« Nyongo » : pour Stanley Enow, la musique camerounaise manque d’ambition
Après une longue pause musicale, Stanley Enow signe enfin son retour avec le titre « Nyongo » dans lequel il fustige le manque d’ambition de ses pairs camerounais. Interpellation ou juste un coup de communication pour son nouveau single ?
Avec « Nyongo », le retour sur scène de Stanley Enow n’est pas passé inaperçu, au contraire, il a suscité un fort engagement de ses fans et a été beaucoup commenté sur les réseaux sociaux.
Et si tout cela n’était qu’une stratégie pour attirer l’attention sur son nouveau single « Nyongo » ? « Nyongo » se traduit « fuir » en pidgin camerounais. Il peut également signifier « sorcellerie » en langue « banyangui » (une des ethnies du Cameroun).
« Nyongo » est un morceau drill, sous-genre très tendance actuellement dans le rap. C’est d’ailleurs du drill qu’on retrouve dans « Tu vas lire l’heure », un autre titre de Stanley Enow que j’ai beaucoup apprécié. Mais je reste un peu perplexe quant à son nouveau son, qui pour moi est bourré d’onomatopées plus que de phrases percutantes, le délire est donc moins succulent, mais le message porté dans « Nyongo » reflète bien la pensée de Stanley Enow.
Pour ce dernier, aucun artiste n’a jusqu’ici fait ce qu’il a fait. « King Kong » (comme il se fait appeler) a de nombreuses fois réclamé la couronne du « meilleur rappeur camerounais ». On se souviendra du clip de « Tumbuboss » sorti en 2014 dans lequel il se jette des fleurs et se compare avec d’autres rappeurs de sa génération, notamment Jovi Le Monstre.
Et ne ce n’est pas faux, le fait qu'il se réclame « roi du rap kmer ». Stanley Enow est le seul artiste camerounais à détenir un MTV Africa Music Awards (MAMAs) 2014 dans la catégorie « Best New Act ». L’interprète de « Hein Père » peut aussi se targuer d’avoir réalisé de grosses collaborations avec artistes au top tels que Davido, Fally Ipupa, et Diamond Platnumz.
« Telenovelas dans la chambre, ils se grattent les couilles matin midi soir. Ça fait trop longtemps que je fais qu’attendre qu’un nouveau roi naisse. Personne pour défendre. Personne pour me succéder dans ce pourri mélange… Vu le poids de ma carrière, je bombe le torse », peut-on l'entendre chanter, et critiquant au passage l’immobilisme et le manque d’ambition des artistes camerounais.
La question se pose tout de même : Stanley Enow, voudrait-il réellement interpeller ses collègues artistes à faire mieux ? Ou serait-il en train mettre en avant son nouveau titre par un coup de communication savamment orchestré ?
Dans ce passage « Ouna don work ohh! But different men di tchop, because them pressé pressé », il assure « avoir tracé la route pour beaucoup, mais peu viennent avec autant d’ambitions que lui et après ils « nyongo », ils fuient, ils disparaissent ». Et cela est une triste réalité dans le showbiz, que de voir un artiste au top aujourd’hui, disparaître demain et mettre fin à sa carrière.
Dans « Nyongo », Stanley veut juste motiver ses collègues musiciens à être plus ambitieux et prendre exemple sur lui qui se maintient dans le « game » depuis 8 ans. Une façon de les inciter à travailler davantage, avec vision et stratégie, pour se maintenir et garder le cap.
Article initialement publié le 15 janvier 2022 sur le blog Voila-Moi. Édité par Walter Badibanga.
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