L’industrie du disque en Ouganda
Par James Propa
De nos jours, enregistrer une chanson en Ouganda est d’une grande simplicité. Pour moins de 100 dollars, vous pouvez, en à peine une journée, faire enregistrer votre chanson sur un disque compact. Il y’a 10 ou 30 ans de cela, c’était une toute autre histoire.
Entre 1940 et 1970, les musiciens devaient se rendre de Kampala à Nairobi pour faire enregistrer leurs chansons, en effet, il n’y avait pas l’équipement nécessaire en Ouganda. Les musiciens les plus talentueux avaient appris à jouer à la guitare en solo auprès des congolais. A l’époque, les chansons étaient enregistrées en direct, l’artiste chantait tout en jouant de son instrument.
La production en Ouganda a toujours été semblable au style congolais, en effet, la guitare est présente dans la majorité des chansons. Dernièrement, l’industrie s’est davantage tournée vers le style musical nigérian, pour la simple raison que les artistes ougandais veulent percer sur le marché très lucratif de ce grand pays. Certains musiciens vont jusqu’à collaborer avec des artistes nigérians, dès lors, on peut aisément dire qu’aujourd’hui c’est le style nigérian qui domine l’industrie locale.
A l’heure actuelle, en Ouganda, il y’a un studio d’enregistrement dans pratiquement chaque ville, mais tous n’ont pas de quoi produire une chanson qui puisse se distinguer sur le marché. Certains ont du matériel et des cartes son de pauvre qualité, ce qui rend le produit fini relativement médiocre. Les producteurs comme les musiciens doivent faire preuve d’une grande créativité pour savoir quand et où introduire des instruments extérieurs tels qu’un solo de guitare ou des percussions africaines afin que la mélodie soit plus douce à l’écoute.
Dans le passé, il est arrivé que le gouvernement ougandais intervienne pour censurer des chansons incitant à la violence, ou dont les paroles protestaient directement contre le pouvoir. Des artistes tels que Ronald Mayinja ont vu leurs chansons interdites en raison du message politique qu’elles contenaient, mais c’est là un cas plutôt rare. En fait, en général, les responsables politiques ougandais aiment la musique et ont pour habitude de convier des musiciens à leurs soirées.
Ce texte a pour but de donner une vue d’ensemble de l’industrie musicale en Ouganda et de passer en revue les plus grandes maisons de production de musique et de clips vidéo du pays.
La production audio
Tâchons d’examiner certains des studios d’enregistrement ougandais qui produisent de la musique de qualité. La plupart ont des producteurs à l’esprit très créatif et innovateur.
Audio 1 Records, situé à Makindye, appartient au producteur chevronné Paddy Kayiwa et se concentre particulièrement sur l’afrobeat, le zouk, le band music et le RnB. Paddy Kayiwa est l’un des premiers producteurs ougandais de la nouvelle ère. [i]
Power Records, dont les locaux se trouvent également à Makindye, appartient à Rinex et compte des producteurs résidents tels que Roonie, Rinex and Wani. Ce studio se distingue en matière de dancehall, de lugaflow et d’afrobeat. C’est là que se vont les musiciens reconnus lorsqu’ils souhaitent produire une chanson qui enflammera les boîtes de nuit. [ii]
Buddies Audio Studio, situé à Ntinda, un quartier de Kampala, appartient au présentateur de télévision J Kazoora et est dirigé par les producteurs Andy et Dreign. C’est le meilleur studio de RnB et de hip-hop du pays est c’est là que sont réalisées des chansons dont le succès est garanti dans les medias comme dans les discothèques.
Sur les hauteurs de Menga, dans la division de Lubaga, Jeeb Records domine la production de la musique zouk, pour laquelle son propriétaire, Crouch a un talent tout particulier. Ce studio produit également de bons titres de RnB et de band music.
Monster Studios appartient au musicien Roni Banton, se trouve à Najjanankumbi et est spécialisé en dancehall et afrobeat. Les producteurs sont Nash Wonders et Shiddy Beats. Les productions de ce studio ont figuré dans les charts en 2014. [iii]
On ne se trompe pas en disant que The Song Factory est le temple du band music. Ce studio de Mengo appartient au producteur T et travaille principalement avec des musiciens kadongo kamu.
Le gouvernement encourage l’industrie musicale et a même financé un studio de premier choix appelé UNCC Records et situé au sein du Centre Culturel National, afin d’aider les jeunes talents à enregistrer leurs chansons. Des artistes tels que Ziza Bafana et le producteur Nash Wonders doivent leur renommée à UNCC Records. [iv]
La liste de studios de qualité en Ouganda est longue. On ne peut manquer de citer Badi Studio, Avie Records, Bless Touch, Fire Records et Jahlive. D’autres sont moins connus mais cela ne les empêche pas de produire du très bon son et de forger de grands producteurs. Avant de choisir dans quel studio travailler; il convient de déterminer le genre recherché afin d’être certain d’enregistrer auprès de véritables experts.
La production de clips vidéo
Une fois le support audio finalisé, l’étape suivante consiste à le faire passer à la radio ou à réaliser un clip vidéo. Depuis quelques temps, les maisons de production dans ce domaine ont sensiblement amélioré leurs techniques et certaines d’entre-elles conçoivent même des clips de classe internationale. Un bon clip peut coûter 600 dollars et bien plus. Tout dépend du concept et de ce qui doit être loué pour la réalisation. Nous allons faire un récapitulatif des plus grandes maisons de productions et leurs points forts.
Jahlive Videos sur Salaama Road à Makindye, appartient à Frank Mugerwa. C’est actuellement l’une des meilleures maisons de production en Ouganda. Elle se spécialise dans les prises de vue de jour en extérieur. Ses clips vidéos sont diffusés à la télévision et dans les boîtes de nuit.[v]
Meddie Menz est issu de la maison mère Ark Menz et par conséquent, les deux studios ont un style très similaire et sont réputés pour la qualité de leurs scripts et prises de vue en plein jour. Ils sont également présents sur la scène télévisuelle. [vi]
Grate Make est devenu un sérieux concurrent de Jahlive, ironiquement, c’est chez Jahlive que ses producteurs ont appris le montage vidéo et le maniement de la caméra. Grace à ses concepts innovateurs, de nombreuses vidéos de Grate Make sont diffusées à la télévision et dans les discothèques. [vii]
Kim, le directeur de Experience Pictures a décidé de relancer Seasonz Films après s’être retiré de la production pendant quelques temps. Il est revenu avec de nouveaux concepts et de nouvelles techinques. Grâce à son expérience, il est en mesure de réaliser des clips vidéo de grande qualité dans lesquels sont racontées des histoires poignantes. [viii]
Superstar Films est une autre progéniture de Jahlive et se concentre surtout sur les clips de dancehall. La grande créativité et la conception innovante de ces clips recréent l’atmosphère des discothèques et vous donnent même l’envie d’y être! [ix]
Savy Film est le nouveau venu dans l’industrie du clip. Son directeur, Sasha Vybz a été formé en Afrique du Sud, et sait particulièrement où trouver la meilleure lumière en Ouganda. Les musiciens les plus populaires font le choix judicieux de travailler avec lui[x]
Les producteurs de clips se sont regroupés pour former le Uganda Videographers Association (UVA) [xi]. A travers cette association, ils sont en mesure de se réunir afin que deux sociétés ou plus puissent travailler ensemble à la création d’un clip. Une collaboration qui s’est avérée fructueuse, par exemple Le titre ‘Sitya Loss’ d’Eddy Kenzo est un succès planétaire. Les artistes ayant de gros moyens financiers devraient envisager d’utiliser les services de telles associations pour obtenir des clips de haute qualité. Si une première maison de production crée un concept, la deuxième peut se concentrer sur le tournage et l’éclairage et la troisième, sur le montage et le contraste; le succès ne peut qu’être au rendez-vous.
Les maisons de disques et la gestion des artistes
En Ouganda, ce ne sont pas les maisons de disques qui dirigent l’industrie musicale; par contre, leur influence sur la promotion et la gestion des artistes est indiscutable. Parmi les plus importantes, on compte Fenon[xii], qui représente entre-autres Blu*3, ainsi que Badi Music [xiii], c’est le label de jeunes artistes tels que A Pass. Enfin, Swangz Avenue tient une place non-négligeable avec des artistes comme Irene Ntale and Winnie Nwangi.[xiv]
Ce ne sont pas les maisons de disques qui financent les enregistrements et les clips mais plutôt les artistes eux-mêmes. De nombreux musiciens organisent des camps qui parfois aboutissent à la signature de contrats avec de jeunes talents, mais il s’agit rarement de contrats au sens propre du terme, en fait, une minorité de jeunes musiciens en bénéficient. Leone Island (alias Team Chameleone)[xv], appartenant à Jose Chameleone, Fire Base[xvi], appartenant à Bobi Wine, De New Eagles[xvii], appartenant à Geoffrey Lutaya et bien d’autres.
Enfin, en termes de gestion de talents, certains noms tiennent le haut du pavé. Il s’agit de Emma Carlos, pour Khalifah Aganaga, Coco Finger, Spice Diana et bien plus, à travers sa société Twinkle Star[xviii]. On ne peut oublier Nisha Bridget, pour Jamal, et Aly Alibhai pour Navio et Blu*3.
Le but du présent texte est d’offrir une vue d’ensemble ou un point de départ pour quiconque souhaite en savoir plus sur l’industrie musicale en Ouganda. Y sont énumérées certaines des plus grandes maisons de production du pays ainsi que les producteurs de clips, les maisons de disques et managers.
[i] Audio 1 Records: +256755869887; www.twitter.com/audio1records [ii] Power Records: +256775704038 [iii]Monster Studios: www.facebook.com/monsterstudiostv [iv]UNCC Records: Alex, +256772397418; www.uncc.co.ug [v]JahLive Videos: +256772386080 [vi] Ark Menz and Meddie Menz: +256774162422) [vii] Grate Make; +256702595358 [viii]Superstar Films: +256755344462 [ix]Savy Films: +256700790463 [x]Savy Films: +256700790463 [xi] Uganda Videographers Association (UVA): Martin Beta (coordinator)+256702974423) [xii] www.fenonrecords.com/ [xiii] www.twitter.com/badimusik [xiv] Swangz Avenue: Benon +256772363074 [xv] www.facebook.com/pages/Team-Chameleone/657030017708345 [xvi] www.facebook.com/pages/FIRE-BASE-CREW/478391188885709 [xvii] www.facebook.com/pages/De-new-Eagles/1411340299138467 [xviii] Emma Carlos: +256705663662
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