La musique dans les médias au Maroc
Au Maroc, la relation entre la musique et les médias est particulière. Les radios libres en 2006 venues sauver les artistes des chaînes monopoles ont permis plus de diffusion et de diversité. Si le public s’est vu offrir plus de choix, les artistes déplorent un manque d’originalité dans les contenus et pas assez de place pour la musique dans les médias.
Télévision trop généraliste
La télévision marocaine s’est résumée à une télévision sous le contrôle de l’Etat avec un contenu généraliste. Entre la Société Nationale de Radio et Télévision marocaine et 2M, la programmation musicale se limite à quelques émissions culturelles ou à des soirées télévisées en prime time les weekends.
« Le contenu est plus culturel que musical, on ne peut pas se permettre de trop cibler puisqu’il y a réellement un manque de contenu » explique un responsable de la SNRT. La musique est donc divertissement la plupart du temps. »
Le modèle économique des radios privées n’offre pas de grands espaces culturels, même si la culture est présente à travers l’information, la couverture de certaines activités comme les festivals, la programmation de quelques émissions ou de capsules quotidiennes sur les arts, le livre, ou encore des émissions destinés à encourager les talents »précise le rapport de La commission chargée de la société du savoir et de l’information au Maroc. Certaines nouvelles chaînes proposent la musique autrement comme Chada TV, une station de radio devenue chaîne thématique, « une chaîne musicale marocaine diffusant des clips vidéo 24h / 24h de la voix arabe de Rotana ».
Il n’existe pas à ce jour de chaînes thématiques mais plus un contenu musicale dans les différentes chaînes à l’image de :
- Al Mawahib (Abdanabi Al Jirari)
- émission musicale Al Rhame sur la chaîne 2M
- Studio 2M : émission de type Star Academy
- Ajial (génération) sur la chaîne 2 : émission consacrée à la nouvelle scène marocaine
- Nerma ou Athey : émission consacrée à un chanteur sur le chaîne 1
- 100 % Chebab sur la chaîne 1 : émission consacrée à la nouvelle scène marocaine
- Top 50 sur la Chaîne 2 : passages de vidéoclips de divers chanteurs
- Marrakech Express : cette émission, de la chaîne 1, parle de musique, littérature, peinture et cinéma
- Chadalhane : émission de la chaîne 2M sur les musiques arabo-andalouse et classique.
Radios libres mais limitées
Nées en 2006, les radios privées marocaines ont permis aux Marocains de respirer et de gagner en diversité. Le Centre interprofessionnel de mesure d’audience radio (CIRAD) apprend que 56,65% des Marocains sont férus des ondes et qu’un auditeur passe en moyenne 2h50 de sa journée, branché à la radio. Mais qu’en est-il de la place de la musique.
Mis à part une programmation musicale ponctuelle ou quelques émissions dédiées à la musique, les radios marocaines demeurent également généralistes. L’exception est surement Hit Radio qui se considère comme une radio musicale mais avec une programmation orientée mainstream et commerciale. La Radio marocaine dont l’équivalent français serait NRJ, ne propose pas un contenu plus large en terme de musique, laissant tout une scène alternative hors zone.
Younès Boumehdi, fondateur de la radio des jeunes a eu l’initiative de créer une nouvelle station, une radio du Sud plus éclectique, et plus underground, qui offre une large place aux musiques du monde. « Radio Azawan se positionne comme une radio ouverte sur les cultures et influences du sud du Maroc et diffusée en amazigh, hassani et darija ».
Désormais écoutée à Agadir, Laâyoune et Dakhla, Radio Azawan poursuit son déploiement sur 41 fréquences FM pour couvrir, en 2020, 100% des bassins du sud soit un potentiel d’audience de 3 millions d’auditeurs.
- Chaîne Inter
- Radio 2M
- Médi 1
- Med Radio
- Radio ASWAT
- Hit Radio
- Chada FM
- Radio Plus Agadir
- Luxe Radio
- Atlantique Radio
- Radio Mars
Presse écrite ou la marginalisation de la musique
D’après le rapport de La commission chargée de la société du savoir et de l’information au Maroc, le pays a établi le pluralisme politique après son indépendance. Une presse partisane s’est alors constituée, qui a longtemps marqué le paysage médiatique jusqu’aux années quatre-vingt-dix du siècle dernier.
Àce moment-là, la presse partisane commençait à perdre progressivement du terrain. Une presse indépendante a vu le jour, qui travaille selon la logique de l’entreprise privée. Le constat est clair : aucune presse à ce jour, n’est spécialisée dans la musique.
Nombreux sont les supports qui mettent en avant la musique, les musiciens, les festivals, les concerts mais aucun support n’est dédié à la musique. « Il est certain que la presse s’est distinguée par l’intérêt particulier qu’elle accordait à la culture, surtout la presse partisane qui publiait des suppléments culturels » précise le même rapport qui cite comme supports les journaux Al Alam, Al Muharrir et Al-Ittihad Al Ichtiraki, Al Alam et Al-Ittihad Al Ichtiraki qui continuent de consacrer un espace important à la vie culturelle et intellectuelle au Maroc.
« Ajoutons à ces journaux historiques le quotidien Bayan Al Yaoum, et certains quotidiens francophones comme l’Opinion et Al-Maghrib ou des revues mensuelles comme Lamalif, Al- Assas et bien d’autres organes de presse qui s’intéressaient aux questions culturelles. Mais, après avoir consacré un intérêt particulier à la culture, sous toutes ses expressions, le vide s’est installé progressivement à partir des années quatre-vingt-dix » continue le même rapport en englobant la culture en général.
Aucun support n’est même dédié à la culture à part le magazine Dyptik, véritable ovni du paysage audiovisuel marocain, qui est dédié à l’art contemporain en particulier , puis à l’art en général. Des supports comme le journal quotidien « Les Eco » fait la part belle à la culture en lui dédiant plusieurs pages et un spécial Weekend, le magazine Tel Quel met en avant également toutes les formes d’art sur plusieurs pages, l’Economiste donne une belle place à la culture. Mais encore une fois la musique est noyée dans la culture.
Médias en ligne : la liberté de penser
Avec le développement des médias en ligne ces dernières années, l’information a trouvé refuge dans un grand nombre de supports. La musique, plus apparente, s’est exprimée plus rapidement et plus facilement mais aucun site, encore une fois, ne se concentre sur la culture ou sur la musique. « Nous avons peur de la spécialisation au Maroc » précisera la journaliste Jihane Belarbi.
L’information culturelle voire musicale se verra noyer dans l’information générale. Cependant, les médias en ligne auront permis une plus grande proximité : les concerts en live, les coulisses des spectacles, la vidéo et le son permettent aux lecteurs de vivre l’expérience musicale au lieu de se contenter de la lire.
« La vidéo est importante, les lecteurs en sont de grands consommateurs. Que ce soit des interviews d’artistes ou des extraits de concert, l’exposition est meilleure pour la scène musicale. Et plus appropriée surtout » conclut la journaliste.
- Agadir 360 (Portail D'info)
- Le 360 (Portail D'info)
- H24info (Portail D'info)
- Bladi (Info Générale)
- Goud (Info Générale)
- It Maroc (High Tech)
- Lalati (Féminin)
- Le Daily (Généraliste)
- Le Desk (Portail D'info)
- Le Mag.Ma (Généraliste)
- Le Site info (Généraliste)
- Les Eco. ma (Economie)
- Marokino (Portail D'info)
- Medias24 (Economie)
- Menara(Portail D'info)
- Portail Du Maroc (Portail D'info)
- Yabiladi (Portail D'info)
La relation entre les médias et la musique est donc la fois riche et complexe. Depuis la libération des ondes, la musique a plus de place mais dans un contexte culturel. Les supports laissent plus de place à la culture mais aucun n’est vraiment spécialisé ni dans la culture, encore moins dans la musique. Au Maroc, le problème majeur est celui de la spécialisation. Les supports médiatiques restent généralistes. Et même quand le spécialisation existe, comme dans certaines radios, elles concernent un certain type de musique : la musique dite commerciale et maintsream.
Bibliographie :
- Contenues culturels et Médias - Rapport de La commission chargée de la société du savoir et de l’information au Maroc
- https://www.satexpat.com/pays/maroc/
- Médias et publics au Maroc - Fathallah Daghmi, Olivier Pulvar et Farid Toumi
- https://www.presse-marocaine.fr/
- entretien avec des professionnels du métier
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Édité par Lamine BA
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