Les médias et la musique au Togo
Il est un exercice complexe que d’écrire sur les relations entre les médias et la musique ; complexité due au contexte assez…unique en son genre au Togo. Ce texte offre un aperçu des relations des médias et de la musique togolaise.
A l’origine de la musique togolaise, il y avait Bella Bellow. Bella Bellow enregistra son premier album, dans les années 66, époque où le Togo n’avait pas encore de télévision nationale.
Bella Bellow ne fut pas la première artiste du Togo mais pour une chanteuse qui eut dans son équipe Manu Dibango, et qui figura sur les billets de 10.000 de l’époque, en l’absence de tout média, il faut croire que son talent n'a toujours pas d'équivalent, à ce jour.
De Bella Bellow à Almok, en passant par le roi de la musique togolaise King Mensah, le Togo regorge de talents mais quelles relations ont-ils avec les médias ?
Les chaînes Tv
La première chaîne de télévision au Togo est la TVT, mais aujourd’hui, le Togo compte 10 chaînes de télévisions. Et…aucune n’est spécialement dédiée à la musique. Il y a une chaîne religieuse (TV Zion), une chaîne sportive (TLS) et les autres chaînes d’informations. Mais il n’y a pas de chaîne de télé dédiée à la musique.
Toutes les télés ont des programmes de musique, avec des horaires bien déterminés. Cela peut être des émissions, des chroniques ; durant lesquelles des chansons sont programmées, et où des artistes sont invités sur le plateau. Le moins qu’on puisse dire, c’est que la relation entre les artistes et les médias, est d’une nature incertaine.
A cause du dysfonctionnement de l’industrie musicale, les artistes sont réduits à négocier leurs passages télés eux-mêmes, à grands renforts d’enveloppes aux montants librement fixés par les animateurs d’émission. Ceci, au grand dam des services commerciaux des chaînes.
Pas d’enveloppe, pas de passage à la télé. Pis, certains animateurs d’émissions de certaines télés font de la mauvaise publicité à des artistes qui se retrouvent dans l’incapacité de verser des commissions. Et la situation n’est pas prête de s’arranger. Ce cancer hélas n’est pas la chasse gardée de la télévision.
La Radio ?
Heureusement qu’il en existe suffisamment, et qu’elles résolvent le problème d’immobilisme posé par la télévision. Les radios, il en existe une centaine, sur toute l’étendue du territoire ; avec plus d’une vingtaine pour la seule ville de Lomé.
Les radios ont une audience un peu plus large et plus fidèle que la télé. Mais cela ne résout pas forcément le problème de visibilité des artistes. Autant de radios, autant d’émissions musicales, autant d’auditoire, autant d’animateurs à séduire. A y voir de près, les artistes y brûlent des plumes parce que les acteurs ne connaissent pas le rôle qui leur est dévolu.
Fort heureusement, il existe quelques stations de radio spécialement dédiées à la musique. Taxi FM (FM 93.1), Hits Radio (104.7), Radio KNTB, pour ne citer que celles là, ont un contenu musical quasiment à hauteur de 85% de leur contenu global. La promotion des chansons, la publicité autour d’événements musicaux…presque tout le monde y trouve son compte.
Il convient de noter que la Radio Zéphyr (92.3) tente de se démarquer, en ce que son directeur est à la tête d’un label musical, Fanga Music, ayant regroupé une poignée d’artistes talentueux. Elle émettait également sur le net, à une époque, et est à l’origine de la compétition musicale la plus importante du pays : le Togo Hip-hop Awards.
Presse écrite et presse en ligne
La musique n’est pas le chou gras de la presse togolaise. Elle s’y intéresse peu ou plutôt les mélomanes ne se tournent pas vers la presse pour être au courant des dernières actualités musicales. Des magazines dédiés à la musique ? Il y avait « Star Magazine », un magazine dédié aux artistes, à leur vie et à leur carrière. Malheureusement, elle a disparu des kiosques depuis longtemps. Et si personne ne s’en émeut, c’est peut-être parce qu’elle n’a pas été utile.
Pour pallier à tous ces manquements, les artistes ont décidé de « prendre en main » leur carrière, en prenant d’assaut le web.
A défaut de passage à la télévision, on met la vidéo en ligne sur Youtube ; à défaut de la radio, on crée un profil Deezer ou Soundcloud ; à défaut donc d’auditoire, bonjour les pages Facebook sponsorisées. Qu’est-ce qui est vraiment fait pour la promotion de la musique ? Quelques sites et blog créés çà et là. In fine, le désordre est juste déplacé sur un autre front, sans début de solution.
Les médias sont au service de la culture, et de l’industrie musicale, en particulier. Pour peu qu’une réelle industrie existe. Parce qu’une industrie, une vraie, après avoir mis les moyens sur le processus de création, se dote des moyens de diffusion propres (radio, télévision, plate-forme de téléchargement.)
Restructuration des médias, véritable organisation de l’industrie musicale… peut-être que le salut passe par là.
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