Afia Mala nommée « Mama Africa » à Bamako
Afia Mala, la diva de la chanson togolaise, a été couronnée le 4 octobre dernier « Mama Africa » lors des Ekouam Awards à Bamako au Mali. De son vrai nom, Afiawavi Mawulana, elle totalise 42 ans de carrière et dispose d’un riche répertoire qui trouve son inspiration dans la Salsa et dans les rues de La Havane.
La togolaise a accueilli le trophée avec beaucoup d’émotion, une « joie et fierté entremêlée d’émotion », a-t-elle déclaré en recevant la distinction.
Manifestement très heureuse de recevoir ce prix, elle rêve d’en faire un outil d’actualisation de sa musique. « La musique qu’on a faite et qu’on continue de faire, nous les artistes qui avons plus de 40 ans de carrière, ce n’est plus tellement ça aujourd’hui. Nous devons donc nous battre pour exister et c’est ce que j’ai fait. J’ai eu des trophées et je ne pensais plus en avoir un jour. J’étais très émue quand j’ai appris que je devais me rendre à Bamako pour recevoir ce trophée aux côtés d’Aïcha Koné et d’Ami Koéta », a déclaré Afia Mala, à la télévision nationale togolaise.
Rentrée à Lomé, il y a quelques jours, celle que l’on appelle désormais « Mama Africa » a été accueillie par une immense foule composée de parents, d'amis, de journalistes, et fans à sa descente de l’avion.
Elle a ensuite fait un point de presse au cours de laquelle elle a remercié les mélomanes togolais, les femmes africaines et les medias, en envoyant au monde entier son message d’amour comme elle a en l'habitude : « Nous devons chanter la vérité, l’amour, la passion et surtout chanter la paix et l’union des peuples », a indiqué la diva, pour qui l’amour qui est chanté aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celui qui est chanté avant. « On pense que l’amour n’est que le sexe alors que l’amour, le véritable, regroupe l’amour du prochain et de la famille », a-t-elle précisé.
Ce trophée fait désormais d’elle une « Mama Africa » à l’instar d’Aïcha Koné et d’Ami Koéta, lauréates elles aussi dudit trophée. « Mama Africa » lui a été décerné en récompense à l’ensemble de sa carrière, de ses textes, de sa vision de l’Afrique et surtout de sa ténacité durant plus de 40 ans de carrière. Ça mérite qu’on s’y attarde.
Qui est Afia Mala ?
La carrière d’Afia Mala commence véritablement en 1974. Cette année-là, elle chante et danse devant plus de 3000 personnes au Palais des Congrès de Lomé. Sa décision est ainsi prise, elle sera chanteuse.
Afiawavi Mawulana alias Afia Mala est née de l’union de deux familles royales : de Vogan au sud Togo où est née sa mère et de Dogbo au Bénin d’où vient son père. Elle découvre la chanson et la composition aux côtés de sa mère, à Vogan.
Élève brillante, elle est aussi celle dont la voix sublime suscite des applaudissements lors des fêtes scolaires. Certains n'hésitent pas à la comparer à Bella Bellow, une grande diva togolaise, blues-woman, décédée à l'âge de 27 ans dans les années 70, en laissant dernière elle plusieurs enfants spirituels.
Primée et nominée à multiples reprises pour différents prix musicaux sur le continent, Afia Mala est une des voix les plus emblématiques d’Afrique.Polyglotte, elle chante en sept langues et dialectes la joie de vivre, la mélancolie des immigrés, la condition des femmes africaines... « J’ai fait beaucoup de choses, j’ai sillonné beaucoup de pays et j’ai rencontré beaucoup de personnalités grâce à ce métier. Si je regarde dans le rétroviseur pour revoir mes débuts, les difficultés, les angoisses de ce métier, je peux dire que oui j’ai beaucoup évolué. Mais pas encore une mission accomplie. Je pense qu’il me reste encore beaucoup de chose à faire et à donner », révèle Afia Mala.
Pour la star togolaise, une chanson doit toujours porter un message. À l’image des femmes du « Habobo » (groupe de chants traditionnels des femmes) de son enfance. Elle est une artiste « sincère qui chante avec son cœur », confie Akouvi Françoise, une fana d’Afia Mala.
Les différents voyages lui ont permis de chanter en plusieurs langues: éwé, adja, lingala, swahili, douala, français, anglais et espagnol. Dans ces chansons elle évoque la condition des femmes et des enfants en Afrique. Elle évoque aussi l’amour, l’injustice et la paix.
Artiste ouverte sur le monde, Afia Mala a exploré au fil de ses albums, différents styles musicaux : du zouk à la musique traditionnelle africaine, en passant par le soul et la salsa. Sa vie d’épouse la conduit à séjourner dans de nombreux pays, sur plusieurs continents. Elle a vécu à Dacca au Bangladesh, mais aussi à Accra (Ghana), à Kinshasa (République Démocratique du Congo), à Nairobi (Kenya), à Lagos (Nigéria), à Dakar (Sénégal), à Abidjan (Cote d’Ivoire), à Birmingham (Royaume-Uni).
Ces voyages ont une influence permanente sur ses inspirations musicales. La voix cuivrée d'Afia Mala sait se plier aux circonvolutions syncopées nées dans l'île aux cigares d'une rencontre entre rythmes africains et guitares européennes. Ce qui faite d’elle aujourd'hui la première femme à mettre son grain de sel dans l'histoire de la salsa africaine. Avec un indéniable talent et toute l'humilité requise pour ce genre d'exercice, elle rapporte de cette expérience un disque classique, illuminé par des participations spéciales.
« A travers la Salsa, j’ai réalisé de vieux rêves. Je ne voudrais pas faire un cours d’histoire, mais on peut dire que de par l’histoire, nos aïeux ont connu une bonne part de la culture latino-américaine. J’ai quitté mon pays et je suis parti à la rencontre de ces gens qui ont créé ces rythmes. Mon répertoire s’inspire de ces traditions. Et c’est évidemment Cuba qui est la Mecque de la Salsa ; un pays où j’ai passé beaucoup de temps et qui en possède les meilleurs musiciens et studios de production les plus performants », précise Afia Mala.
Une discothèque très riche…
Afia Mala est auteure, compositrice et interprète. Depuis 1987, elle est productrice de ses propres albums. A la fin des années 1980, alors que les radios et les bals populaires baissaient leur rythme au Togo, Afia Mala était déjà considérée comme un artiste confirmé grâce à aux albums qu’elle avait déjà à son actif, à l’époque. Les radios diffusaient en boucle ses tubes. A la sortie de son premier album, Désir (1989), elle était déjà en tête des hit-parades en Afrique.
Pour récapituler ses albums on lui citera pêle-mêle, une dizaine d’albums. Désir (1989), Prophétie (1995), Angelina (1997), Plaisir (2003), The Story - Best Of (Vol. 1) le 29 février 1988, The Story - Best Of Vol.1 en 1990, The Story - Best Of (Vol. 2) en 1992, Afia Mala à Cuba avec Orquesta Aragon est sorti en 2008 et le DVD en 2010.
En dehors du micro et des affaires Afia Mala a mis en place au Togo une fondation dénommée « Vie et Vivre » pour sa participation à l’action citoyenne d’assistance, d’accompagnement et de promotion du bien-être des enfants des milieux défavorisés.
« Notre leitmotiv est de changer leur vies, de responsabiliser les enfants, d’assurer le soutien et l’appui matériel, structurel et parfois logistique crédible à ces immenses populations d’enfants des milieux pauvres et de conditions de vie inacceptable », explique l’artiste.
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