Ilam, la nouvelle sensation afro-pop à découvrir
Arrivé il y a à peine 2 ans à Montréal, le jeune musicien sénégalais Ilam est encensé par la presse canadienne, et après l'avoir écouté, il faut bien convenir qu'il y a vraiment de quoi. En effet, désigné tout récemment « Révélation Radio - Canada 2016/2017 » en musique du monde, Ilam qui cite Baaba Maal et Faada Freddy parmi ses influences, propose un cocktail musical particulièrement réussi où se mêlent harmonieusement des sonorités très diverses. Une belle musique moderne et métissée qui puise sa force dans ses racines peules. Music In Africa a essayé d'en savoir plus et le jeune artiste a bien voulu répondre à nos questions. Entretien :
Bonjour Ilam, tu peux stp, te présenter à nos lecteurs ?
Bonjour, premièrement merci de m’offrir cette vitrine. J’apprécie votre effort de rendre la musique qui vient de l’Afrique accessible partout pour appuyer les artistes à vivre de leur art. Donc, je m’appelle ILAM, je suis né à Dakar au Sénégal, mes origines sont du Fouta, au Nord. J’ai grandi dans une famille qui ne sont pas des griots. Je dirais que je fais un style musical à l’image du monde d’aujourd’hui, plein de couleurs.
Tu es parmi les « Révélations Radio - Canada 2016 / 2017 » qu'est ce que ça te fait ? Parles nous un peu de ton parcours musical…
C’est tout un honneur et c’est difficile à croire en même temps. Si je pense à mon arrivée au Canada, il y a deux ans, jamais je n’aurais pu croire que ma carrière aurait avancée aussi rapidement. Il faut dire que je fais de la musique depuis plusieurs années au Sénégal. Ça a été une véritable école pour moi. Mais vous savez, au Sénégal, quand on est pas griot, c’est pas facile de s’en sortir.
Vous savez comment la musique fonctionne au Sénégal. Il y a ta famille qui ne voit pas très bien à quoi ça va mener. Et puis, en général, c’est difficile d’être reconnu et d’être respecté par ceux qui sont déjà établis dans le milieu. Je me souviens de la fête de la musique en 2013, sur le parterre du Grand Théâtre, même si on m’a invité, on m’a fait patienter jusqu’à 3h du matin pour me dire que finalement je n’allais pas jouer.
Si je suis là aujourd’hui, c’est parce que j’ai pu surmonter ces moments. Ce qui fait la force d’un artiste c’est son vécu, c’est l’histoire qu’il a à raconter.
Parles-nous un peu de ta musique et de tes influences ?
Ma musique avant tout, c’est un partage, c’est une ouverture, avec beaucoup de diversité. Ma musique, vient avant tout de mes racines poulaar. J’ai grandi avec le Tara et le Yéla autour de moi. C’est sur que j’ai été influencé par Baba Maal, il a beaucoup fait pour la culture poulaar dans le monde mais il est aussi très ouvert d’esprit. Mais surtout Faada Freddy, c’est lui qui m’a donné envie de devenir chanteur et de monter sur scène. Je peux dire également qu’il m’a beaucoup influencé.
Sinon, j’écoute toutes les musiques. Ce qui me touche, c’est les musiques qui sont sincères, celles qui viennent du coeur, que ce soit d’un style urbain, ou folklorique, ou même classique.
Ta musique est très métissée, parles nous de ton processus créatif ?
Oui, c’est vrai, ma musique est métissée, parce que je crois que la musique est avant tout un mélange. C’est comme la cuisine. Pour faire un plat, il faut plusieurs ingrédients, plusieurs épices, sinon, ça ne goûte rien. Dans la musique, on a douze notes, mais les possibilités sont infinies. Je ne veux pas m’enfermer dans un style et dire que je fais tel ou tel type de musique.
Quand on parle de l’Afrique, on pense souvent au rythme, mais il y a beaucoup plus que ça. Il y a aussi le calme et la nature dans la musique africaine. Je veux que ma musique soit universelle et qu’elle soit un message de paix, d’espoir pour les peuples de la terre. Et c’est d’ailleurs ça qui m’inspire, je regarde le monde autour de moi, et j’écris ce que je vois. je crois que la musique doit faire passer une message. On ne doit pas juste chanter pour chanter. Je m’inspire aussi de mon histoire, de mon vécu. La musique vient d’abord avec une mélodie, puis elle m’inspire un texte.
As-tu sorti un album au Sénégal, par exemple avec ton premier groupe, Bennen Squad ?
Nous avons complété la production d’un album de 20 titres avec le groupe. Nous avions prévu de le lancer lors d’un festival à Los Angeles qui nous avait invité. Malheureusement, comme c’est souvent le cas pour les artistes africains, nous avons eu des problèmes de visa. Finalement, je suis parti au Canada avant que l’on sorte l’album.
Tu as sorti un EP au Canada, en novembre 2015, parles nous un peu de cette production…
C’était un avant-goût de ce qui s’en vient pour l’album à l’automne. J’ai beaucoup appris pendant la production. C’était une expérience, j’ai collaboré avec plusieurs musiciens, comme Noumoucounda Cissoko dans le titre « Yéla », qui a déjà participé à l’album de Stromae. Et plusieurs autres musiciens talentueux. Comme on dit, le meilleur reste à venir.
Tu comptes venir à Dakar pour un concert ?
J’aimerais beaucoup, c’est dans les projets. Il faut regarder comment on va tout mettre en place avec tout ce qui se présente à nous. Mais, c’est certain que je viendrai bientôt dans mon pays présenter mon travail qui est maintenant devenu plus mature par mon aventure au Canada. Je crois que le public sénégalais est prêt pour ce genre d’ouverture musicale. Tout va venir à temps !
Quels sont tes autres projets en cours ?
On a beaucoup de projets, ça bouge énormément. Il y a plusieurs dates cet été qui s’en viennent, un peu partout au Québec et au Canada. Je suis très heureux de faire parti de la programmation du Festival international de Jazz de Montréal de cette année. Ensuite, il y a l’album qui s’en vient pour l’automne 2016 avec un clip. Et puis, je veux voyager, apprendre et collaborer avec d’autres artistes. On prépare quelques projets du côté de l’Asie. Je vous tiendrai au courant dans les mois qui viennent !
Un dernier mot ?
Juste merci à vous, merci aux lecteurs et au public, c’est grâce à vous qu’on est motivés à travailler. J’espère que vous vous reconnaissez dans notre musique et qu’elle vous touche. Parce que la vie sans musique c’est comme un corps sans âme.
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