« Fine » : le voyage musical de la chanteuse Alima
Alima est une chanteuse camerounaise issue du groupe ethnique Mvet Ekang, à forte tradition orale. Fine est son premier album solo.
Je me souviens, comme si c’était hier encore, en écoutant ce premier CD autoproduit de 15 titres en sus d’un bonus avec la chanteuse beninoise Mahoussi, en 2003, lors du festival des voix de femmes (Massao).
Déjà à cette époque, je décelais une présence scénique dynamique (ce que ses concerts ont confirmé par la suite) et un enthousiasme qui laissait augurer de bonnes choses au cas où elle se déciderait à prendre son envol.
Ce qui est donc désormais fait, après moult péripéties et des moments de fort doute, avec ce premier essai que je trouve satisfaisant, enregistré entièrement au Studio Black Feeling au quartier Nlongak (Yaoundé, Cameroun) avec d'autres artistes camerounais: Serge Maboma (du groupe Macase), Joseph Ebodé, Lornoar, Michel Mbarga, Roddy Ekoa.
Avec ce premier album intitulé Fine entièrement dédié à son père et qui traduit aussi et surtout, je pense, cette résilience dont elle fit montre lors des épreuves personnelles.
Alima, qui fait aussi du théâtre, s’est livrée à un exercice qui nous entraine dans un voyage musical et esthétique avec un très fort ancrage sur les traditions musicales africaines anciennes, comme pour nous montrer ce dont elle est capable avec ce foisonnement de rythmes.
J'ai noté, au passage des morceaux tels que « Affiri », « Akuma », « Engeles » , « Mini Vuma », « Bot » avec une excellente guitare de Michel Mbarga, « Enying ».
Un foisonnement qui traduit aussi bien cette puissante énergie que cette dame diffuse à chacun de ses spectacles très colorés, mais davantage une ambition musicale qui traduit le pont culturel qu’elle veut établir entre la tradition africaine et la modernité ambiante tout en préservant son identité.
Alima a donc annoncé la couleur, notamment avec « Mindzuk » mais surtout « Bebey » (mon titre préféré) en réussissant le pari de rester « elle-même », je veux dire proche d’une orthodoxie musicale traditionnelle.
Alima s’appuie fortement sur sa langue pour développer son message d’espoir et d’amour (les thématiques de l’album en l’occurrence). Et que traduisent, avec un certain bonheur, ses multiples arrangeurs dont on peut lire les noms sur la pochette de l’album : Roddy Ekoa, Joseph Ebodé, Serge Maboma. Ces professionnels devront encore travailler la voix d’Alima sur les modulations, par exemple.
Alima nous pousse à percer le mystère que véhiculent ses chansons.
Article orginal écrit par Joseph Owona Ntsama et publié dans Mosaïques n°066, Juillet-Août 2016, p.9
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