Cameroun Lady B - C’est la faute à Pa’a Biya ?
Un coup de gueule, c’est ce que pousse la rappeuse et slameuse camerounaise Lady B dans son nouveau clip publié fin juin 2017.
La cible de cet uppercut vocal ? Ses 23 millions de compatriotes qui accusent régulièrement et quasi systématiquement le président Biya d’être la cause de tous les malheurs y compris les plus bénins, les plus anodins. Lady B choisit d’en rire. La chanteuse reprend ces accusations pour mieux en montrer le côté ridicule.
« Et quand ça va mal on dit seulement que C’est la faute à Pa’a Biya
J’ai très mal rêvé (C’est la faute à Pa’a Biya)
Ma voiture démarre… Calle (C’est la faute à Pa’a Biya) »
«Tu ne fais que dormir, c’est la faute à Pa’a Biya.
Tu ne fais que mentir, c’est la faute à Pa’a Biya. »
Lady B confirme son statut d’artiste qui aime faire réfléchir, se remettre en question. La mise en scène de ce clip de 4 minutes est sobre. C’est quasiment un face à face avec la chanteuse qui incarne plusieurs personnages et assène ses vérités, en regardant le public dans les yeux. Pour résumer Pa’a Biya est le coupable idéal y compris dans les affaires conjugales, y compris pour les conjoints insatisfaits ou insatiables.
Lady B utilise des comédiens pour illustrer la paresse, l’incivisme, la religiosité mais pas une seule illustration de Pa’a Biya qui est pourtant le personnage central de cette chanson. Dans les 10 dernières secondes du clip avec en arrière-plan le drapeau du Cameroun, Lady B évoque un sujet quasi tabou au Cameroun : le départ du président Paul Biya au pouvoir depuis 1982. Cette évocation est liée à un avertissement clair : changer de président de la République ne causera pas une amélioration instantanée, immédiate et brutale des conditions de vie des Camerounais.
« Pa’a Biya c’est aussi l’enfant de quelqu’un hein Il va finir par go un beau jour tranquillement avec la volonté et la grâce de Dieu
Ce n’est pas ça qui va tout changer par magie
Chacun de nous doit changer.
Aimer son prochain, balayer devant chez lui ».
Ultime contradiction des Camerounais selon Lady B : quand ils obtiennent des succès, ils ne parlent plus de Paul Biya. Idem lorsque leur quotidien s’améliore. Paul Biya serait donc le souffre-douleur, le bouc émissaire du peuple qu’il dirige. Ses administrés doivent rapidement soigner rapidement la camerounite aiguë, cette maladie les incitant à se plaindre de tout, tout le temps et accuser le président Biya.
Que l’on soit pro, anti Paul Biya ou apolitique la chanson fait sourire. Le texte virulent contient beaucoup de néologismes compris exclusivement des camerounais qu’il s’agisse d’anglicismes tels forget pour partir, nga pour petite amie, shiba pour esquiver, s’éloigner, fuir. Le clip a été vu plus de 3500 fois.
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