Comment est-on passé de Queen Biz à Queen Buzz ?
Queen Biz est devenue après Wally Seck, la chanteuse la plus controversée du Sénégal.
Avec la sortie de son dernier album, la controverse est encore montée d'un cran.
À cause de sa réinterprétation très personnelle et ratée sur « Eksina », le morceau éponyme de son album, d'un titre de Youssou N'Dour, mais aussi de sa vidéo incroyable où elle accuse le frère de celui-ci, Bouba, d'avoir toujours essayé de saboter sa carrière.
Cette vidéo sensationnelle a fait le buzz sur la toile et sur les matinales du pays. Sa dernière chanson, « Sunu Gainde yi » dédiée à l'Équipe nationale de foot, viendra encore mettre de l'huile sur le feu.
Comment cette jeune fille, qui au début de sa carrière a séduit les Sénégalais en mettant en avant son éducation, son engagement, le tout avec une agréable simplicité s'est transformée en reine du buzz et du scandale ? Voici comment.
Des débuts prometteurs
La plupart d'entre nous a découvert Queen Biz en 2014 grâce à son titre engagé « Wallou » sur l'album Maux Croisés.
Le clip montre une jeune artiste timide, maniant une guitare un peu trop grande, assise sur un banc, auprès d'une audience constituée d'enfants, délivrant un message simple et puissant.
Le public adoptera alors très vite cette belle fille à la musique consciente. Certains verront en elle l'atout charme de l'activisme musical, on ira jusqu'à penser que c'est une rappeuse.
Son hit, « Wallou » sera en rotation sur toutes les radios et télés des semaines durant. Presque tous ses autres singles comme « Trahison », « Dirty Fac » ou « Kédougou » seront également plébiscités et lui permettront d'élargir encore plus son public.
Dans les émissions qu'elle fera à cette époque, on la présente comme une tête pleine et bien faite. On insiste beaucoup sur ses diplômes et sa musique « utile », elle est alors considérée comme une musicienne talentueuse à l'avenir prometteur... mais très vite les choses vont déraper.
Virage à 180°
Adoptée par le microsome musical local et son star-system, Queen Biz lance d'autres singles comme « Joxma sama chance », « Akou Xol » « Bakoulene » mais sa musique qui sonnait plutôt pop et rap au début, a changé. Elle s'essaye maintenat au tradi-moderne comme par exemple sur le titre « Téré Nelaw ».
Une petite polémique s'installe, des rappeurs comme Bibson, lui conteste son statut de MC. Elle essayera de se défendre tant bien que mal, mais la suite prouvera que Queen Biz était plus intéressée à être vue comme chanteuse plutôt que rappeuse, statut respectable mais peu rentable.
Elle était sans doute aussi, peu consciente qu'être une starlette dans le genre musical le plus populaire au sénégal c'est aussi être plus exposé et parfois à la merci des sites à scandales.
Ces sites, pour attirer et fidéliser un lectorat sont friands de scandales et d'histoires obscènes et leurs cibles favoris sont les stars locaux et tous ces jeunes artistes émergents très mal préparés à ceux qui va leur arriver.
Victime de son succès
Un ami journaliste aime à répéter que peu de personnes sont vraiment faites pour la célébrité, tant il est difficile d'en gérer toutes les conséquences.
L'écrivain Kundera dit que la gloire ajoute à tout ce qui nous arrive un écho centuplé (...) la gloire signifie que nombre de gens vous connaissent, sans que vous les connaissiez; ils se croient tous permis à votre égard, veulent tout savoir de vous et se comportent avec vous comme si vous leur appartenez.
Ainsi quand Queen Biz s'évanouie lors d'un concert, victime de fatigue et arrête sa tournée sur avis des médecins, pour les sites à scandales l'explication est ailleurs : elle est enceinte !
Et quand elle revient au-devant de la scène sans bébé, l'explication est également toute trouvée : elle s'est fait avorter !
N'ayant probablement pas compris que sa célébrité était en même temps son tendon d'Achille, très mal conseillée, elle fera le tour des médias pour tenter de s'expliquer, depuis elle est prise dans une tempête médiatique qui n'en finit pas et qui va crescendo. Plus personne ne s'intéresse à sa musique, on veut parler d'elle, de sa vie privée.
Des bises pour le buzz
Loin de vouloir briser ce cercle vicieux autour de sa personne, la chanteuse assume son nouveau statut de people et s'affiche de plus en plus avec les personnalités les plus en vue du pays et devient une habituée des plateaux télés.
Elle s'essaye même à la provocation avec un habillement et des clips de plus en plus osés où elle embrasse sur la bouche un célébre mannequin, elle réitére ce geste sur la matinale la plus regardée du pays, les puritains choqués la condamneront, elle seule, sans réserve.
Mais pour beaucoup d'observateurs, il était clair que la petite chanteuse sagement assise sur un banc et délivrant un message conscient préférait dorénavant les poses lascives sur les poufs moelleux des plateaux télés.
Le buzz était devenu son bizz, et s'il fallait en créer à coup de bises médiatisées elle ne s'en privera pas.
Queen Buzz
Dorénavant people de premier plan, Queen ne s'arrête pas en si bon chemin. De passage en France elle s'affiche avec l'ancien président du Sénégal Wade et sa femme et publie les photos sur sa page Facebook.
Les images prises dans le but de montrer qu'elle était incontestablement une VIP attirera l'attention, et sa posture sur celles-ci, comparée à celle de l'ex-première dame sur plusieurs photos, la montrent plutôt comme une groupie qui s'agrripe à sa star préférée.
Les sites s'empareront de ces clichés et les commentaires qui en découleront feront d'elle la reine du buzz mais aussi et surtout la risée du web.
Toujours dans sa démarche de faire parler d'elle, elle visitera en prison le fils de Wade, Karim et tournera, moins d'un mois plus tard un clip hâtif pour dire son soutien au prisonnier politique le plus célèbre du pays. Le web, toujours impitoyable, la ridiculisera et la traitera d'opportuniste.
Il est évident que, quand on est souvent en déplacement, et constamment sur les plateaux de télévision on trouve difficilement le temps pour travailler et sérieusement répéter. Dès lors la qualité des singles qu'on sort pour juste « exister » s'en ressent.
Il est donc facile de se rendre compte en écoutant les productions de Queen Biz qu'inéluctablement, la qualité, d'année en année, a inexorablement baissé. Sa réinterprétation manquée de Youssou N'Dour en est bien la preuve.
Mais apparement, elle n'a pas vraiment l'air de s'en faire, car la voilà déjà partie en tournée internationale...
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