5 cantatrices célèbres au Sénégal
En ce mois où la femme est à l'honneur, Music In Africa vous propose de découvrir 5 cantatrices de renom au Sénégal. Véritables divas au pays de la Téranga, elles sont pourtant très peu connues à l'étranger, leurs prestations en dehors des frontières nationales, attirent surtout les communautés sénégalaises établies dans la sous-région, en Europe ou aux États-Unis. Voici le portrait de cinq d'entre elles.
Kiné Lam
La patronne de la formation musicale, Kaggu est l'une des premières femmes à accéder au statut de lead avec la création de son propre groupe à l'aube des années 1990. Avec l'appui du regretté guitariste Cheikh Tidiane Tall, elle va s'imposer sur la scène locale avec son premier album Cheikh Anta Mbacké.
Elle sera durant plus d'une décennie, la femme la plus en vue de la musique sénégalaise avec des chansons qui traitent le plus souvent de sujets sociaux si elles ne font l'apologie de ses marabouts.
Aujourd'hui, la chanteuse est moins présente sur les scènes, mais ses shows, notamment à l'occasion de l'anniversaire de son groupe, sont des moments forts de la scène musicale où elle remplit les plus grandes salles du pays au grand bonheur des plus nostalgiques. Kiné Lam a à son actif près de vingt albums en 43 années de musique.
Khar Mbaye Madiaga
Considérée comme la doyenne des cantatrices au Sénégal, la diva khar Mbaye Madiaga est née à Rufisque dans une famille de griots. Elle commence donc à chanter très tôt, dès l'âge de 5 ans à l'occasion des cérémonies familiales mais aussi des jeux de faux lions ou des événements de lutte traditionnelle.
Comme Kiné Lam, Khar Mbaye a été membre de l’ensemble lyrique traditionnel du théâtre national Daniel Sorano. Sa discographie est moins prolifique que celle de Kiné Lam pourtant elle est comme cette dernière une figure incontestable de la scène locale.
Sa chanson la plus connue est « Kaaro Yalla » chantée lors des séances de lutte a été popularisée en 2002 à l'occasion d'une chanson collective des musiciens sénégalais en soutien aux Lions du foot lors de la coupe du monde au Japon. Pour sa partition elle avait repris son fameux refrain : Karooo Karo Yalla, nélene Karo karooo qui avait beaucoup marqué.
Soda Mama Fall
Dans un article paru en 2014 dans l'hebdomadaire sénégalais Le Témoin, le journaliste Alassane Seck Gueye parlait en ces termes poétiques de Soda Mama Fall : « regarder Soda Mama Fall, c’est s’envelopper du poème : Femme nue, femme noire de Léopold Sédar Senghor ». En effet, souvent quand on parle de cette diva au Sénégal, on aime à mentionner, outre sa musique, sa beauté d'ébène. Cette grande et belle dame a su résister aux sirènes mortifères de la dépigmentation qui était à la mode alors.
Cette griotte de naissance, originaire du Sine est également pensionnaire du théâtre Sorano, elle a été d'abord repérée à la radio avec l'émission Ndanan bi momé de feu Ablaye Nar Samb puis lancée par Maguette Wade, animateur d’une émission musicale lancée en 1973, Télé Variétés. Sa prestation dans cette émission lui ouvre les portes du théâtre national Daniel Sorano.
Grande danseuse, elle compte également plusieurs tubes, parmi les célèbres, on peut citer « Dougou Dougou Wagane » ou « Bamelou biir », « Malèye wo » sortis sur la production Les Lionnes de Syllart en 1991 où on retrouve aussi des chansons de Kiné Lam.
Daro Mbaye
Daro Mbaye, à l'instar des autres cantatrices est elle aussi pensionnaire de l'Ensemble lyrique traditionnel du théâtre national Daniel Sorano Native de Louga, cette autre grande diva de la musique sénégalaise a aussi marqué son époque. Son album Doylu sorti en 1990 l'installe sur la scène locale comme une des grandes voix du pays avec ses consœurs comme Kiné Lam et autres, à l'époque, leur style est qualifié par les journalistes musicaux de « tradi-moderne ».
L'un de ses tubes les plus mémorables est sans doute le titre en hommage à son compagnon d'alors : « Less ». Daro Mbaye a aussi fait partie du troupe du tambour-major feu Doudou Ndiaye Rose, troupe avec lequel elle a fait le tour du monde.
Aujourd'hui en retraite, c'est son fils, Sidy Samb qui a repris le flambeau en s'illustrant avec un mélange intéressant de musiques mbalakh et flamenco.
Fatou Guewel
Née en 1964 à Dakar Fatou Guewel est à l'instar des 4 cantatrices citées plus haut : pensionnaire de l'ensemble lyrique du théâtre national Daniel Sorano. Griotte de naissance et a commencé à chanter très tôt dans les cérémonies traditionnelles.
Comme Kiné Lam, elle a aussi créé son groupe Sope Noreyni qui évoque son appartenance à la confrérie mouride. Comme Kiné Lam, elle chante ses marabouts et des thèmes de société comme la condition des femmes, mais contrairement à ses ainées, elle est plus militante et encourage plus clairement à l'amélioration des conditions de la femme au Sénégal. En cela, elle apparaît aussi comme un trait d'union entre l'époque de ces grandes cantatrices et celle moderne qui voit de plus en plus ces divas quitter la scène.
Sa discographie est très riche : elle sort sa première cassette en 1992, son second album, Santati Cheikh Ibra Fall, est un vrai succès. En 1995, elle quitte l'ensemble lyrique traditionnel du théâtre national Daniel Sorano pour tourner en Afrique de l'Ouest, en Europe et aux États-Unis.
Les anniversaires de son groupe sont aussi des prétextes pour remplir les plus belles salles de Dakar.
Commentaires
s'identifier or register to post comments