La productrice Mané Touré crée des liens entre le Sénégal et la Bretagne
En juin 2022, Ndèye Mané Touré a suivi une formation à Montréal (Canada) organisée par The festival academy destinée aux directeurs et directrices d’évenements culturels. Cette rencontre d’une semaine s’est faite en partenariat avec l’équipe de Transamérique, carrefour international de référence pour la création contemporaine, notamment en théâtre et en danse. Une prochaine rencontre est programmée à New York (États-Unis), du 7 au 13 janvier 2024 en partenariat avec Under the radar Festival et la Brooklin Academy of Music (BAM). Mané envisage déjà d’y participer.
À 39 ans, diplômée d’une école de commerce à Dakar, Ndèye Mane Touré s’est faite un nom dans le paysage africain, notamment dans la danse, la musique, le cinéma. Le 23 juin, elle était en Bretagne à Pontivy (France) à l’invitation d’une association régionale, TIMILIN, pour présenter le film du réalisateur allemand Florian Heinzen-Ziob, « Dancing Pina ».
L’opportunité de promouvoir le travail réalisé au Sénégal par les artistes, les compagnies et productions qui les accompagnent, est liée à l’organisation en zone rurale du festival « Paysages, rencontres poétiques de Motten Morvan », retenu parmi de grands festivals internationaux par The festival academy. Cette initiative est portée depuis 2021 à titre bénévole par Françoise Ramel, contributrice à Music in Africa depuis 2017.
« L’association TIMILIN a été créée il y a 20 ans par et avec de jeunes urbains parachutés sans égard pour leur projet personnel par l’éducation nationale dans un lycée agricole à Pontivy. En 2009, une première chercheuse a rejoint TIMILIN, en a pris la présidence. J’ai créé le concept « Bienvenue dans mon labo grandeur nature » avec l’envie de le voir s’exporter. Nous agissons localement en lien avec les habitants, les communes, sans renoncer au rayonnement international de nos actions éducatives et culturelles. Nous œuvrons pour la création, pour la diffusion, dans l’art, la recherche, l’entrepreneuriat. Nous accompagnons des porteurs de projet qui intègrent dans leur dynamique la question de la ruralité, de l’écologie, du dialogue, de l’engagement citoyen »,a déclaré Françoise.
« Accueillir une professionnelle africaine au moment où nous recrutons notre premier salarié, bretonnant, 22 ans, futur thésard en sociologie, c’est plus qu’une aubaine. C’est la validation des choix stratégiques qui sont les nôtres malgré l’absence de soutien des pouvoirs publics au festival Paysages. Il fallait ces trois semaines pour créer le réseau de relations et l’interconnaissance nécessaires à toute coopération fructueuse et durable. Mané et moi ne nous connaissions pas, pas même via les réseaux sociaux. Nous partageons déjà un socle solide, nos expériences sont complémentaires, nos vécus différents sont une vraie plus-value. Il est clair que, grâce à Mané, nous allons poursuivre le partenariat avec The festival academy tant cette première expérience d’accueil est réussie et source de richesse partagée », a-t-elle ajouté.
Ce festival atypique est centré sur le partage de savoir et l’interconnaissance entre chercheurs, artistes, habitants. Il est le seul à représenter la France dans le catalogue d’offres à la mobilité édité par The festival academy.
Ndèye Mané Touré a retenu cette proposition parmi les noms de festivals prestigieux comme Fordefestival en Norvège, parce qu’elle porte un projet de festival hors métropole à Tene Toubab et Ngaparou (Sénégal). La première édition a dû être reportée à cause de la pandémie. Les dates du rendez-vous sont connues. Plusieurs invités ont déjà confirmé leur présence, dont Marc Buonomo, grand voyageur, photographe et enseignant en astronomie en France, Yago Torroja Fungairino, professeur en école d’ingénieur à Madrid spécialisé dans le numérique, Modou Ngom, fondateur de Senfalab, Mansour Ciss, artiste sénagalais fondateur de la Villa Gottfried.
Françoise Ramel et Mané Touré ont fait connaissance pendant un direct sur une radio associative Bretagne le 20 juin dernier, avant de sillonner ensemble la Bretagne pendant trois semaines à la rencontre d’acteurs de la coopération internationale, de la culture, de la recherche, et bien sûr d’artistes.
Parmi les multiples rencontres musicales qui ont marqué son séjour, Ndèye Mané Touré a pu apprécier le jeu du guitariste Soïg Sibéril, artiste incontournable de la scène celte internationale, dont les racines le relient au Maroc par sa mère. Elle a aussi croisé à Mûr-de-Bretagne la route d’un groupe de blues de haut vol, Hofmann Family Blues Expérience. Leur répertoire nous ramène dans les années 70 aux USA, un vrai bain de sonorités des origines. La veille de son départ de Bretagne, la productrice était dans une ferme bio à Saint-Alban pour découvrir le duo sélectionné pour représenter la France au Challenge international de Memphis : Two roots.
Two roots est un duo créé par Sophia Tahi, chanteuse d’exception installée en zone rurale qui contribue à faire connaitre auprès de différents publics, dont des scolaires, l’héritage de Nina Simone, quand elle ne chante pas son répertoire. Depuis décembre, elle est accompagnée sur scène par un guitariste breton, Ronan One Man Band, qui s’est classé en janvier 2019 parmi les huit premiers lors d’une Finale du Blues Challenge à Memphis. L’artiste originaire d’un petit port près de Lorient, Lomener, était le seul européen à relever le défi face aux finalistes canadiens et américains.
Le musicien confiera aux journalistes au retour de ce premier voyage outre-atlantique : « On revient très humble. Il faut un peu de temps pour redescendre. Dans les rues de Memphis, il y a du blues partout mais aussi tous les styles de musique. J’avais parfois l’impression d’être dans un film. Cela m’encourage à partager la musique qui me touche : un blues rural sans trop de technique mais joué avec les tripes. Une musique qui vient du cœur et qui provoque de l’émotion ».
A Ndèye Mané Touré, Ronan confie que c’est pour permettre à Sophia Tahi de vivre cette expérience rare qu’il a de suite répondu oui quand elle est venue le chercher. L’EP de Two roots devrait être prêt avant leur départ pour les USA début 2024.
En guise de conclusion, Ndèye Mané Touré a répondu à Music in Africa par ce clin d’œil à la culture sénégalaise : « L'hospitalité est la chose la mieux partagée. Je suis venue, j'ai vu et j'ai vécu la teranga bretonne ».
Pour en savoir plus sur le séjour de Mané Touré en Bretagne, cliquez ici. Pour en savoir plus sur le festival Paysages, cliquez ici.
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