5 artistes de la RDC plus populaires à l’étranger que dans leur pays
Ils ne sont pas Koffi Olomide, Werra Son, JB Mpiana ou encore Fally Ipupa, ces artistes qui dominent la scène musicale au Congo-Kinshasa. J’avoue qu’il n’est pas facile de faire face à ces « géants ». Derrière cette réalité se cache d’autres musiciens , peu connus en RDC, mais appréciés à l’étranger.
Les critères sur lesquels je me suis basé pour établir ce classement : les genres musicaux : ils font de la musique traditionnelle et les mélangent avec d’autres styles comme la rumba, le rock, le funk, le Rnb, l’afropop, l’afrobeat. Deuxièmement, leurs groupes sont souvent nés dans les quartiers populaires de Kinshasa, certains parmi eux sortent des milieux ruraux pour s’établir dans la capitale. Un autre point intéressant : ces artistes sont souvent produits par un même label. Ils ont participé dans des grands festivals, et ont joué des concerts en Europe et aux USA. Exploits que les grands artistes peine à réaliser.
Un autre musicien, qui ne fait pas partie de cette liste, est à suivre. Jocelyn Balu, un jeune chanteur pas comme les autres, ses influences musicales sont identiques à Jupiter Bokondji (rock, afropop, funk), je l’ai vu sur scène, il m’a dit qu’il peut passer 5 heures à jouer et cela sans interruption. Il n’a pas encore un tourneur qui peut l’aider à se produire en Europe, notamment dans des festivals. Sa voie est toute tracée pour une carrière musicale internationale.
1. Jupiter & Okwess International
L’histoire de ce groupe est liée à son leader. Jupiter Bokondji est né à Kinshasa, fils d’un diplomate, C’est sa grand-mère qu’il a initié à la musique, Jupiter l’accompagnait lors de cérémonies funéraires, où il jouait de la percussion. Jupiter et sa famille vont quitter le Congo, quand son père est envoyé en mission diplomatique à Berlin-Est. Rentré dans son pays dans les années 80, il monte Okwess International en 1990. En 2004, deux réalisateurs Renaud Barret et Florent de la Tullaye lui proposent de tourner film documentaire sur sa carrière intitulé Jupiter’s Dance qui sortira en 2006. En 2007, Jupiter fait la connaissance de Damon Albarn, membre de Blur, une figure bien connue sur la scène musicale en Grande Bretagne. « Après la sortie de mon film, ils sont venus me voir à Kinshasa et tout est parti de là » commente Jupiter, à propos de sa rencontre avec Damon Albarn et son groupe.
En 2012, le musicien congolais participe avec Damon au projet DRC Music initié par l’Ong Oxfam à Kinshasa. La même année, Jupiter et son groupe partent en tournée au Royaume Uni dans le cadre de « UK Africa Express tour », une tournée en Grande-Bretagne impliquant 80 artistes. Il joue au Festival Womad et 3 fois au Roskilde Festival au Danemark (2012, 2014, 2015) et plusieurs autres shows en France, Allemagne, et en Australie. En 2013, Jupiter et Okwess International lancent leur premier album Hôtel Univers chez La Belle Kinoise. La musique de Jupiter est une véritable révolution. Il sait bien faire le mix des différentes sonorités : afropop, rock, funk, afrobeat et les styles congolais.
2. Konono N°1
Konono N°1 fut crée à la fin des années 1960 par Mingiedi Mawangu. L’orchestre se sert des différents instruments traditionnels, en l’occurrence, le likembé, des lances-voix, des percussions fabriquées avec des couvercles de casseroles et des pièces de voitures. En 2004, avec l’appui de Vincent Kenis de Crammed Discs, Konono sort son premier album Congotronics. Bien côté par l’ensemble de la presse (New York, The Independent, BBC, etc..), l’œuvre est classée dans la liste des meilleurs albums après sa sortie. En 2007, Konono lance son second album « Live at Couleur Café » pour lequel il fut nominé aux Grammy Awards en 2008.
Un troisième opus Assume Crash Position paraîtra en 2010. Konono N°1 obtient ensuite une seconde récompense aux Grammy Awards en 2011 dans la catégorie « Best Pop Collaboration » avec Oumou Sangare, Seal, Pink, Jeff Beck et India.Arie pour la chanson « Imagine » tiré de l’album The Imagine project d’Herbie Hancock. Fatigué, le fondateur Mingiedi Mawangu, cède en 2009 la gestion de l’orchestre à son fils Augustin Makuntima Mawangu et s’éteint en 2015 à l’âge de 85 ans. En 2016, le nouveau Konono revient sur scène avec un nouvel opus Konono N°1 meets Batida enregistré à Lisbonne (Portugal) et produit par Pedro Coquenão alias Batida. Le dernier tube de Konono est une « bombe », une fusion du rock et du kudoro angolais. N’hésitez surtout pas à l’écouter.
3. Kasai Allstars
Kasai Allstars est un collectif de 25 artistes provenant de cinq groupes. L’orchestre fait un « mix » des plusieurs instruments dont les guitares électriques et les pianos à pouce, la musique de Kasai Allstars se rapproche du rock. Kasai Allstars a collaboré dans plusieurs projets, dont Congotronics 2 avec Konono N°1 et Basokin (l’une des composantes du collectif), une chanson « Tshijela » contenue dans la compilation 20 Ways To Float Through Walls sorti chez Crammed Discs en 2007.
En 2008 le groupe signe avec le même label, son premier album In the 7th moon, the chief turned into a swimming fish and ate the head of his enemy by magic qui signifie « la 7e lune, le chef se transforma en poisson et mangea la tête de son ennemi par la magie ». Le tube rapporte un gros succès particulièrement en Grande-Bretagne et aux USA, il est classé 33ième Meilleur Album de 2008 par le Magazine anglais Mojo. Meilleur album africain NPR (National Public Radio américain). Les Kasai Allstars se sont produit sur les grandes scènes en Europe. En 2007, ils ont joué au Womex, au Musée du Quai Branly à Paris (France). En 2015, le groupe était au Festival Couleur Café à Bruxelles (Belgique), au Roskilde Festival (Danemark), à la Fondation Cartier à Paris (France). Leur second album Beware The Fetish est sorti en 2014.
4. Staff Benda Bilili
La musique du Staff Benda Bilili intègre les rythmes de la rumba congolaise, la musique cubaine, du Rnb, du reggae et du funk. Ils soutiennent dans leurs chansons que l’handicap est un problème psychologique, on peut vivre avec et réaliser ses rêves. Le groupe Staff Benda Bilili s’est fait parler de lui en composant une chanson sur les élections générales au Congo-Kinshasa en 2006. Le titre « Allons voter » est alors diffusé sur une station de radio de la mission de l’Onu à Kinshasa et récolte un succès partout dans le pays.
L’orchestre va connaître un vrai virage de toute sa carrière quand il fait la rencontre de Florent de La Tullaye et Renaud Barret, deux réalisateurs qui leur consacrent un long métrage. Ce film intitulé Benda Bilili, montre le groupe entrain de jouer dans les rue de Kinshasa. Les deux cinéastes présentent le groupe auprès de Vincent Kenis du label bruxellois Crammed Discs, intéressé par leur projet, Vincent enregistre à Kinshasa le premier album de Staff Benda Bilili baptisé Très Très Fort qui sort en 2009. L’album reçoit des critiques positives de la part des grands médias européens (The Guardian, BBC, Le Monde), le groupe reçoit le Womex Award en 2009 et multiplie des spectacles en Europe, en Australie et le Japon et aux USA. En 2010, le film Benda Bilili est présenté au Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes. Le second album du groupe Bouger le monde paraît en 2012.
5. Mbongwana Star
Mbongwana Star est le nouveau né des groupes congolais. Deux anciens membres du Staff Benda Bilili y font la loi, Coco Ngambali et Theo Nsituvuidi associés au Franco-britannique Liam Farrel alias Doctor L. Fondé en 2013, à Kinshasa, Mbongwana Star se veut révolutionnaire, ils veulent le « changement », lequel ? Peut-être dans l’approche. L’orchestre se rapproche de la culture urbaine, ils essaient d’éloigner la rumba congolaise, qui je crois va les rattraper un jour (ce style te colle à la peau quand tu es musicien du Congo-Kinshasa), leur musique est colorée d’influences rock et hip hop. Doctor L, habitué de la scène électro, a rencontré le groupe à Kinshasa, il a senti que quelque chose de bon peut venir de cet orchestre nouvelle génération.
Comme Staff Benda Bilili, l’enregistrement de leur premier album se déroule dans des conditions « made in Kinshasa » : studio bricolé, sessions de rue, un générateur pour contourner la panne d’électricité, et le tour est joué. En 2015, l’album From Kinshasa sort sous le label World Circuit. L’opus reçoit des critiques positives de la part des médias. The Wire, le célèbre magazine britannique de musique et New Musical Express, site web d’informations musicales déclarent que l’album est pleine d’énergie et le qualifie de « futuriste ». Mbongwana Star à peine deux ans de carrière, a donné plusieurs spectacles .Près de 30 dates sont déjà réservés pour 2016, à partir de Mars jusqu’en Août, le groupe sera aux Pays-Bas, en France, en Belgique, en Suisse, aux USA, en Autriche et en Suede.
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