Le phénomène des covers au Sénégal
Sur Internet, les parodies et détournements sont légion et récoltent dans certains cas des millions de vues. Mais à coté, de jeunes chanteurs, pour faire montre de leur talent, n'hésitent pas à présenter des reprises des plus grands standards de la musique mondiale et le moins qu'on puisse en dire, c'est que ces musiciens en herbe sont loin d'être de pales copies. En effet, quelques-uns de ces jeunes talents sont vraiment doués et parviennent, grâce à ses vidéos, à embrasser une carrière professionnelle, tandis que d'autres attirent l'attention sur eux tout en essayant de se constituer leur propre public.
Même si le genre pose parfois des questions du point de vue des droits d'auteurs, le cover (ou « reprise », en français) est un phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur.
Au Sénégal, des petits nouveaux fort capables sont en train de se distinguer dans cet exercice de style parfois périlleux. Coup de projecteur sur ce phénomène et ses champions.
- Fefsy
Actuellement, à Dakar, l'un des plus connus est le jeune Félix Sarr, alias Fefsy. Originaire de Thiadiaye, à environ 80 km au sud de Dakar, il a appris le solfège à l’âge de 11 ans.
Après des études en France, il revient au Sénégal en 2011, et gagne sa place en finale du concours de chant « Xeex Sibbiru », une campagne de lutte contre le paludisme initiée par Youssou N'Dour en partenariat avec le ministère de la Santé, Malaria No More et Sénégal Surround Sound. .
Fort d’une expérience acquise dans un groupe de Rock nancéen, Fefsy, par des reprises de tubes comme « Femmes d'affaires » de la lauréate du Prix découvertes RFI 2014, Marema, qu'il réadapte en « hommes d'affaires », ou encore avec le titre « Kima done seet » de Pape Birahim, se fait rapidement une belle réputation.
Mais c'est surtout avec l'excellent medley des plus grands hits de Youssou N'Dour qu'il se fait remarquer. D'ailleurs la Tfm et des radios de la place n'hésitent plus à le faire entendre. On le voit bien, les covers sont un bon tremplin à un jeune artiste pour montrer ce qu'il sait faire.
Cependant, pour l'ancien rockeur, le bémol est que, lorsqu’il a lancé, il y a quelque temps, sur le marché national son premier album Passeport, cet album n’a pas vraiment décollé… comme si le public avait été plus séduit par ses reprises des hits de Youssou N'Dour que par ses propres compositions, comme si les gens étaient juste nostalgiques des chansons du roi du M'balakh. Pourtant à dire vrai, Fefsy a du potentiel, et ses autres covers avaient bien marché.
- Sowdef
Avec un style à la lisière du Mbalakh national et du R&b, le jeune musicien dakarois, Sowdef, pour sa part, dévoile au fil de ses covers le portait d'un lover à la voix veloutée mais également d’un jeune artiste qui se cherche, micro à la main.
Pour moi, ce fut un véritable coup de cœur, lorsque je l'ai découvert en 2013, grâce à son titre « Xaarit » et une reprise plus que réussie de Viviane N'Dour sur le titre « Jiggen ».
Et s'il est moins connu que Fefsy, bien qu'il soit présent sur la scène nationale depuis un peu plus longtemps, c'est principalement qu'il semble plus être attiré par le R&b que par le Mbalax, plus populaire au Sénégal ; du moins est-il plus à l'aise dans ce registre.
Le charme des covers de Sowdef est dans la tonalité romantique et douce qu'il met dans les chansons. L’actuel chroniqueur musical de la radio Vibe vient de mettre en ligne, il ya une semaine, un magnifique cover du titre à succès du malien, Sidiki Diabaté, « Joyeux anniversaire », et, comme d'habitude, c'est parfait. L’artiste, oui, a beaucoup de talent, c'est certain.
Sowdef n’a pas encore d'album sur le marché, mais il est connu et semble avoir un vrai public qui le soutient fidèlement.
Même s'il es clair qu'il faut être vigilant dans ce genre d'exercice par rapport aux droits d'auteurs et autres, il est évident que la mode est aux reprises de chanson originales, et qu'elle n'est pas prête de s'arrêter, et certainement de plus en plus de jeunes musiciens tenteront l'expérience dans la mesure où c'est un bon moyen pour se faire remarquer.
L'autre problématique inhérente aux covers, c'est de trouver le juste milieu qui permet en tant que jeune artiste de montrer qu'on est doué pour les reprises des légendes de la musique ou des stars du moment, tout en faisant émerger sa propre personnalité, sa propre identité. Interpréter sans trahir mais également sans se trahir. Trouver le juste milieu entre les deux semble être la parfaite dose de la réussite.
Un exercice d'équilibriste qui n’est pas gagné d'avance.
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