Fally Ipupa se confie à Music In Africa
Fally Ipupa est certainement l’un des artistes les plus talentueux de sa génération. Il débute sa carrière en 1999 au sein du groupe Talent Latent, avant de rejoindre Quartier Latin de Koffi Olomide quelques années plus tard. En 2006, il sort son premier album solo Droit Chemin, qui connaît un succès immédiat et le propulse sur la scène internationale. Héritier des grands noms de la rumba congolaise, Fally est également un avant-gardiste qui propose une fusion entre la rumba et les sons traditionnels congolais, l’afropop, le rnb et même le rap pour créer un son moderne, unique et original baptisé Tokooos Music.
Music In Africa l'a récemment rencontré lors de son passage à Johannesburg, en Afrique du Sud.
Bonjour Fally, l’an dernier vous avez célébré vos 10 ans de carrière, quel bilan tirez-vous de votre parcours et surtout quels sont les moments qui vous ont le plus marqués ?
Bonjour Patricia, lorsque je me penche sur mon parcours, je réalise que Dieu m’a béni et que je suis plutôt chanceux. Je pense que lorsqu’on travaille dur, en échange, Dieu, le public, les fans nous donnent ce qu’on mérite. Pour les moments qui m’ont le plus marqué, c’est vrai que ce que je vis à présent, je l’ai rêvé depuis tout jeune : sortir des albums, faire plaisir à son public, chanter dans le monde entier… Les moments forts il y a en tellement que je ne peux en citer.
Votre dernier album s’appelle Tokooos, vous avez lancé, par la même occasion, le concept Tokooos music, pouvez-vous nous dire ce que c'est ?
Tokoss évoque beaucoup de choses. Cela comprend le genre de musique que je fais, ma façon de vivre, de voir les choses. C’est un lifestyle, j'aime partager mon univers. C’est aussi un moyen pour moi de communiquer avec mes fans. Tokoss comprend également mon style vestimentaire, il représente mon monde, mon univers artistique.
Vous comptez sortir un album rumba l’année prochaine. Comment arrivez-vous à concilier la demande du public congolais et celle internationale ?
Oui, c’est exact, l’année prochaine je sors un album 100 % rumba. Jongler entre ces 2 publics est un exercice difficile. Mon public de base qui me soutient depuis mes débuts est fan de rumba authentique, et en même temps, il faut s’ouvrir et explorer d’autres horizons, conquérir de nouveaux publics. Il faut savoir jongler entre ces 2 publics, prendre des risques pour faire plaisir à tous.
Quand-est-ce que l’album sera prêt ? Avez-vous une idée de la date de sortie ?
L'album est presque bouclé et la sortie est pour bientôt. Restez-connectés !
Depuis votre premier album solo, Droit Chemin, vous collaborez avec beaucoup d’autres artistes internationaux tels que Olivia, Booba, MHD, et de nombreux autres. D’un point de vue personnel et artistique, que vous apportent toutes ces collaborations ?
Pour collaborer il faut premièrement apprécier le travail de l’autre artiste. Tu dois aimer ce que l’autre fait, apprécier son univers. Ensuite tu te dis pourquoi ne pas mélanger nos deux univers et faire quelque chose qui va plaire à nos deux publics respectifs. Il y a aussi des artistes de la précédente génération, qui ont influencé ta carrière, ta jeunesse, ta vie carrément. C’est un honneur de collaborer avec de tels artistes, qui t’ont servi en quelque sorte de mentors, de professeurs. C’est pareil dans l’autre sens beaucoup d’artistes aiment ce que je fais et me contactent pour des featurings, des collaborations.
Pouvez-vous nous citer des artistes qui ont été d’une grande influence pour votre carrière et avec qui vous avez collaboré ?
R. Kelly. Pour ne citer que lui ! Les gens de ma génération ont grandi avec R.Kelly, et personnellement il a été d’une grande influence sur ma carrière. Je peux aussi citer Youssou N’Dour, avec qui je viens de partager la scène de Bercy, pour son Grand Bal et qui m’a fait l’honneur de m’inviter sur son prochain album.
En parlant justement de collaboration, les artistes africains collaborent de plus en plus entre eux. Est-ce important pour vous ces coopérations entre artistes africains ?
Oui bien sûr ! Les artistes africains doivent s'unir pour devenir encore plus forts. Plus on est unis, plus on est forts !
L’opinion internationale a récemment été choquée par les révélations selon lesquelles nombreux de nos frères africains migrants sont réduits en situation d’esclavage en Libye. Comment réagissez-vous à ces drames ?
J’ai dénoncé comme beaucoup d’autres artistes ce phénomène. Personnellement ça me révolte et me touche énormément. Cela me fait pitié de voir de gens être traité ainsi. Mais je suis aussi réaliste et je dois dire que cela ne me surprend pas du tout. Parce que ce phénomène, hélas ne date pas d’aujourd’hui. Il existe depuis toujours. Il a encore fallu que CNN, nous montre ce genre d’images pour que nous soyons outrés. Mais cela existe depuis toujours !
J’ai un ami d’enfance qui est passé par ce chemin de la Libye pour aller en France, il m’avait déjà raconté ce genre d’histoires, il y a longtemps. Les gens qui font ce parcours, qui sont aujourd’hui en France, en Italie parlaient déjà de ce genre de choses mais personne ne voulait les écouter. Cela est une conséquence directe de la chute de Khadaffi. À son époque il ne permettait pas que les africains ressortissant d’autres pays soient traités de la sorte.
Finalement cela revient à votre message précédent, nous devons être unis en tant qu’Africains…
Oui voilà ! Nous les Africains devons arrêter de faire semblant d’être choqués alors que nous ne nous aimons pas et ne nous soutenons pas mutuellement. Déjà au rassemblement organisé à Paris pour dénoncer ce phénomène, Il y a eu des bagarres entre manifestants. D’ailleurs ici même en Afrique du sud, il y a eu à plusieurs reprises des incidents xénophobes, des Sud-africains qui attaquent les Africains venus d’autres pays.
Il est vraiment temps, qu’en tant qu’Africains que nous nous nous traitions mutuellement avec respect et amour. Si nous ne le faisons pas, il est difficile d’exiger cela des autres. C’est donc un combat qui me tient à cœur, que nous devons mener unis si nous voulons dénoncer ce genre de phénomène. Nous devons nous entraider et nous faire respecter ! Il y a aussi une grande part de responsabilité de la part des dirigeants africains qui ne s’occupent pas de leur jeunesse.
Cela permet de faire le lien avec les menaces que vous subissez depuis plusieurs années de la part des combattants congolais...
Exactement ! Lorsqu’on vous menace de vous taper, de vous tuer alors que vous voulez juste partager votre musique, vivre de votre art, c’est choquant ! Et ce sont nos propres frères qui font ça, ce ne sont pas des Libyens.
Vous avez également une fondation, quelles sont les causes qui vous tiennent à cœur ?
Oui, la Fondation Fally Ipupa s’occupe des enfants de la rue, des filles-mères, des femmes violées... ce qui me tient à cœur c’est de venir en aide et de soutenir les personnes vulnérables.
C’est la fin de l’année, quels sont vos vœux et souhaits pour 2018 ?
Pour 2018, je veux être en mesure de continuer à faire plaisir à mes fans, au public. En tant que Congolais, je souhaite vivement que la paix règne au Congo. Que les politiciens se mettent ensemble pour résoudre les problèmes du pays, que le sang ne coule plus. Que chaque Congolais mange à sa faim. Côté musique, tenez-vous prêts, parce que je compte arriver encore plus fort !
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