L’histoire du tam-tam au Sénégal
Le tam-tam est apparu la première fois en pays sérère (ethnie du Sénégal). D'après le tambour major Omar Thiam, il est apparu entre le 11e et 12e siècle dans le Sine (Sénégal), d’où son appellation « Junjung ya ca Siin ».
Par Sobel Dione.
« On l’appelait « lamb », après on l’a remplacé par « junjung ». C’est pour cela que l’on dit : « Junjung ya ca Siin ».
À l’époque des rois, on utilisait le « xiin » pour les glorifier et les galvaniser. C’est à ce moment que l’on a commencé à vivre de cette culture. Au Sénégal, les sérères sont les premiers à avoir utilisé cet instrument. Après, les wolofs se l’ont approprié, indique-le regretté tambour major Doudou Ndiaye Rose. Ce que confirme Mor Diop de Bargny : « À vrai dire, les sérères sont à l’origine du tam-tam. Ils l'invitent dans toutes leurs cérémonies (mariage, deuil, fête des récoltes, lutte, etc.) ».
Dans le Sine, il y avait un nommé Sounkaré Mandé qui, un jour, a rencontré Loule Diom, un chasseur et guérisseur de Loule Sessène. Ensemble, ils partirent en brousse. En revenant, le premier cité ramena un tronc d’arbre et une peau d’animal. Il appela tous les villageois et devant eux, il réalisa cet instrument qu’il baptisa « ndouloup ». Ce premier tam-tam, était d’une longueur comprise entre 3 et 4 mètres. Il fallait alors l’accrocher à un échafaudage pour que le son soit le plus audible possible. « Quand on cherchait le propriétaire dans le village, on l’appelait à travers ce tam-tam, et l'on chantait sur son sur son rythme : « Sounkaré Mandé wo' o na cungeel (Sakoura Mandé tu es attendu - en langue sérère) ».
En outre, ce rythme a été le premier son du « ndouloup ». Aussi, « ce Ndouloup est antérieur au Ndouloup de Maad (le roi) géré par la famille Sène qu’on appelle « mbinonguérane ». Le premier « ndouloup » était tellement lourd et long qu’il n’était pas à la portée de tout le monde.
Aujourd’hui, en sus de ce « ndouloup », existent d’autres formes de tam-tam. Dans le Sine, c’est Gorongue Sène qui a décidé de réduire la taille du « Ndouloup » jusqu’à ce qu’il soit à la portée de presque tous. Il l’a rebaptisé en lui donnant son propre nom. Après, sont apparus le « sabar » dont le « lamb ou thiol », le « gorong tal mbate » (il ressemble au thiol), le « mbën mbën » que l’on appelait « hëb hëb ». Seuls leurs noms ont connu des changements.
Aujourd’hui, tous ces noms ont changé. Maintenant, on parle de « bal », de « toungouné », de « sabar ». Ces appelations-là sont typiquement sérères. Lorsque le roi a entendu pour la première fois le son du « gorong », il a su qu’il était nouveau. Il a alors demandé que cet instrument le réveille chaque matin et l’accompagne au coucher, le soir. À la mort du roi, Niokhor Sène, son fils aîné, est venu réclamer l’instrument en déclarant : « lam le xotidoum » (je suis venu chercher le tam-tam, mon heritage, en sérère). Depuis lors, le « gorong » est appelé dans le Sine « lam ».
Dans cette partie du pays de la Teranga où vivent pour la plupart des sérères, on retrouve aussi « le bal », le « toungouné » et le « hour ». Ce dernier instrument est en bois, il ressemble au « bombolong » diola.
Par ailleurs, l’on ne doit pas que la création du « gorong » et du « ndouloup » aux sérères. On leur doit aussi celle du « xiin ». C’est sous le règne de Mbegane Ndour qu’est apparu « le xiin » créé par Paaro Mbadje Ndiaye. « Xiin » signifie bruit assourdissant. Le rythme au Sénégal, c’est le Sine et les premières notes ont été exécutées dans la région du Sine. Les premiers instruments sont tous apparus dans cette contrée, de même que les premiers griots.
Si aujourd’hui on ne connaît le tam-tam que pour sa fonction divertissante, avant, il était utilisé à d’autres fins. « Auparavant, le sabar était utile pour la communication. C’est à travers cet instrument que l’on faisait appel à la population, lorsque le roi avait besoin d’elle. On faisait la même chose pour annoncer la nouvelle d’un deuil. On lançait des messages à travers cet instrument. Avant, les griots ne battaient le tam-tam que pour le roi, c’est après qu’ils en ont fait un commerce.
Chaque rythme avait son sens, à l’époque. Ainsi, la manière d’annoncer un mariage était différente de celle d’un deuil ou d’un baptême. Toutefois, la manière d’utiliser le tam-tam change d’une communauté ethnique à une autre. Chez les lébous (ethnie du Sénégal) par exemple, elle a une fonction thérapeutique.
« Les Lébous l’utilisent lors des « ndëpp ». Quand quelqu’un tombe malade, les gens sont obligés d’organiser cette cérémonie dans le village. Dans ce cas, on sort les « sabars », et pour guérir la personne, il faut interpréter des rythmes joués avec sept « galagne » en prononçant le nom du djinn du malade ; ainsi seulement, il pourra être guéri. Dans cette communauté de pêcheurs, l’on pense aussi que battre le tam-tam avant d’aller en mer peut porter chance ;« ça chasse les mauvais esprits », croient-ils.
Aussi, avoir sur soi une partie de la peau d’animal servant à fabriquer le tam-tam porterait bonheur.
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