La musique moderne au Burkina Faso
Contrairement à de nombreuses nations dont la notoriété, très grande même à des milliers de lieues, est facilement associable à des vedettes de musique ou de sport, le Burkina Faso est plus connue pour Thomas Sankara, son Insurrection populaire d’octobre 2014, et très peu pour sa musique. Toutefois, de plus en plus, avec de talentueux artistes, le pays sort de l’ornière pour se hisser sur le toit du monde.
Le Burkina Faso est loin d'être un pays célèbre pour sa musique comme certaines nations de la sous-région. Pourtant, avec une diversité culturelle et de remarquables talents, le pays devrait être en mesure de s'offrir une place de choix.
Malgré cette faible renommée de la musique en dehors des frontières, depuis des décennies, des hommes et des femmes ont pratiqué cet art qui s’exporte de mieux en mieux de nos jours, et au bonheur du public burkinabè.
L'histoire de la musique moderne du Burkina date de la période d’avant les indépendances où quelques rares formations musicales se bornaient dans l’interprétation de musique en vogue du répertoire français, congolais et latino-américain. De cette période et à sa suite sont nées principalement plusieurs orchestres aussi bien dans la capitale Ouagadougou, que dans la deuxième ville du pays, Bobo-Dioulasso.
Ainsi, de nombreuses vedettes de la chanson moderne feront leur apparition entre les indépendances et les années 80. Au nombre desquels on peut citer Sotigui Kouyaté, Seydou Richard Traoré, Abdoulaye Bassavé, Sandwidi Pierre, Samboué Jean Bernard, Simporé Maurice, Salambéré Joseph dit Salambo, Jean-Claude Bamogo, Georges Ouédraogo, Roger Tondé, Ouédraogo Maurice, Issouf Compaoré, Abdoulaye Cissé, etc.
Au titre des groupes musicaux, on dénombre l’Harmonie voltaïque, la chorale Naaba Sanem, le Tenko jazz, le Super Volta, le Volta Jazz et bien d’autres qui ont contribué à asseoir une musique moderneburkinabè.
De l’avènement de la Révolution à la fin des années 90
La révolution d’aout-83 au Burkina a joué un rôle important dans l’évolution de la musique moderne. Le dynamisme impulsé par le président Thomas Sankara permettra la création et la dynamisation de plusieurs orchestres dans les garnisons militaires, les services publics et les centres de formations.
Ces initiatives verront la naissance de plusieurs instrumentistes qui feront leurs premières armes dans ces formations musicales. On retrouve aussi les Colombes de la révolution, les Petits chanteurs aux poings levés et l’orchestre de l’Université de Ouagadougou desquels sortiront de grands noms de la musique moderne.
L’orchestre de l’Université de Ouagadougou demeure sans conteste l’une des institutions qui a le plus pourvu, au monde de la musique moderne burkinabè, des artistes de talent. On retient que cet orchestre a vu les premiers pas, dans la musique, d’un grand nombre d’artistes de renommés sur le plan national qu’international.
Beaucoup de ces hommes et de ces femmes de la culture burkinabè, à l’image de Zêdess, artiste musicien-chanteur, actuel directeur du Centre National des arts du Spectacle (Cenasa), Amity Méria, artiste chanteuse, Jean Yves Bayala, professeur de musique à l’Institut national de formation artistique et culturel (Inafac), Eugène Kounker, artiste musicien-chanteur, Sosthène Yaméogo, artiste-musicien, professeur de musique à l’Inafac, Bil Aka Kora, artiste musicien chanteur et bien d’autres, disent d’ailleurs ne retenir que de beaux souvenirs de cette école de la musique.
On retient également que les années 80 et 90 constituent une étape très importante de l’histoire de la musique moderne du Burkina. En effet, elles ont vu l'arrivée d'une nouvelle génération d'artistes avec des styles très variés dont le reggae, le soukouss, les musiques mandingues, l'afro zouk, les musiques d'inspiration de rythmes locaux du Burkina, etc. Certains noms tels que Nick Domby, Black So Man, Roger Wango, Zêdess, BilAka Kora,Solo Dja Kabako, Jeanne Bicaba, Amity Meria, Sami Rama et bien d’autres qui ont marqué ou continuent de marquer la scène musicale sont des produits de cette période. Cet essor a été favorisépar l’installation de structures de production comme Bazar Music, Seydoni Production, ETK Production, etc.
La musique moderne actuelle
Période faste de la musique moderne burkinabè,les années 2000 ont permis aux jeunes artistes de mieux s’exprimer dans plusieurs genres notamment le Rap qui a connu son pinacle avec la naissance de plusieurs formations, galvaniséespar les structures 8e Sens et Abazon au début du millénaire. D’autres genres, s’inspirant des langues et des variétés traditionnelles ne resteront pas en marge. Entre autres, sont les principaux défenseurs de cette nouvelle génération : Yeleen (Smarty et Mawndoé), Faso Kombat (Malkhom et David le Combattant), Alif Naaba, Victor Démé, Tim Winsey, Smockey, Patrick Kabré, Dicko Fils, Sissao, DjataIlebou, Yoni, Floby, Dez Altino, Imilo le Chanceux, etc. et des devanciers comme Amity Méria, Sami Rama, Bil Aka Kora qui tiennent toujours le rang aux côtés de ces nouveaux venus.
Bil Aka Kora, une voix africaine ouverte sur le monde : Sa musique est un savant et séduisant cocktail dénommé Djongo musique, une fusion de rythmes traditionnels de l’ethnie Kassénadu grand groupe Gourounsi et d’influences musicales comme le jazz, le rock et le blues. Auteur de quatre albums, Douatou, Ambolou, Dibayagui et Yaaba, Bil Aka Kora continue de creuser son sillon avec un cinquième opus, Vessaba, sorti en décembre 2013.
Alif Naaba, le prince aux pieds nu : Il a su allier pop-folk et musique traditionnelle moagha, pour créer son propre style, rythmique, méditatif et/ou entraînant, par moment… Mêlant le son des guitares aux percussions des calebasses, Alif Naaba écrit de belles pages de la musique contemporaine du Burkina. Avec sa profonde voix, son nouvel album, le 4e en date parut en 2013, est consacré Kunde d’or 2014, (victoires de la musique du Burkina Faso).
Aux côtés de ces vedettes, gravitent de grands groupes et orchestres qui ont pu s’imposer et font également la fierté de cette musique moderne du Burkina.
Kalyanga, l’inspirateur du Faso pop : ce groupe, avec sa musique, va au-delà de la tradition musicale en brisant les préjugés et touche toutes les sensibilités d’où qu’elles soient. Il mêle allégrement voix, tambours et instruments électriques et numériques. Depuis sa création en 1997, le groupe Kalyanga, par ses sonorités inventives, son originalité et son savoir-faire musical a su interpeller de nombreux artistes (Yeleen, Bil Aka Kora, Smockey, Zedess) qui n’ont pas manqué de lui faire appel pour la réalisation de leurs albums et pour des tournées internationales (Canada, États-Unis, Hollande, France, Maroc, Belgique, etc.)
Kundé Blues, les ambassadeurs de l'afro blues. Ce groupe de 6 jeunes musiciens force le respect dans le paysage musical burkinabè actuel et au-delà. Enécoutant ces artistes on se rend aisément compte que la salsa, le dub, le reggae, prennent leur source sur le continent africain. S’inspirant de l’héritage musical de l’Afrique de l’Ouest, Kundé Blues revisite les instruments traditionnels dans un swing entrainant. Pas besoin d’instruments modernes pour convaincre ! Les riffs bluesy du kundé (guitare traditionnelle) se mêlent au rythme des percussions et rendent hommage au riche patrimoine mandingue, entre le Mali, la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso.
L'ensemble musicale des Amis (EMA) est une chorale internationale créée le 15 mars 1992, sous la direction artistique de Jean Yves Bayala et de Jacob Daboué. La chorale est laïque, apolitique et regroupe près de soixante membres dont la plupart sont des élèves et étudiants. Elle est l’unique formation du genre dans le paysage burkinabè.
Nankama « les apporteurs de la joie », est composé de frères griots à l’origine. Ils modernisent leur musique traditionnelle en passant par des rythmes afro, blues, salsa et reggae,… pour en faire un mélange explosif de mélodies. Cette douce alchimie touche tous les publics quelles ques soient leurs origines. Le groupe a été formé en 2010 par Ibrahim Keita, chanteur et joueur de kora, revenu au Burkina Faso, après quelques années de pérégrination musicale à travers le monde.
La dernière trompette junior, les musiciens de la relève : ce groupe de jeunes musiciens talentueux, en si peu de temps,a trainé sa bosse avec de nombreuses grosses pointures du Burkina et d’ailleurs. Composé de quatre jeunes garçons d’une moyenne d’âge de vingt-cinq (25) ans, La dernière trompette junior compte déjà à lui seul plus d’une centaine de scènes et une cinquantaine d’artistes accompagnés à travers le Burkina Faso et le monde. Avec Elie à la guitare basse, Amidou au clavier, Ousmane à la batterie et Elisée à la guitare solo, ces jeunes talents sont également présents sur de nombreuses scènes à l’international où ils ont déjà eu à accompagner de grosses pointures de la musique à l’image de Lokua Nkanza ou Awadi. Le nom du groupe fait référence à leur école de formation d’origine, La dernière trompette, qui a aussi vu naitre le groupe Kalyanga.
Grâce à de jeunes talents dont les rythmes les plus prisés sont urbains, notamment le rap et le coupé décalé, mais aussi le reggae, le Soukouss, le jazz-fusion, l’afrobeat, le genre m andingue, etc., la musique moderne burkinabè, lentement mais progressivement, est en train de s’imposer sur le plan continental et international.Son audience s’est élargie au fil de ces deux dernières décennies.
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