La voix retrouve la voie
C’est dans l’après-midi d’hier jeudi 2 avril, que la chanteuse Paulette, en conférence de presse, présentait son nouvel album. Un ensemble de 16 titres intitulé Nha Luz ou ma lumière, plus de 10 ans après «Mas Ki Mal». Paulette dit avoir changé ou mûri entre-temps, un peu comme si elle assumait enfin son statut d’artiste. La chanteuse s’est d’ailleurs attachée les services d’une nouvelle équipe, un jeune label du nom de «Deep Vibes Music» qui tient à l’emmener encore plus loin. Cette nouvelle production est dédiée à l’animateur Edouard Adama Ndiaye dit Ndiolkumba, décédé en 2013, et qui devait produire cet album.
Sa voix s’était emmurée dans une sorte de long silence musical, un mutisme quasi inexplicable quand on est une artiste comme Paulette, mais la chanteuse a recouvré la voix, pour ne pas dire qu’elle a peut-être enfin trouvé «sa» voie. Il faut dire qu’entre son précédent album et celui qu’elle lançait tout juste hier jeudi 2 avril en conférence de presse, il y a bel et bien un écart d’une dizaine d’années. La nouvelle production, un album de 16 titres qui s’intitule Nha Luz ou ma lumière en créole, va bien plus loin que cette simple traduction. C’est d’ailleurs avec une certaine philosophie de la vie, et sans doute avec foi, que Paulette parle de cette lumière qui (l’) a guidée, qui (lui) a donné le courage, et qui (lui) a permis d’être tout simplement».
Et après une décennie, peut-être que l’on change quelque peu, ou que l’on n’est plus tout à fait la même personne. Paulette raconte qu’elle en a elle-même fait l’expérience. Devenir quelqu’un d’autre, changer de style, s’entourer d’une nouvelle équipe, «Deep Vibes Music», d’ailleurs présente à cette conférence de presse, et qui donne vraiment l’impression de la pousser. La Paulette d’avant, dixit la chanteuse elle-même, était peut-être un trop «simple» pour ne pas dire plus ou moins «renfermée», et son plus grand défi consiste sans doute aujourd’hui à se mettre dans la peau de l’artiste qu’elle est. Si elle s’est tue si longtemps, c’est peut-être parce que la vie lui imposait de faire certains choix, mais elle explique aussi qu’elle « devait prendre le temps de confectionner (son) album et de se perfectionner », le temps sans doute de pouvoir donner le meilleur d’elle-même à un public d’inconditionnels que la cette longue diète a dû affamer, et qui se montrerait forcément plus exigeant. Et aussi le temps de trouver un producteur». En tout, il lui aura fallu trois années de travail, d’abord en collaboration avec le défunt animateur Edouard Adama Ndiaye alias Ndiolkumba, et à qui Paulette dédie cet album. Lorsqu’elle évoque cet épisode douloureux, la voix de la chanteuse se laisse trahir ou surprendre par son émotion, et Paulette écrase même une larme.
«Deep Vibes Music»
Aujourd’hui, c’est le label «Deep Vibes Music» qui est entré dans sa vie d’artiste, et qui a fait de Paulette une sorte d’icône, mais sans se montrer figé et sans fermer la porte aux autres styles de musique. Peu importe que l’on fasse du hip hop, du zouk ou de l’acoustique, même si le label reste très sélectif. Charles Sow alias «Chaz» est l’un des producteurs de Paulette, et c’est lui qui explique qu’au sein de l’équipe, on la trouvait un peu trop «renfermée», musicalement parlant. Et ce qu’on tente de faire là-bas, consiste finalement à «élargir son horizon», de manière à ce qu’elle puisse combler ce vide qu’il y a, quand on sait que comme dit Mansour Haidara, l’autre producteur, des voix féminines qui font dans la musique cabo, il n’y en a pas énormément, et que Paulette finalement, c’est «La voix».
Chez les hommes, il y a Philippe Monteiro, qui était déjà présent lorsque Paulette faisait ses premiers pas, et avec qui elle se verrait bien en tournée, pour présenter son produit, mais n’allons pas trop vite en besogne puisque l’artiste se «consacre pour l’instant à la sortie de (son) album», même si elle donne surtout l’impression de toujours vouloir garder une certaine mesure. Mansour Haidara préfère lui parler de modestie», et pense que dans le fond, «Paulette n’a pas vraiment changé» : toujours un peu timide voire un peu fragile, mais les artistes ont eux aussi leurs «fêlures».
Et si ses sonorités se sont quelque peu modernisées, ce sont les mots de Mansour Haidara, Paulette ne s’est pas vraiment métamorphosée au point d’en être devenue méconnaissable. Elle chante toujours l’amour, la vie, la foi, sur des morceaux comme «Distino d’un amor», «Vida» ou encore «Nha Confianca». Et sans se cadenasser : on y danse au rythme du Funana, du Kizomba ou de la Batuka. On marque aussi le pas sur un «Bouguerebou» typiquement diola que l’on retrouve sur un titre comme «Marido», dans une sorte de clin d’œil aux origines diola d’une artiste d’ici et d’ailleurs, qui chantait déjà à l’école: d’abord comme choriste, ensuite comme soliste. Depuis lors, c’est elle qui tient le micro…
Théodora SY SAMBOU (Sud Quotidien)
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