comment avez-vous appris la guitare basse ?
Si, il y a quand même quelques femmes bassistes et musiciennes sur le continent. Pour ma part, j’ai appris la guitare basse par mon père qui lui était guitariste. J’ai d'abord appris à jouer de la guitare avant d’apprendre la basse, car mon père voulait que j’aie de bonnes bases.
Pouvez-vous nous raconter le début de votre aventure musicale jusqu'à la création du groupe Kristel ?
J'ai commencé à jouer sur de petites scènes vers mes 16 ans dans de petits restos-bars et surtout en tant que chanteuse, car je ne maîtrisais pas encore la basse, même si j’ai commencé à la jouer à 8 ans. C’est seulement en 2013 que les gens ont pu me découvrir avec une guitare basse sur une scène lors du festival Libertalia (j’étais bassiste du groupe Mafonja, et cela jusqu’à fin 2014). Et c’est durant cette même année que moi et mon frère Benkheli, avons décidé de créer Kristel. En même temps, je devenais bassiste d’un grand musicien, Silo, avec qui j’ai acquis beaucoup d’expérience jusqu’en 2016. Puis en 2017, Kristel se lance dans une carrière professionnelle, qui a démarré avec le festival Libertalia.
En 2017, vous êtes donc remarquée au Festival Libertalia, un des plus grands festivals de musique à Madagascar. Quel souvenir gardez-vous de votre passage dans ce festival ?
Il y a tellement de souvenirs de ce passage mémorable qui a marqué le début de notre carrière. Mais le plus marquant est le fait qu’on nous a donné notre chance, même si beaucoup étaient sceptiques et nous ont sous-estimés. D’ailleurs, on sera toujours reconnaissant envers Gilles Lejamble, l’initiateur du festival et créateur du label Libertalia-Music Records, qui soutient des jeunes artistes comme nous et nous a permis à travers ce festival de se faire connaître au-delà de nos frontières.
Cette même année marquera aussi la sortie de votre premier EP TNM. L'œuvre vous ouvrira les portes d’une carrière à l’international dont une tournée en France où vous avez notamment joué au MaMA Festival. Que ce que ça fait de voir trois jeunes artistes originaires de Tana être propulsés sur la scène internationale ?
Ça nous a redonné de l’espoir et nous a permis de revoir nos ambitions à la hausse, de voir plus loin que notre Madagascar natal et aller toujours de l’avant.
En 2018, vous signez un premier album « Irony ». Vous dénoncez les maux qui rongent Malagasy, notamment la corruption et la violence. N’aviez-vous pas peur d’être censurés par le pouvoir malgache, comme cela a été le cas pour vos compatriotes de The Dizzy Brain ?
On ne dénonce pas, nous donnons notre point de vue. On ne provoque personne, on préfère toujours être ironique et sarcastique, d’ailleurs, c’est pour ça que cet album, on l’a intitulé Irony. Nos textes donnent toujours à réfléchir, que de cibler qui que ce soit, donc on n’a jamais eu peur d’être censuré. C’est mieux de conscientiser les gens que de leur transmettre la rage qui ne provoquera que de la haine et de la violence.
Une année plus tard, le groupe entame la tournée « Irony » qui vous amène dans plusieurs villes africaines, notamment Nairobi, Addis-Abeba, et Kinshasa. Comment est-ce que les publics qui vous ont découvert pour la première fois ont accueilli vos shows ?
Chaque ville avait sa façon de nous accueillir et d’apprécier notre musique. Mais là où l’ambiance était au rendez-vous où l’on s’est plus éclaté, c’était à Addis-Abeba, en Ethiopie.
Vous venez de sortir un nouvel EP Let’s Be Happy , la plupart des titres sont interprétés en anglais. Outre le rock, on retrouve d’autres influences musicales telles que le dancehall et le rap. En quoi cet EP est différent de vos précédentes sorties musicales ?
À chaque sortie musicale, on essaie toujours d’être différent, nous surprendre ou surprendre les fans, sans perdre bien évidemment notre essence, le pop rock et le fait qu’on soit un puissant trio, on ne veut avoir ni limites ni de barrières. Donc la différence avec cet EP, c’est qu’on est sorti de notre zone de confort avec de nouveaux sons et de nouvelles sonorités, mais toujours à la sauce Kristel.
Comment vivez-vous cette période de confinement, a-t-elle affecté vos activités ?
Bien évidemment, tout le secteur culturel est touché et souffre en ce moment. Pour nous personnellement, la tournée promotionnelle de ce nouvel EP a été annulée, mais, comme on le raconte dans le clip « Let’s Be Happy », on se dit ce n’est pas grave, allons de l’avant, soyons heureux avec ce qu’on a.
Quels sont vos projets pour le reste de l’année, alors que le monde sort progressivement du confinement ?
Une nouvelle sortie musicale et normalement une tournée en France en octobre si tout se passe bien...
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