Opportunités musicales au Gabon
Le Gabon est un pays de l’Afrique centrale avec un magnifique foisonnement culturel. Ainsi, on en vient à se demander l’impact de la productivité artistique sur le marché Gabonais. Ou mieux encore, quelles sont les réelles opportunités qui s’offrent aux créateurs d’œuvres de l’esprit dans le secteur musical de gagner leurs vies et de réussir leurs carrières ?
Les ventes des CDs ne font plus vivre les artistes
Même si le pouvoir d’achat est élevé, le marché reste faible, d’une part, à cause de la faible démographie du Gabon. D’autre part, le cœur du problème est lié au manque de retour sur investissement qu’engendre l’omniprésence de la piraterie et la protection lacunaire du droit d’auteur et des droits voisins. Face à ces risques, les maisons de production les plus importantes restent très sélectives et condamnent des nombreux artistes à l’autoproduction ou à la périlleuse recherche de mécènes.
Les ventes ne dépassent pas 5000 exemplaires. Certaines icônes de la musique Gabonaise telles que Pierre Claver Akendengué ou Patience Dabany arrivent à dépasser ce quota à la sortie de nouveaux albums. Cependant, ces derniers sont considérés comme des exceptions.
Monétiser sa musique grâce aux plates-formes digitales
Comme partout ailleurs, les artistes Gabonais ont recours aux plates-formes digitales pour exposer, promouvoir et distribuer leurs œuvres. Cependant, les plates-formes en Afrique sont dans leur grande majorité gratuites. Et pour ceux qui arrivent à être disponible sur celles qui sont payantes comme Itunes, Amazon, Deezer, leur public vivant au Gabon n’a malheureusement pas les moyens d’acheter via les cartes bancaires. Les opérateurs de téléphonie mobile constituent une bouée de sauvetage pour les artistes en proposant leurs chansons ou sonneries aux abonnés.
Le sponsoring, le mécénat, et la publicité
Ces opportunités restent accessibles aux musiciens très populaires. Ceux qui drainent les foules à la simple mention de leur nom ou à leurs apparitions. Les artistes œuvrant dans le hip-hop sont les plus prisés pour faire la publicité des marques dont le cœur de cible varie de 15 à 35 ans, la musique hip-hop étant la musique de prédilection des jeunes. Le rappeur Ba’Ponga, par exemple, a été ambassadeur d’un opérateur mobile et d’une compagnie de boisson.
Les concerts et autres sources de revenus
Chacun y trouve son compte, tout au long de l’année. Les cachets des artistes commencent à 300.000 FCFA et se chiffrent en millions pour les plus populaires. Certains enchaînent mois après mois des représentations tant à la capitale qu’en provinces. Une aubaine pour les musiciens qui trouvent dans des concerts, show-case, célébrations de mariage et campagnes politiques, un moyen pour se faire de l’argent.
Parmi les mieux organisés, il y a ceux qui joignent d’autres activités à leur carrière artistique. Ils ouvrent leurs propres entreprises et s’essaient à d’autres arts créatifs en devenant créateur de mode, réalisateur de clip vidéo ou de publicité, arrangeur ou ingénieur de son, infographie, photographe, artisan, commerçant.
Enfin, les moins chanceux se trouvent dans l’obligation de faire de leur art, un hobby, et de trouver un travail plus stable, régulier et sécurisant. Ceux qui se résolvent à cette option restent confiant dans l’idée qu’ils pourront travailler en semaine et s’adonner à leur passion le week-end. Cette illusion se maintient durant des mois, voire des années... Mais la réalité finit toujours par les rattraper... Et progressivement ils disparaissent des plateformes artistiques.
Participation aux concours musicaux, festivals et autres événements
Actuellement, Airtel Gabon est l’unique opérateur mobile à proposer un concours de musique panafricain dénommé « Airtel Trace Music Star » qui donne l’opportunité aux jeunes artistes, qu’ils soient amateurs ou professionnels, d’avoir de la visibilité nationale et internationale, tout en espérant gagner une somme d’argent et l’enregistrement d’une chanson avec une star Américaine. En 2015, la chanteuse Shan’L a représenté le Gabon à la grande finale qui s’est tenue à Nairobi (Kenya).
Auparavant les concours Africastar en 2009 (produit par l’animateur Claudy Siar et Charlotte Delacheaux de RTT Productions) ou Castel Live Opéra en 2012 n’ont sacré aucun artiste Gabonais.
Par ailleurs, le modèle de dédicaces, appelé communément « mabanga », prisé par les artistes du Congo Brazzaville et de la RDC, n’a pas pu s’exporter véritablement au Gabon même si les artistes de variété tentent sans trop de succès cette carte. Les plus chanceux se font soutenir financièrement pour un album ou un spectacle.
Par ailleurs, il est à déplorer depuis une dizaine d’années une absence criarde des artistes Gabonais sur les grands rendez-vous musicaux sur le continent ou hors du continent, tous genres musicaux confondus. Les exceptions qui s’y retrouvent comme Pamela Badjogo, au Masa 2016, à Abidjan, ne vivent pas au Gabon.
Pourtant, dans le passé, la musique Gabonaise s’est grandement illustrée à l’échelle internationale au travers des chanteurs Jean Ondeno Rebienot ou Pierre Emboni qui ont été lauréats du Prix Découvertes RFI, respectivement en 1981 et 1982. Ces derniers, ont, ainsi, ouvert la voie pour la chanteuse Naneth qui a été finaliste, en 2005, de ce même prix au côté de Ba Cissoko de la Guinée Conakry et de Tcheka du Cap-Vert.
Autre plateforme tout aussi prestigieuse où le Gabon a pu être musicalement représenté : les MTV Africa Music Awards (aussi connu sous le nom de MAMA), plateforme sur laquelle on a pu retrouver en nominés le groupe de rap Movaizhaleine en 2008, les rappeurs Ba’Ponga et Jojo en 2010 et la chanteuse Arielle T en 2014.
Au niveau local, plusieurs cérémonies de remise de prix ont vu le jour et n’ont guère perduré mais la plus crédible fut les Balafon Gabon Music Awards. Constitué essentiellement des artistes locaux, cet événement, organisé par la Fondation Albertine Amissa Bongo était une cérémonie de récompenses à caractère culturel et artistique qui s’est tenue sur deux éditions en 2006 et en 2007. La cérémonie a pris fin à la mort du Président Omar Bongo Ondimba qui fut son parrain.
Le Festival Gabao quant à lui dans sa mission de revaloriser les nouveaux talents de musique urbaines Gabonais a mis en place initialement le Prix Gabao (2009, 2010), puis le Gabao Hip-Hop Talent Search. Le premier donnait la possibilité à des artistes de musiques Urbaines d’Afrique Centrale de concourir et de gagner une tournée dans les Centres Culturels Français du Gabon, du Congo, de la RDC, du Tchad et de la Guinée Equatoriale.
Ce fut le cas du groupe de rap Gabonais 241 et de Pif Pikini du Tchad en 2009, et du toaster Gabonais Bubal Bu Kombil en 2010. Faute de ressources financières pour supporter les coûts de la tournée dans la sous-région le prix Gabao s’est mué dès 2014 en Gabao Hip-Hop Talent Search, se focalisant, ainsi, sur la recherche de nouveaux talents au Gabon.
Il n’en demeure pas moins vrai que même si une grande frange des artistes arrive plus ou moins à gagner leurs vies grâce à l’exercice de leur art, L’Etat Gabonais, au travers du Ministère de la Culture, travaille également à des mesures allant dans le sens de la revalorisation de l’artiste tel que la loi portant sur le statut de l’artiste en République Gabonaise. Ces statuts abordent entre autres, la définition, l’accès à l’activité artistique, la protection sociale et bien d’autres points
Cette loi viendra certainement frayer le chemin pour d’autres opportunités tel que le fond d’aide à la culture.
En définitive, seuls les musiciens les plus persévérants ou les plus populaires vivent pleinement de leurs arts au Gabon. Cela demeure un travail de longue haleine, mais les institutions du pays travaillent à le rendre plus aisé pour tous les créateurs des œuvres de l’esprit.
Références- Wikipédia
- Loi portant statut de l’artiste en République Gabonaise (en cours de vote)
- Profil culturel des pays du Sud membres de la Francophonie
- Agence Écofin: http://www.agenceecofin.com/formation/3108-31850-l-african-music-institute-va-sinstaller-au-gabon
- RFI Musique: http://www.rfimusique.com/prix-decouvertes-rfi (Liste des lauréats 1981 – 2010)
- Gaboneco http://www.gaboneco.com/gabon-musique-241-et-pif-pikini-laureats-du-prix-gabao-2009-achevent-leur.html
- Gabon Libre http://www.gabonlibre.com/Gabon-Musique-Les-3-finalistes-du-Prix-GABAO-au-Gabon-sont-connus-_a4730.html
Comments
Log in or register to post comments