Cisac - Rapport sur les collectes mondiales 2018 : des progrès timides pour l'Afrique
La Confédération internationale des sociétés d'auteurs et compositeurs (CISAC) a rendu public ce jeudi 8 novembre, son rapport 2018 sur les collectes mondiales.
Si dans tous les répertoires et dans toutes les régions du monde les collectes ont augmenté, le continent africain malgré des résultats encourageants enregistrés dans des pays comme l'Afrique du Sud, l'Algérie, le Maroc, la Tunisie et la Côte d'Ivoire, traine encore les pieds.
Basé sur les déclarations de 239 sociétés membres, le rapport de la Cisac fait état d'une croissance de 6% pour le répertoire musical mondial, qui atteint la somme de 8,3 milliards d'euros. Le moteur de cette croissance est le numérique (13,2 % des collectes totales) qui enregistre pour la première fois, une somme supérieure au milliard (1,27 milliard €).
Le continent européen a engendré la plus grande part des droits collectés avec 56,4 %, suivi de l'Amérique du Nord (États-Unis /Canada) avec 22,2 %, de l'Asie/Pacifique avec 14,2 %, l'Amérique Latine /Caraïbes 6,4 % ; l'Afrique ferme la marche avec moins de 1 % de la part des collectes mondiales.
La musique, principale source de revenus en Afrique
Selon le rapport, en 2017, l'Afrique a enregistré une croissance de 15,7% des revenus de la musique. La musique représente la majorité des collectes sur le continent avec 91,5%, la télévision et la radio rapportant 29 millions d’euros, soit une hausse des collectes de 11,4 % par rapport à 2016. Ceci, malgré la forte réticence des radiodiffuseurs africains et des taux élevés d’utilisation de musique sans licence par les stations de radio.
En effet, le rapport indique qu'une enquête menée en 2017 auprès des sociétés de la CISAC dans 22 pays, a révélé que sur 2 580 stations de radio, seules 40% environ étaient autorisées à diffuser de la musique.
La deuxième source des collectes en Afrique sont le spectacle et l'ambiance avec 16 millions d’euros.
Parmi les 31 pays africains dont les sociétés de collectes sont affiliées à la CISAC, les trois qui enregistrent le pourcentage le plus élevé de revenus sont l’Afrique du Sud (50,5%), l’Algérie (26%) et le Maroc (7,2%). Ces trois nations représentent plus de 80% du total des collectes du continent.
La copie privée représente un énorme potentiel
« Bien que le droit d'auteur, le piratage et les opérateurs de télécommunication régionaux fortement dominants continuent de limiter les collectes et de réduire les taux de redevances des créateurs », la CISAC note qu'une augmentation impressionnante de la pénétration de la téléphonie mobile et des smartphones sur le continent pourrait rapidement élargir le nombre de consommateurs.
Cela, malgré le fait que quelques pays seulement sur le continent, à savoir, l’Algérie, le Burkina Faso, le Ghana, le Maroc et la Tunisie – disposent de systèmes de rémunération en place et garantis par la loi.
Le rapport souligne néanmoins le potentiel énorme de la copie privée. Au Maroc par exemple, elle est la première source de revenus (78,2 %) avec 4,2 millions. L'Algérie est en tête des collectes de copie privée en Afrique avec 5,3 millions.
L'Algérie et la Côte d’Ivoire cherchent à mettre des mécanismes juridiques efficients pour la protection de la copie privée et ont collaboré avec la CISAC dans ce sens.
Des pays comme le Madagascar et le Niger doivent aussi commencer à collecter cette rémunération, tandis qu'au Sénégal et en Côte d'Ivoire, les autorités locales se sont engagées à renforcer leur législation en la matière.
Le numérique continue de progresser
Selon le rapport du Cisac, les revenus générés par le numérique sur le continent sont en plein essor. En Afrique du Sud, la CAPASSO déclare des revenus de 29 millions de rands soit 5,1 % des collectes nationales. En Côte d'Ivoire même s’il est encore timide, le numérique continue de progresser, notamment grâce à de nouveaux accords conclus avec les opérateurs de téléphonie mobile en 2017 et la résolution de différends qui ont permis de débloquer des arriérés datant de 2012.
Toutefois, la mainmise des sociétés de télécommunication sur le streaming musical tend à garder les revenus relativement bas. Les services de streaming non installés sur le territoire ne génèrent pas encore de collectes pour les créateurs locaux.
Ce sont là certainement, une des raisons, avec le monopole des géants du net qui fait dire au président de la CISAC, Jean-Michel Jarre : « il n’est plus acceptable de protéger les monopoles de l’industrie des nouvelles technologies et de maintenir une injustice systémique à l’égard des créateurs. Nous avons un message à faire passer au reste du monde : il est temps que les dirigeants des autres pays suivent l’exemple européen ».
Le rapport fait également noter des signes prometteurs dans des pays comme le Sénégal où « les bons résultats du secteur numérique ont contribué à multiplier par plus de cinq les collectes du pays. Les revenus de la nouvelle société sont même un tiers plus élevés qu’en 2015, principalement grâce au numérique, source de revenus la plus importante et qui croît le plus rapidement »
Au Cap-Vert aussi, la Cabo Verdean Music Society, société capverdienne chargée de redistribuer les redevannces a procédé à sa première répartition en avril 2018.
Le rapport mentionne aussi l'apport d'autres répertoires tels les droits liés au spectacle vivant et à l’audiovisuel qui sont eux en baisse. Ils représentent moins de 3 % des collectes régionales.
Les collectes liées au spectacle vivant viennent surtout d’Algérie (72,2 %), d’Afrique du Sud (14,5 %) et du Burkina Faso (9,9 %) tandis que les droits audiovisuels proviennent en grande partie d’Algérie (63,4 %), du Burkina Faso (19,9 %) et de Côte d’Ivoire (13,0%).
Téléchargez le rapport complet sur les collections 2018 ici.
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