La musique populaire à Madagascar
Par Niry Ravoninahidraibe
Cet article donne un aperçu de la musique populaire de la grande île, les différents genres musicaux et les artistes qui les représentent.
La musique tropicale, musique fédératrice de Madagascar
La grande île vacillait entre différents genres de musique : la musique urbaine, le rock, la variété ou encore le folklore, il était donc difficile pour l’île de s’attacher durablement à un genre définit. Il faut dire que l’île marche à la nouveauté sans oublier qu’elle regroupe une pluralité d’ethnies, il était donc difficile de se mettre d’accord sur un genre de musique donné ; mais voilà qu’un nouveau genre squatte les écrans de télévision, la radio mais aussi les CD piratés. On baptise ce genre, musique tropicale.
C’est l’avènement d’une nouvelle ère mais nul ne pouvait s’en douter, c’était il y a un peu plus de cinq ans avec Jerry Marcoss, Tsiliva et différentes actrices de la gente féminine. Des artistes inconnus jusque-là ont amené un nouveau rythme qui a fait danser non seulement les malgaches originaires des côtes mais aussi ceux des hautes terres. Le mouvement a pris racine lors des fêtes de famille mais aussi les fêtes de fin d’année et jusqu’à ce jour les malgaches ne jurent plus que par la musique tropicale.
La musique du rythme
La musique tropicale sert souvent à mettre en avant de la musique traditionnelle, de préférence celles qui sont rythmées, mais elle peut également se baser sur un genre étranger, africain par exemple, dans tous les cas c’est un genre qui incite à danser. C’est un genre de musique qui est en premier lieu synonyme de fête et de défoulement toutefois il peut s’agir de musique douce. L’appellation musique tropicale fait souvent référence à une musique issue des malgaches non originaires des hautes terres de Madagascar.
Bien que le terme soit employé pour désigner un genre de musique festif les artistes du tropical sont également adeptes de musique romantique ou encore évangélique. En bref, ils touchent à différentes sonorités néanmoins la musique pour danser est la préférence de tous malgaches fans de musique tropicale. Cette musique se distingue par le dialecte qui différencie du malgache officiel.
Les paroles ne sont donc pas comprises par tous les malgaches et ceux qui ne comprennent pas se contentent d’apprécier la mélodie. Bien que ces traits de caractères la rendent populaire c’est une musique qui reste passagère. Autrement dit, pour qu’une nouvelle chanson connaisse une popularité elle doit être ancrée dans les médias, autrement dit elle se fait connaitre grâce au matraquage.
De la même façon qu’un artiste ou une chanson dans le genre tropicale a une durée de vie limitée, naturellement, pour remédier à cela un artiste doit multiplier les créations pour continuer à tirer profit de sa musique. Il doit non seulement écrire de nouvelles chansons, trouver de nouveaux rythmes et multiplier les concerts en même temps que la popularité de ces chansons. Ce n’est pas, à proprement parlé le genre de musique de choix pour perdurer dans l’industrie de la musique à Madagascar.
Les concerts d’artistes de musique tropicale sont le plus souvent groupés, c'est-à-dire qu’on ne voit jamais un artiste de ce genre de musique se produire tout seul au Palais des Sports Mahamasina. Cependant ceci est fréquent lors des cabarets qui ont lieu au Glacier par exemple. En effet, la musique tropicale est populaire en grande partie pour sa dominance médiatique, ce qui fait craindre aux promoteurs de la musique tropicale de perdre leur place lorsque la musique urbaine se met à s’emparer des médias, autrement dit d’attaquer la musique tropicale sur son propre terrain. Toujours est-il que la popularité de ce genre de musique est incontestable à l’heure actuelle.
Il est vrai qu’une perte de terrain n’est pas encore envisageable et qu’un grand concert avec un artiste unique devrait avoir autant d’audience qu’une représentation groupée. Néanmoins, si l’on se réfère à la vente d’albums il y a des artistes qui sont négligés par rapport à d’autres, même s’il s’agit de musique tropicale. Le concept de la préférence pour la nouveauté demeure pour les malgaches.
La revanche de la musique urbaine
Un label malgache centré sur la musique urbaine, le label Gasy Ploit exerce depuis quelques années un certain déchainement sur les médias, de la même façon que les promoteurs de la musique tropicale. De ce fait, la musique urbaine est devenue tout aussi populaire que le tropical. Cela se vérifie par les CD pirates les plus achetés qui sont en premier lieu de la musique tropicale mais concernant les jeunes, leurs achats se portent sur la musique urbaine.
Ce label a ouvert la voie et de nombreux artistes et label essais d’acquérir une part de marché mais surtout de popularité. La musique urbaine a connu son âge d’or dans les années 90, elle n’a pas pu garder sa place par rapport aux nouveautés musicales ; il s’agit toujours d’une question de tendance. La musique urbaine de 2015 diffère sur plusieurs points des années mais il s’agit toujours du même registre.
La popularité de ce genre inquiète certains artistes et promoteurs que la musique tropicale au point de prendre exemple sur des styles généralement liés à la musique urbaine. Inversement, des artistes de la musique urbaine empruntent quelques traits du tropical, à l’exemple de la présence des danseuses pour accentuer la danse.
Depuis ces perspectives, un nouveau genre de musique a vu le jour, une fusion de tropical et d’urbain, que l’on pourrait qualifier comme le genre le plus porteur à Madagascar. Naturellement, des collaborations se réalisent parmi ces artistes prétendument opposés dans leur genre de musique et ces featurings sont exceptionnels et une réussite pour les artistes malgaches.
La variété malgache, popularité continuelle
Les artistes qui bénéficient d’une popularité facile à remuer à l’instar d’un nouvel album ou d’un concert exceptionnel (pour marquer les quarante ans de scène par exemple) ne sont pas définis dans un genre unique. En effet, dans la liste des artistes toujours populaire on peut citer deux ou trois dans le genre rock, un dans la World Music et la majorité dans la variété et le style chanteurs de charme. La majorité de ces artistes se produisent régulièrement en cabaret et rarement au Palais des Sports. Remplir le Palais des sports est une marque de popularité dans le cœur des Malgaches. C’est une entreprise dans laquelle peu d’artistes prennent le risque, ils préfèrent ainsi tenter leur chance au centre culturel CCESCA Antanimena ou encore au Jardin d’Antsahamanitra.
La production de CD n’est pas le moyen privilégié des artistes pour tirer profit de leur musique, ils préfèrent les concerts nettement plus profitables. Les producteurs de CD pirates sont avantagés dans leurs ventes en raison de leur bas prix, un CD coûte en général cinq fois moins cher qu’un CD original. Depuis 2002, l’industrie du CD illicite ne fait qu’augmenter.
De même, les profits tirés par ces CD vont jusqu’à tripler au moment des fêtes de fin d’année. Mais les artistes ne désespèrent pas et continuent à sortir des disques sachant qu’ils trouveront toujours des acheteurs fidèles au point de ne pas se tourner vers ces agissements illégaux.
A Madagascar, la popularité de la musique se voit grandement contrariée par les CD pirates, cependant cela n’arrête ni la production, ni la créativité des artistes. La variété malgache semble être délaissée pour la musique urbaine et tropicale mais ce n’est nullement le cas, ce sont des musiques qui ne se font pas oublier car les comeback sont souvent l’expression de grands succès.
Publié le 1 juillet 2015, cet article est mis à jour le 16 août 2018.
Sources:
- [1] http://www.curieuxvoyageurs.com/film/tence-mena-dans-le-coeur-des-femmes/
- [2] http://www.midi-madagasikara.mg/culture/2015/05/28/concert-de-bodo-preparatifs-perturbes/
- [3] L'express de Madagascar : https://www.lexpressmada.com/
- [4] NewsMada : www.newsmada.com
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Edité par Walter Badibanga.
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