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De Brazzaville à Kinshasa - Paul Soni Benga retrace l'itinéraire de la rumba
En marge du Festival Cinéma 48 - les rencontres du film musical de Dakar qui s’est tenu du 27 au 29 janvier dernier à la Place du souvenir africain, le journaliste congolais Paul Soni Benga a animé l’ultime session du salon Ndadje 2021 du Goethe-Institut du Sénégal, en proposant une projection de son documentaire Nganga Edo, Le dernier des Bantous de la capitale.
- (Photo) : l'orchestre les Bantous de la capitale - vox.cg
Difficile de lister les figures les plus marquantes de la rumba congolaise, sans mentionner des artistes comme Grand Kallé, Mario Lumanbo, Papa Wemba, Koffi Olomidé ou encore Fally Ipupa - tous originaires de la République Démocratique du Congo (RDC).
Mais si l’on ne se limite qu’à ceux-là, l’histoire de la rumba est quelque peu tronquée et même trahie…
Il faudrait aussi présenter ceux qui ont planté les racines brazzavilloises du genre, qui est né, rappelons-le, d’un passionnant voyage entre Kinshasa et Brazzaville, sur les 2 berges du fleuve Congo.
Paul Soni Benga a rempli le devoir de mémoire, en réalisant un documentaire sur un personnage atypique : Nganga Edo - véritable témoin de la genèse de la rumba.
Musique traditionnelle de l’ancien Royaume Kongo dont la capitale M'Banza Kongo ou San Salvador se trouvait dans l'actuelle Angola, la rumba initialement appelée kumba, est arrivée dans les Caraïbes en empruntant l'itinéraire de la traite négrière à travers l'Atlantique.
À Cuba qui est devenu son berceau pendant plusieurs siècles, elle a pris des accents latino avant de revenir en Afrique grâce à des matelots cubains, qui ramènent des vinyles de sa version moderne sur les côtes du continent.
Au Congo, des musiciens qui reconnaissent le son en dépit de son nouvel habillage latin, décident de se le réapproprier. Parmi les pionniers de ce qui deviendra la célèbre rumba congolaise, un certain Nganga Edo, chanteur et membre fondateur du mythique orchestre des Bantous de la capitale.
Compositeur et interprète de talent, Nganga a quitté son Brazzaville natal avec quelques compagnons au cours des années 70, pour tenter de faire carrière à Kinshasa, qui proposait alors plus d’opportunités de production.
Dans sa ville d’accueil, il rencontre des musiciens kinois dont Franco Luambo, et ils forment ensemble le Tout Puissant O.K Jazz, un des plus puissants groupes de l’histoire de la rumba congolaise.
Nganga aidera même le guitariste et compositeur feu Lutumba Simaro à intégrer la formation et à y faire la brillante carrière que l’on connaît.
Boudés par les fanatiques du TP O.K Jazz et des autres formations kinoises dont ils sont pensionnaires parce qu’ils se retrouvent souvent pour répéter entre eux, Nganga Edo et ses compatriotes craintifs, décident de retourner chez eux à Brazzaville et d’y lancer le groupe des Bantous de la capitale.
Ils deviennent alors les précurseurs de l’école brazzavilloise de la rumba, souvent oubliée dans les récits des spécialistes du genre, comme le constate Paul Soni Benga :
C’est vrai que le voisin kinois a connu un plus grand succès grâce à ses nombreuses vedettes planétaires. Mais Brazzaville a aussi joué un rôle clé dans la popularisation de la rumba, grâce notamment à des formations comme les Bantous de la capitale ou encore Extra Musica, mais aussi des talents comme Roga Roga qui jouissent tous d’une notoriété internationale. Cette page de l’histoire de la rumba n’est pas toujours racontée.
De l’exposé de Paul Soni Benga, on retiendra que la rumba congolaise, classée en décembre 2021 au patrimoine mondial de l’UNESCO, renferme une histoire pluriséculaire, qui a définitivement lié deux pays qui peuvent légitimement revendiquer sa paternité aujourd’hui.
Journaliste et historien, sur le documentaire Nganga Edo, Le dernier des Bantous de la capitale, Paul invite tout le monde à découvrir un peu plus la rumba et ses ballades langoureuses, qui se réinventent inlassablement, pour célébrer la vie et l’amour.
En effet, selon lui, la rumba congolaise qui a fait oublier sa jumelle cubaine, a dû prendre de nombreuses déclinaisons pour survivre et s’imposer dans le temps. Chantée lento à l’origine, elle s’est accélérée au fil des ans, pour produire des dérivées telles que le ndombolo, le tchatcho, le soukous et même le coupé-décalé plus loin en Côte d’Ivoire.
Les sében de guitare et les fondamentales de batterie de la rumba, sont devenus la sève de plusieurs styles de musiques urbaines africaines, qui font danser des milliers de mélomanes à travers le monde.
Ces mutations du genre n’ont pas été sans conséquences sur son message d'antan sensé et empreint de patriotisme, qui devient de plus en plus hédoniste, souvent au grand dam des nostalgiques des années 70 et 80.
La rumba reste tout de même un patrimoine du continent à défendre - une mission que Paul Soni Benga assigne aux médias :
C’est un bonheur de quitter le bassin congolais et venir parler de rumba ici au Sénégal, à des milliers de kilomètres de son foyer. Si cette musique a fait écho jusqu’ici, c’est parce qu’elle a été portée par les médias, dont on ne saurait douter du pouvoir. Il faudra donc continuer à booster la rumba, mais aussi les autres musiques d’Afrique comme le mbalakh via le canal médiatique, pour leur permettre d’être plus reconnues autour du globe.
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