Opportunités musicales en Centrafrique
Par Gervais LAKOSSO
En Centrafrique les artistes ne vivent pas vraiment de leur musique. Les conditions de travail sont difficiles.Les mécanismes de rétribution de la création et des prestations musicales sont inexistants ou inopérants.
Ce qui oblige les musiciens à vivre dans une précarité qui entame la qualité de leur production et leur capacité à générer des revenus conséquents pour leur développement personnel et celui de leur carrière.
Comment font-ils pour tenir le coup dans ce contexte ?
Nous allons dans cet article, faire le tour des moyens de subsistances des Musiciens en Centrafrique, présenter les manques à gagner du secteur et tirer des conclusions pour clore notre papier.
Pour continuer d’exister, les musiciens centrafricains développent plusieurs activités génératrices de revenus allant de concerts en passant par l’animation des cérémonies et événements divers et les productions de leurs œuvres.
Pour les concerts, tous les orchestres et vedettes n’ont pas les mêmes privilèges. Il y a ceux qui jouent régulièrement, ceux qui se produisent sur programmation et ceux qui preste occasionnellement.
Les artistes qui prestent régulièrement qui jouent régulièrement donnent trois ou quatre concerts par semaine et gagnent entre 150.000 et 350.000 FCA par semaine (environ 250 et 600 USD).
Les recettes peuvent augmenter s’il y a des évènements particuliers comme des fêtes, anniversaires et autres cérémonies.
Les musiciens et des groupes qui jouent sur programmation profitent des possibilités que leur donnent des lieux culturels, bar et autres pour se produire.
Ils jouent un ou deux concerts par semaine et perçoivent entre 50.000 et 200.000 F CFA par semaine (85 et 340 USD).
Les artistes qui donnent des spectacles occasionnellement ont une très faible capacité de se faire programmer. Ils génèrent entre 20.000 à 50.000 F CFA par mois.
Leurs revenus peuvent augmenter s’ils sont invités à prester à une fête ou autre évènement important. Il y a également une catégorie de musiciens amateurs. Ils ne jouent que pendant des cérémonies officielles. Leurs revenus sont difficiles à estimer.
Les prestations officielles permettent aux artistes de toucher d’importants cachets en fonction de leur notoriété.
Outre des concerts, les musiciens se font payer pour participer à des campagnes de sensibilisation sur des sujets variés (les violences sexuelles, VIH Sida, paix et éducation).
La production et la commercialisation d’œuvres sur CD et/ou DVD permettent les permettent dans une moindre mesure de gagner de l’argent. On peut compter jusqu’à 5000 exemplaires écoulés, la grosse part de cette vente revient aux producteur ou au mécène.
Quant aux droits d’auteur, ils sont difficilement versés aux artistes. En effet, depuis sa création en 1985, le Bureau Centrafricain du Droit d’Auteur n’a effectué qu’une seule répartition symbolique en 1989 à partir des redevances rétrocédées par la SACEM (la société française de gestion des droits d’auteur).
Depuis lors, l’exploitation des œuvres musicales en Centrafrique ne génère pas de revenus aux ayants droit. D’ailleurs, l’ordonnance du 6 janvier 1985 sur le droit d’auteur est caduque depuis des années.
L’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle a aidé le pays à élaborer une loi sur le droit d’auteur et les droits voisins. Mais cette loi traine encore au parlement.
Les créateurs d’œuvres d’esprit attendront encore longtemps pour commencer à bénéficier des droits d’exploitation de leurs œuvres.
Les subventions dons et legs devaient aussi renflouer les poches des musiciens. Mais ce n’est pas le cas.
La crise économique qui sévit en Centrafrique donne des prétextes aux sociétés privées de ne pas sponsoriser les productions musicales, ni faire du mécénat.
Les allocations gouvernementales à la culture sont non seulement insignifiantes mais difficiles à obtenir. Par exemple entre 2014 à 2017, la part de la culture dans les budgets nationaux ne dépasse jamais 2% des budgets.
Les fonds pour la promotion de la culture ne sont accessibles qu’à ceux qui ont des liens particuliers avec les cadres du ministère de la culture. Beaucoup trouve d’autres sources de revenus pour arrondir les fins de mois.
Sauf quelques exceptions, en Centrafrique la musique ne rend pas riche.
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