« Nini tosali te » : l’émouvant cri du cœur de MPR
Le duo congolais MPR a mis en ligne un tout nouveau clip baptisé « Nini tosali te ».
Dépeindre les réalités locales en RDC n’est pas nouveau pour MPR. Mais, cette fois le groupe de rap lâche dans « Nini tosali te » (traduit par Que n’avons-nous pas fait ?), un émouvant cri de cœur face à ce qu’il considère comme « une souffrance de trop ».
« 61 ans après l’indépendance du Congo, rien n’a changé. Élections ou pas, c'est pareil », font remarquer Yuma et Zozo Machine, le duo qui forme MPR, Musique populaire de la Révolution (NDLR: Musique populaire de la Révolution, est un clin d’œil au Mouvement Populaire de la Révolution, parti politique fondé par Mobutu Sese Seko, l’ancien président du Zaïre et qui fut pendant des années le parti unique du pays.)
Les deux rappeurs passent en revue tous les maux de leur pays. « Ces problèmes sociaux » à savoir : le chômage, la pauvreté, l’éducation, l’insécurité, déjà mentionnés dans leur précédente sortie musicale, qui ne trouvent malheureusement pas de solutions.
Pour eux, le constat est sans appel. « De Mobutu à Félix Tshisekedi (l'ancien et l’actuel chef de l’État congolais), la situation demeure chaotique », tranche le duo congolais.
Le titre de MPR a fait l’effet d’une bombe. Artistes, mouvements citoyens et de personnalités politiques ont réagi quelques heures après la diffusion de la chanson.
« C'est une interpellation des jeunes pour que l'État fasse davantage et l'État le fera. Autant l'État doit faire, autant les jeunes doivent continuer à faire », a commenté Patrick Muyaya, ministre des médias et porte-parole du gouvernement.
« Un cantique de désespoir » écrit pour sa part le mouvement citoyen Lucha sur les réseaux sociaux. Youssoupha, lui, salue le talent du groupe. « Une fierté », poste le rappeur franco-congolais.
« Nini tosali te » dont le clip est suivi plus d'un million de vues quelques jours seulement après sa sortie, a été censurée mardi par la commission nationale des censures, le gendarme de bonnes mœurs en RDC.
Le titre du groupe MPR ainsi que sa vidéo sont interdites de diffusion à la télévision et à la radio. La chanson n'aurait pas reçu l'aval de la commission pour sa diffusion dans les médias. Est également interdite de diffusion, la chanson « Lettre à Ya Tshishi » qui tacle l'actuel président congolais.
La mesure a suscité un tollé dans le pays. La ministre de la Justice Rose Mutombo et le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits l'homme ont invité la commission de censure à lever cette interdiction. « Par leurs œuvres, les artistes véhiculent des idées et sensibilisent la société sur divers sujets. Restreindre la diffusion d’œuvres culturelles devrait être une exception », a indiqué dans un tweet l'organisation onusienne.
En seulement trois ans de carrière musicale, MPR, qui compose et interprète essentiellement en lingala, devient l'un des groupes de hip-hop le plus suivi du moment. Alors qu’il dévoile ce nouveau morceau, leur chanson « Malembe » sortie en février est toujours au top.
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