La Tunisienne Amina choisit la lumière
Par Anis Hajjam
L’artiste revient à travers un nouvel album réalisé avec la complicité du compositeur français Léonard Lasry, La lumière de mes choix, précédé de deux titres dévoilés en juin dernier, « Face à nous » et « Radwoi ».
Rencontre en ton réel, le yoga du son en terrain conquis. La belle à la voix suave est de retour. Amina retoque à nos oreilles avec un nouvel opus chargé d’émotion. «En fait, je n’ai jamais arrêté. J’ai toujours continué à chanter. Avec des expériences hors de France. J’ai énormément voyagé, spécialement en Suède où je me suis installée pendant un moment. »
La chanteuse débute adolescente dans le milieu artistique. Elle danse et chante. Son premier single, le rap arabisant «Shéhérazade», date de 1986. Dans la foulée sort «Shango», un duo avec l’emblématique créateur new-yorkais de la mouvance hip-hop Afrika Bambaataa. Après quelques flirts japonais, elle réalise en 1989 son premier album solo «Yalil». Le succès est immédiat avec une belle cinquième place au Billboard américain, section world music. En 1991, elle est sollicitée pour représenter la France au concours de l’Eurovision. Elle y interprète « C’est le dernier qui a parlé qui a raison », co-écrit par un ami de longue date, le chanteur sénégalais Wasis Diop. Pas de chance pour la Franco-tunisienne née en 1962 à Carthage. Arrivée première ex-aequo avec la représentante de la Suède, elle est éliminée suite à un comptage boursouflé de décomptes. Le deuxième album d’Amina, «Wa di yé» sanctionné par une longue tournée, paraît en 1992.
Il est suivi, en 1999, par «Annabi» après une collaboration avec Malcolm McLaren, illustre manager des New York Dolls et des Sex Pistols, sur son opus «Paris». En 1993, pour la Première de l’émission Taratata sur France 2, Amina Annabi s’engage dans un duo avec le chanteur français Barnard Lavilliers. Ils reprennent en chœur et avec cœur «Est-ce ainsi que les hommes vivent» de Léo Ferré tiré d’un poème de Louis Aragon. La chanteuse, fan du groupe mythique marocain Nass El Ghiwane auquel elle emprunte «Allah ya moulana», est actrice depuis «Maman» de Romain Goupil réalisé en 1990. Elle enchaine avec «Un thé au Sahara» de Bernardo Bertolucci. Elle tourne ensuite avec Claude Lelouch dans « La belle histoire», Nicolas Klotz dans «La nuit sacrée», ainsi que Maïwenn en 2011 dans «Poliss».
Amina a finalement un passé qui habite insolemment son présent. Entre son pays d’accueil devenu sien et les différentes haltes qui ont rythmé son vécu, son parcours, copieusement indéfinissable, inspire respect et admiration. «Aujourd’hui, j’ai la culture des étoiles. Je vis comme dans un rêve éveillé. Je me sens de toutes les origines. Ce qui m’intéresse, ce sont les différences et les liens qui peuvent exister entre elles.» Ses mots, spontanément délivrés, font immédiatement mouche : «Je suis toujours à la recherche de la note juste. Je peux la croiser mais elle est capable de m’échapper si je ne la saisis pas. Du coup, je passe à autre chose. Le monde change, les gens changent, les sons aussi.»
Sons pour méditation
Tunisienne consumée, Amina est cette citoyenne du monde qui gère sa folie aimante telle une déesse ivre de ses multiples rencontres, les bonnes et les moins appréciées. Elle est belle et précieuse, forêt et prairie. Elle ne respire que sous l’arbre qui lui divulgue les secrets de branches faites d’épanouissements psalmodiés en silence par les yogis les plus loquaces : «Je pratique le yoga depuis l’âge de douze ans. Ma mère était l’une des premières professeures de yoga à Paris. En été, je partageais mes vacances entre des stages auprès d’elle et mes voyages en Tunisie. J’ai fait du yoga depuis toujours. Depuis quelque temps, c’est moi qui mène les stages, mais du yoga du son.» Voilà qui inspire directement le projet d’un opus qu’elle compte enfanter en 2023 : «Un album basé sur les sons qui stimulent la méditation.» Pour l’instant, Amina se concentre sur cet enregistrement de onze titres, «La lumière de mes choix», qui marque son grand retour à la chanson. Elle y évoque sa vie, ses souvenirs, ses voyages, avec des pièces pop enveloppées de consonances orientales. «Ce retour musical en France était un brin étrange. Pour moi, c’était comme si je découvrais de nouveau tout. Pourtant, Paris est mon ancrage.» A quand un retour en Afrique, en vers et entre tous ?
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