Oumar Fouta - découvrez la nouvelle perle du yela
C'est en 2017 qu'Oumar Fouta est monté pour la toute première fois sur scène à Dakar (Sénégal), à l'occasion du tremplin Sene Petit Gallé organisé par le label Prince Arts. Véritable troubadour qui a longtemps sillonné les contrées du Nord sénégalais à la recherche du savoir, le jeune musicien sénégalais veut désormais s'établir dans l'univers afrofolk de son pays.
Invité en tant que finaliste du programme Sunu Talents du Goethe-Institut du Sénégal au 14e Festival des Blues du Fleuve qui s'est tenu du 10 au 12 décembre dernier à Podor (Sénégal), il promet avec sa guitare et sa voix pleine de mélodies, un bel avenir au yela, la musique peule.
Fuselé, mince, timide au premier abord, Oumar vêtu d'une grande tunique bleue et coiffé d'un « tenggaade », le chapeau identitaire peul ressemblant à un sombrero mexicain, monte sur la scène des Blues du Fleuve dans la soirée du samedi 11 décembre. La liesse de la foule qui l'accueille avec des cris et des acclamations, lui rappelle qu'il est bien chez lui à Podor, la ville hôte du festival.
« C'est dans la petite communauté rurale de Doumga Lao dans le Nord du Sénégal que je suis né », explique-t-il. « Mais à Podor, je suis bien chez moi, car cette ville appartient, comme mon village natal, à ce grand foyer historique des peuls que l'on appelle le Fouta.»
Oumar retient son souffle pendant le prélude de l'orchestre qui l'accompagne et quand il délivre ses toutes premières notes, une brise mélodieuse s'installe sur le long du fleuve Sénégal ; les habitants des 2 rives sont séduits.
Le premier conquis, c'est la légende Baaba Maal, promoteur du Festival des Blues du Fleuve et parrain du programme Sunu Talents, qui depuis les gradins, voit Oumar sublimer son indémodable « Baayo », écrit en 1991 pour traduire la douleur ressentie à la disparition de sa mère.
La suite de la performance du jeune artiste est un vrai récital d'afrofolk, embelli tantôt par les inspirations pop et jazz de la bassiste Maah Koudia Keïta en grande forme. Oumar impressionne avec ses envolées vocales mais aussi avec son jeu de guitare qui est d'une rare justesse. Malgré la pression, sa main est ferme, elle ne tremble pas.
La prestation pleine de maîtrise d'Oumar aux Blues du Fleuve 2021 n'est qu'un aperçu de sa jeune carrière de seulement 5 ans, qu'il mène pourtant avec maturité, stratégie et patience.
« Mouvement », voilà bien le mot qui décrit son évolution, depuis ses débuts timides dans son Doumga Lao natal, à ses soirées musicales souvent mouvementées à Dakar, la capitale sénégalaise, où il est actuellement établi pour des études de musique à l'école nationale des arts.
Oumar a dû, pour se construire, réaliser de nombreux voyages et procéder à certaines révolutions dans sa façon de sentir la musique. Le premier mouvement qu'il opère dans sa carrière, c'est le passage fort significatif du chant religieux à l'afrofolk profane.
Dès mon plus jeune âge, je chantais dans des cérémonies religieuses au village et quand j'ai commencé à faire de la chanson mondaine, beaucoup étaient choqués autour de moi. Mais j'ai réussi à me convaincre moi-même que je pouvais bien pratiquer à la fois de la musique religieuse et profane, sans que cela ne soit un scandale.
C'est l'univers du folk que le jeune musicien choisit d'intégrer, avec cependant, la ferme volonté de préserver cette touche yela (musique peule), qui fait la particularité de son art ; il voyage à Thilogne, dans le Nord-Est du Sénégal, et s'y initie à la guitare auprès d'un certain Ahmadou Coulibaly.
Ce grand monsieur m'a appris à jouer de la guitare à la façon peule. En effet, nous avons une manière bien singulière de pincer et de caresser les cordes. Nous jouons souvent sur les double-gammes, soit en pinçant des notes aigues et leurs relatives graves. Le jeu peul, c'est une somme d'accords volontairement joués de façon incomplète, avec des notes augmentées ou diminuées qui créent des variations uniques.
Après cette importante formation, Oumar est repéré et propulsé par le tremplin Sene Petit Gallé en 2017 où il atteint la finale. L'an suivant (2018), il remporte un concours artistique pluridisciplinaire organisé par l'État sénégalais, en tant que représentant de la grande région de Saint-Louis.
L'autre événement qui viendra le pousser un peu plus vers l'avant, c'est sa sélection pour le programme Sunu Talents promu par le Goethe-Institut du Sénégal en 2021, pour soutenir des jeunes créateurs émanant des régions reculées du pays de la Teranga.
Sunu Talents a vraiment été une chance pour moi. J'ai grâce à ce programme bénéficié de nombreuses formations, mais j'ai également donné des spectacles live et surtout, j'ai pu enregistrer un clip de bonne qualité qui est disponible sur Internet. Avec Sunu Talents, nous travaillons dans des bonnes conditions.
Oumar Diby Kénémé à l'état civil, le jeune finaliste de Sunu Talents porte depuis sa participation à Sene Petit Gallé en 2017, le Fouta dans son nom de scène, mais aussi dans sa façon de pratiquer le 4e art. Un fardeau certes lourd, qui constitue tout de même une source motivation :
Chaque fois que je fais face à des difficultés, j'ai les populations du Fouta à l'esprit. Je les revois quand je ferme les yeux et quand je les rouvre, je n'ai qu'une seule envie - aller de l'avant !
Avec sa voix pleine de mélodies et de promesses, Oumar Fouta poursuit sa route. Alors qu'autour de lui, beaucoup aspirent au succès rapide, il préfère prendre son temps, apprendre un peu plus ses accords de guitare, maîtriser le solfège, s'essayer à la variété dans les cabarets de Dakar, aller doucement comme un berger peul aux côtés de son troupeau en transhumance, et toujours sûrement...
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