Mansour Seck, l'art de l'amitié et de la musique
Le chanteur sénégalais Mansour Seck repose désormais au cimetière de Yoff. Mansour était un musicien talentueux, un ami fidèle, un homme de valeurs et de conviction, symbolisé par ce fameux mot qu'il aimait distiller de temps à autre dans les chansons de Baaba Maal : « Wallahi ». Ce mot arabe, qui signifie « Je le jure par Allah » et couramment utilisé dans les pays musulmans pour insister sur la véracité de ce qui est dit, montrer une forte conviction ou garantir la sincérité d'une déclaration. En utilisant « Wallahi », une personne affirme avec insistance et sérieux qu'elle dit la vérité.
Mansour Seck, ce foutanké racé et amoureux de son terroir, a maitrisé comme personne l'art de l'amitié et de la musique.
Mansour Seck nous a quittés hier 29 mai 2024, il avait 69 ans. Mansour était davantage qu'un musicien exceptionnel ; il était une présence enchanteresse, porteur de mélodies captivantes et d'une bonhomie rayonnante. Sa simplicité, sa gentillesse, sa bienveillance et sa bonne humeur étaient sa marque de fabrique. Mansour incarnait la chaleur humaine, l'amitié sincère et la facilité de vivre. Son attitude positive et accueillante envers tous, combinée à son parcours international et à ses performances sur les plus grandes scènes mondiales, témoignait de son humilité remarquable.
Son parcours est intimement lié à celui de son ami et frère de cœur, Baaba Maal. Ensemble, ils ont fondé le groupe Dande Leñol, faisant résonner les sonorités peules bien au-delà des frontières du Sénégal. Discret et humble, Mansour a toujours été l’allié fidèle de Baaba Maal, souvent dans l’ombre mais jouant un rôle crucial dans leur succès commun.
Ancré dans la riche tradition hal pulaar, Mansour a mené une carrière marquée par une simplicité et une humilité rares. Sa profonde connaissance de la musique traditionnelle, enrichie de son propre style, a donné naissance à des compositions intemporelles qui continuent de toucher les cœurs de tous ceux qui les écoutent. Ses mélodies, souvent imprégnées de nostalgie et de profondeur, racontent l’histoire de son peuple et de son terroir, évoquant les vastes plaines et les rives du fleuve Sénégal.
Mansour était le gardien de l’histoire de Baaba Maal, depuis leurs débuts à Podor jusqu’à leurs études en France, et leurs premières collaborations avec El Hadj Ndiaye. Leur voyage les a menés à signer avec Mango/Island Records sous la direction de Chris Blackwell, le producteur légendaire qui a révélé Bob Marley au monde. À chaque étape de cette incroyable aventure, Mansour était présent, témoin discret mais essentiel. Il était l’âme paisible qui équilibriait la fougue créative de Baaba Maal, apportant une stabilité et une profondeur inestimables à leur partenariat artistique.
En dehors de la scène, Mansour était un homme de valeurs. Ceux qui ont eu la chance de le connaître témoignent de sa générosité, de son sens de l’écoute et de sa sagesse. Il savait puiser dans les traditions pour transmettre des leçons de vie, que ce soit à travers une simple conversation ou par le biais de ses chansons. Il avait cette capacité à toucher les gens profondément, à travers des mots et des mélodies soigneusement choisis, reflétant une vie dédiée à l’art et à l’amitié.
Mansour aimait les mots ; converser avec lui était une invitation à découvrir des termes rares et précieux. Élève brillant à l'école, sa passion pour les mots ne l'a jamais quitté. Lors d'une interview en 2021, pendant le festival du blues du fleuve, il m'avait confié cette passion qui illuminait son visage lorsqu'il parlait de son amour pour l'éducation et la langue.
Avec le départ de Mansour, c’est une partie de cette histoire musicale extraordinaire qui s’éteint. Qui désormais pourra raconter avec autant de justesse les débuts de Baaba Maal, ces moments où le blues peul se mêlait aux mélodies du fleuve Sénégal? Son absence laisse un vide, mais son héritage perdurera à travers les enregistrements, les souvenirs partagés et l’influence qu’il a laissée sur tant d’artistes et de fans.
Mansour Seck laisse un héritage musical inestimable et des souvenirs impérissables. Son influence continue de résonner à travers les générations d'artistes et les auditeurs du monde entier. Sa musique, imprégnée de culture et de tradition, demeure une source d'inspiration et de réconfort pour beaucoup.
Ses mélodies et ses paroles continueront à vivre dans nos cœurs, nous rappelant la beauté de l’amitié et la richesse de la musique qu'il a partagées avec tant de générosité. Son parcours servira d'exemple à tous ceux qui croient en la puissance de l'art et de la fraternité. Ses contributions ne seront jamais oubliées, et son esprit vivra à travers chaque note et chaque mot qu'il a offerts au monde, comme dans Djam Leelii avec Baaba Maal sorti en 1989 et inscrit dans la prestigieuse liste des 1001 albums à écouter avant de mourir établie par l'ouvrage de référence américain sur la musique, dirigé par Robert Dimery et publié en 2006.
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