La musique traditionnelle au Bénin
Le Benin est l’un des rares pays africains où les rythmes et danses traditionnelles jouent un rôle prépondérant dans la vie quotidienne. Ces diversités musicales de rythmes sont nées du temps des différents règnes de la royauté du Dahomey. Elles sont issues en grande majorité des danses de cultes vodou et des problèmes de l’époque. Il s’agit du Zinli, d’Akinta et Akohoun, Tchinkoumè, Toba, Agbotchébou, Kpanouhoun qui se maintiennent jusqu’à ce jour.
Etats des lieux
La première génération des musiciens émerge dans les années 1963. Ils s’inspirent des rythmes du terroir pour conscientiser, distraire et valoriser le rassemblement des groupes ethniques respectifs. Yedénou Adjahoui est incontestablement le plus grand précurseur du Zinli, rythme musical venu des terres du Roi Béhanzin. Il insère très tôt un art narratif sans égal, servi par une voix à l’intonation captivante.
Sa chanson culte « Avidjè agban mè » continue de séduire les béninois, parce qu’il a su conférer au rythme « Massè Gohoun » un souffle exceptionnel. Malgré son décès en 1995, ces successeurs comme Dossou Letriki continuent de se réclamer de ses oeuvres. Migbogohin Dossou « Dossou Letriki » fait ses débuts aux côtés du Patron avec dextérité et hérite de son genre musical. Son disque éponyme, enregistré en 1984 met en valeur les mélodies traditionnelles fons, joués lors des manifestations des Revenants (Egoun-goun). On y retrouve des titres phares comme « Hindwa Bassi » « Maton-Maton » sous le Label Albarika Store, l’unique producteur de ces années là.
L’autre baobab vivant, originaire du Sud Bénin est le rénovateur Alékpehanhou qui continue sa croisière avec une quarantaine d’albums audio. Il bat tous les records de ventes toutes tendances confondues sans pour autant asseoir une grande communication. Son Zinli se joue avec un vaste tambour, qui se fait accompagner de sons de gongs, de hochets et claquements de mains soutenus par des chants et danses. Ce sont ces instruments de base qui constituent les premières sources rythmiques de tous les genres musicaux Béninois. Alékpéhanhou est une tête pensante de cette musique traditionnelle.
Constat et Faits
Le Bénin est indéniablement un réservoir de musique traditionnelle inexploité. Malgré que ces artistes ne disposent pas de cadres d’expressions ou de carrefours qui les mènent ou les amènent à l’universel, ils réalisent des exploits surprenants qui font du Bénin une plate forme unique dans cette catégorie de musique au monde.
Ces artistes mettent sur le marché de disques des produits de bonnes factures qui font le bonheur des mélomanes, avec l’aide de plusieurs mécènes et du fonds d’aides à la culture (FAC) institution étatique. Ils sillonnent entièrement le pays pour des prestations de qualités, sur des festivals, sur des évènements privés ou sur des funérailles. Ils remplissent les Stades quand ils sont ensemble et deviennent incontournables dans la mobilisation des masses populaires.
Pour sauver ce patrimoine immatériel à cause de son impact dans le développement socio économique, plusieurs institutions nationales et internationales apportent des contributions multiformes. Et c’est la pour cette raison que beaucoup de chercheurs, de scientifiques travaillent pour sauver ces chants et danses en voie de disparation. C’est le cas du Conservatoire de Danses Cérémonielles et Royale d’Abomey (CDCRA) créé en 1996 par un groupe d’intellectuels Béninois, qui ambitionne de sauvegarder et de redynamiser ce précieux patrimoine. Le Centre a bénéficié du soutien des institutions internationales comme l’UNESCO et le Programme Société Civile et Culture (PSCC).
Diversité et rythmes traditionnels
Cette diversité de rythmes traditionnels s’inscrit dans la logique des regroupements ethniques et des aires géographiques. Les plus importants sont le Zinli - Akinta et Akohoun – Tchinkoumè – Toba – Agboutchebou – Kpanahoun. Ils sont valorisés de diverses manières et constituent les premières sources de réjouissances selon les régions. Ces artistes y tirent toutes leurs sources d’inspirations pour produire des musiques aux similitudes surprenantes. Le Bénin est un pays réputé dans les expressions corporelles à travers les chants et des danses liées à des sources de royauté.
Le Gankouékoué et le Gankpèvi qu’on appelle le Gon sont les pièces maitresses de tous ces rythmes. Ces deux pièces maitresses se mélangent à d’autres instruments dont pour produire d’autres sonorités. On peut citer la danse yorouba de Kétou « Iwé » du groupe Agounwinwin Aladé, la danse Koutchati et Tibénti de Perma au nord du Bénin.
Source d'inspiration ethnique (Aire géographique)
Les réalités musicales béninoises ne changeront pas de si tôt compte tenu de leur histoire pathétique. Les spécialistes dénombrent une soixantaine de langues parlées qui constituent des sources d’inspirations. Il serait hasardeux de vouloir comptabiliser ces groupes de musiques traditionnelles, du fait de leur nombre grandissant. Plus d’une centaine de festivals s’organisent chaque année autour de ces aires géographiques avec une forte implication des valeurs endogènes.
Impacts sociologiques
Le poids de la tradition béninoise étant élevé dans l’épanouissement des masses populaires à travers les chants, danses et musiques traditionnelles, Il urge de les sauvegarder en vue de leur exploitation à des fins d’historiographie. C’est la préoccupation du Centre de Recherche et de Documentation (CRD) du Conservatoire des Danses Cérémonielles et Royales d’Abomey (CDCRA)
Impacts économiques
Le Bénin est un pays stable avec une ouverture internationale sans précédent. Sa situation géographique devrait favoriser son rayonnement culturel mais les stratégies de développement en cours, n’attirent pas autant du monde. Malgré la volonté politique affichée, avec un accompagnement sans précédent dans la mise à disposition des financements structurants comme le Fonds d’Aide à la Culture (FAC), trois à cinq milliards de francs Cfa en 2015, les acteurs culturels Béninois refusent de se remettre en cause, de s’informer et de se former.
Depuis le Puissant Albarika Store, véritable Producteur des anciennes gloires, en passant par Daghoty pour atteindre la nouvelle génération de Producteur comme Lucas Koffi, Luc Akplogan, Oscar Kidjo, Vidaho et autres, la problématique de l’inorganisation demeure la même. Et pourtant, le secteur se porterait mieux si les efforts des uns et des autres s’orientaient vers un véritable professionnalisme. Sur le marché béninois de disque, c’est dans cette catégorie de musique que s’opèrent les plus grosses ventes malgré que les produits ne soient pas disponibles sur toute l’étendue du territoire.
Evolution des musiques traditionnelles
En jetant un regard rétrospectif sur les pratiques musicales des anciennes gloires, il est évident que les musiques traditionnelles Béninoises n’échappent pas à la règle de l’évolution musicale du monde. Les meilleures productions de ces éveilleurs de consciences se glissent vers une tendance plus moderne, avec la génération d’autres artistes comme Anice Pepe, Adizé, Petit Génie, Norbéka et bien d’autres. Une autre catégorie d’inspiration tradi-moderne, travaille dans une démarche commerciale qui s’exporte à merveille. On peut citer Angélique Kidjo, Tohon Stanislas, John Arcadius, Gilles Loueke, Gangbé Brass Band, Jean Adagbénon, Nel Oliver et l’actuel maître à penser Sagbohan Danialou.
Si l’affirmation des identités culturelles conditionne tout développement, les musiques traditionnelles béninoises jouent encore un rôle prépondérant dans l’édifice de cette société où il devrait fait beau. Pour qu’il soit ainsi, les autorités doivent encourager la libre entreprise et surtout implanter plus d’infrastructures et d’équipements culturels performants.
Source :www.conservatoirebenin.bj www.mdscbenin.org www.babilown.com
www.afrisson.com www.beninpresse.info/article
www.bj.jolome.com/news/le-roi-alekpehanhou
www.journal-adjinakou-benin.info
www.tourismeabomeyetregion.com/musique
www.awesometapes.com/yedenou-adjahoui
www.last.fm/music/yedehou+adjahoui
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