Martial Pa'nucci crie son ras-le-bol
Après avoir conquis les mélomanes hip hop de Brazzaville, avec son premier album #2015Chroniques, le jeune rappeur congolais Martial Pa'nucci, par ailleurs porte parole du mouvement citoyen congolais « Ras-le-bol » qui milite pour la justice sociale et l'alternance démocratique dans son pays, de passage à Dakar, nous a accordé une brève interview. Entretien :
Tu es dans la capitale sénégalaise depuis quelques semaines, explique nous un peu les raisons de ton séjour à Dakar ?
Bonjour à vous. Je suis Martial Pa’nucci, artiste rappeur-activiste, auteur-compositeur et porte-parole au sein du mouvement « Ras-le-bol », originaire du Congo Brazzaville.
Oui, je suis à Dakar depuis quelques semaines et les raisons de mon séjour sont très simples. Je suis venu pour m’épanouir artistiquement et surtout pour faire connaître le combat que nous menons avec le mouvement « Ras-le-bol » pour le respect des droits humains, la justice, la liberté et l’égalité au Congo, mais aussi contre la dictature et l’impunité.
Tu as sorti ton premier album l'année dernière, comment se passe la promo ?
L’album #2015Chroniques est effectivement sorti depuis le 15 août 2015. La promo se fait presqu’exclusivement sur internet, parce que la triste réalité d’existence des médias au Congo fait que ma musique engagée soit mise à l’écart. Mais cela ne nous a pas empêché d’écouler près de 800 exemplaires du projet.
Quels sont les problèmes que tu rencontres dans le cadre de ton activité professionnelle ?
Ma casquette d’activiste me pose souvent beaucoup de problèmes et cela se répercute souvent sur ma carrière musicale. Par exemple certains organisateurs d’événements, proches du pouvoir, n’osent pas m’inviter (ce qui peut sembler normal). Mais ce qui m’inquiète le plus, c’est lorsque des organisateurs indépendants prennent peur à m’inviter dans leurs événements, et même quand ils prennent « le risque » de m’inviter, ils me demandent souvent de jouer mes chansons les moins engagées. Tout cela n’est pas facile à vivre et constitue un frein à mon activité professionnelle.
Comment se porte le hip hop au Congo ?
Le mouvement Hip-hop au Congo se porte tant bien que mal ; beaucoup de jeunes artistes et de structures émergent peu à peu, mais il y a un manque criard d’espaces et de soutien. A cela s’ajoutent le manque d’engagement citoyen et une certaine légèreté dans les textes, sans compter le mépris de certains organisateurs d’événements d’envergure internationale, à l'encontre des artistes Hip-hop.
Tu es le porte-parole du mouvement citoyen « Ras-le-bol », un mouvement à l'instar de Y en a marre au Sénégal, quel est votre actualité à ce niveau ?
En ce moment le mouvement « Ras-le-bol » continue son combat malgré les intimidations et l’emprisonnement de certains de ses membres arrêtés le 09 octobre 2015 puis libérés le 19 janvier 2016, lors de la marche pacifique de protestation contre le référendum illégal du 25 octobre 2015 qui devait permettre au président sortant (qui refuse toujours de sortir) de rempiler pour un 3e mandat.
Comment vois-tu l'avenir de ton pays ?
Je suis très optimiste sur l’avenir du Congo, car je pense et je crois avec hargne qu’il sera libre très bientôt et il se développera avec l’apport de tous ses fils sans distinction d’ethnie ni d’appartenance idéologique. Mais pour cela, il faudra que tous les Congolais se lèvent contre la dictature qui ne fait que trop de mal à ce beau petit pays d’Afrique centrale.
Si tu avais un message, quel serait-t-il ?
Le message que j’ai à lancer consiste à dire à tous mes frères et sœurs congolais de par le monde que le Congo a besoin de l’implication de tous ses fils et filles pour être libre et se développer. Et, en tant qu’artiste engagé, j’ai grand besoin du soutien de tout le monde pour porter loin le message musical d’une Afrique libre et d’un monde meilleur.
C’est aussi l’occasion pour moi de lancer un appel à tous les organisateurs d’événements à travers le continent et le monde entier de nous donner la chance de nous exprimer pour plaider notre cause et celle de nos proches.
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