« Iswat » de Dag Tenere, de la justesse à la transcendance
Véritable curiosité musicale, « Iswat », le nouveau single du groupe nigérien Dag Tenere, offre une voyage en musique au coeur des traditions séculaires Touareg, qui consacrent une place de choix à la femme, porteuse de vie.
Mis en ligne le 7 octobre dernier sur la plateforme américaine YouTube, le clip d'« Iswat » a retenu mon attention avec son refrain hypnotique, qui se fond dans une ritournelle envoûtante et attachante, comme pour inviter l'auditeur à la concentration et à l'élévation...
Où que l'on soit, cette chanson a la magie de nous transporter un moment, dans le décor captivant du grand Sahara, à la découverte de l'histoire pluriséculaire du peuple Touareg.
Désert brûlant et source de nombreuses fascinations, le Sahara est en effet le berceau d'une culture riche et inspirante, qui magnifie la femme et son rôle dans la société. D'ailleurs, « Iswat » désigne chez les kel tamasheq (peuple touareg), un type bien spécifique de musique, pratiqué par une femme qui joue du tendé (percussion locale) et qui chante des versets poétiques accompagnée d’un chœur d’hommes.
Dans un sens plus large, « Iswat » fait aussi référence à la fête et au bon son, celui qui a le pouvoir de réjouir l'âme humaine. Le groupe Dag Tenere s'est assigné la mission ardue de produire une création artistique qui traduise parfaitement le sens de ce vocable...
Quand on aime le bon son, la première chose qui impressionne sur le single, c'est la justesse dans l'interprétation et la perfection du son. En effet, Dag Tenere s'est passé de la guitare et des autres instruments mélodieux souvent utilisés dans le blues du désert, le style touareg le plus connu, pour faire une proposition dépouillée, qui repose uniquement sur la voix et les percussions.
La chantre qui est au coeur de cet « Iswat » est impertubable devant son tendé ; sa diction est correcte et les notes qu'elle exécute sont tranchantes - pourtant, le travail qu'elle réalise est techniquement difficile : chanter et jouer d'une percussion simultanément. Le choeur qui la soutient est lui aussi irréprochable dans ses réponses, qui ponctuent harmonieusement les différents vers du poème.
Pour la réalisation d'« Iswat », Dag Tenere a sorti le tendé (construit à l’aide d’un mortier sur lequel est tendu une peau de chèvre avec deux long pilons en bois), mais aussi l’assaqalabo (sorte de tambour à eau fabriqué à partir d'une calebasse). Le son des instruments a été admirablement capturé en acoustique par Nomada Music, qui s'est chargé de la production du single.
L'autre aspect de d'« Iswat » qui captive, en dehors de la justesse du chant et de la qualité de l'enregistrement, c'est cette spirirtualité qu'il m'est difficile de d'expliquer ici. Pour la comprendre, il faudrait sous doute s'asseoir, mettre son casque et daigner ouvrir à la fois son coeur et son âme au message transcendant de l'oeuvre qui s'adresse à l'âme en quête de quiétude...
« Iswat » est à suivre en ligne sur YouTube.
Single : « Iswat »
Groupe : Dag Tenere
Label et année : Nomada Music, 2021.
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