Rapport 2019 de la CISAC : les revenus issus du numérique progressent au Sénégal
Le rapport annuel sur les collectes mondiales de la Confédération internationale des sociétés d'auteurs et compositeurs (CISAC) qui vient d'être publié, propose un focus sur le Sénégal, pour ses importantes collectes dans le domaine du digital.
Les collectes issues du digital ont été multipliées par 5 au pays de la Teranga, avec une hausse estimée à 465 % entre 2014 et 2018. Une statistique encourageante, à mettre au crédit de la Société sénégalaise de gestion collective des droits d'auteur et droits voisins (Sodav), qui a su adapter son processus de collectes aux nouvelles technologies.
La consommation physique des oeuvres créatives a clairement laissé la place à une consommation numérique ; la Sodav se devait de prendre en compte cette mutation pour définir une stratégie efficiente, qui permette aux artistes de mieux vivre de leurs créations.
La société sénégalaise a reccueilli un montant total de 794 millions de francs CFA (environ 1 210 000 €) cette année, reparti comme suit, selon les types d'utilisation des oeuvres : CD et vidéos (4,3 millions/0.5%), TV et radio (104 millions/12,9%), live et ambiance (260 millions/32,7%) et digital (426 millions/53,6%).
Les téléchargements de sonneries occupent 98% des revenus générés par l’exploitation numérique (426 millions de francs CFA /environ 650 00 euros). Il faut dire que le Sénégal a réussi le pari de monétiser ce format numérique assez spécifique.
Les collectes générales (CD, vidéos, TV, radio, live et digital confondus) ont augmenté de 27,1 % entre 2017 et 2018, et de 94% depuis 2014 au Sénégal, qui figure au 7e rang des meilleures nations africaines.
La Sodav qui est sur une bonne dynamique, a défini quelques chantiers pour améliorer ses collectes.
Recouvrer les impayés des radiodiffuseurs et télédiffuseurs
La société sénégalaise compte récupérer d'importantes sommes que doivent depuis de nombreuses années, des compagnies de télé et radiodiffusion.
La Sodav mène actuellement des négociations avec la Radiodiffusion Télévision Sénégalaise (RTS), en vue de cesser d'appliquer un paiement forfaitaire mais de privilégier plutôt un paiement basé sur un pourcentage des revenus, en augmentant ainsi les sommes collectées.
Avec 259 stations de radio et 27 chaînes de télévision sur le territoire sénégalais, il est très difficile de délivrer des licences et de collecter des droits, mais la Sodav compte relever le défi.
La délivrance des licences pour le live
Une vaste campagne a été lancée par la Sodav, dans le but de délivrer des licences aux entreprises concernées par la catégorie live et ambiance. En 2018, elle a permis d’atteindre 600 structures établies à Dakar, la capitale sénégalaise, en l’espace de deux mois.
Cette campagne devrait s'étendre dans toutes les régions du territoire national.
Rappelons que le live représente la seconde portion la plus importante des collectes annuelles, avec un montant de 260 millions, soit 32,7% des parts.
La collecte sur la copie privée
Si la copie privée représente une source de revenus potentiellement importante pour les créateurs locaux, sa collecte n'est pas encore autorisée au Sénégal.
Mais la SODAV, avec le soutien de la CISAC, entend faire du lobbying auprès des autorités compétentes pour faire changer les choses.
La société sénégalaise devrait pouvoir atteindre son objectif, car elle bénéificie d'un soutien de taille, celui du ministre de la culture, qui a vivement soutenu cette initiative à l’occasion d’un séminaire organisé par la CISAC en 2018 en collaboration avec l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF).
L'Afrique au ralenti
Si les indicateurs du Sénégal sont encourageants dans l'ensemble, l'Afrique, elle, traîne un peu les pas.
En 2018, les sociétés du continent ont collecté 78 millions d’euros, enregistrant une faible hausse (+0,7 %). Il est indiqué dans le rapport du CISAC que cette situation « est principalement due aux fluctuations monétaires ». « À taux de change constants, la région afficherait une croissance de 5,8 % », peut-on lire dans le document.
Avec sa belle recette de 72 millions d'euros enregistrée dans le rapport, la musique est de loin, la forme artistique la plus lucrative sur le continent.
Le rapport de la CISAC sur les collectes mondiales en 2019, est à télécharger au bas de cet article.
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