Sénégal : 5 percussionnistes de renom
Doudou N’Diaye Rose et Vieux Sing Faye deux des plus grands tambours-majors du Sénégal peuvent dormir tranquille, la relève semble bien assurée. Mbaye Dieye Faye, Tafa Cissé, Thio Mbaye... sont de dignes héritiers de ces grands maitres de la percussion. Voici le top 5 de Music In Africa. Il n’a pas été difficile à établir, tant les 3 ou 4 premiers se détachent largement.
On aurait pu y ajouter El Hadj Faye percussionniste du Super Étoile et petit frère de Mbaye Dieye Faye. Beaucoup disent qu’il est même plus doué que son ainé.
Bakane Seck qui clôture la liste a l’avantage de s’être plus mis en danger en quittant une position confortable (percussionniste du grand Baaba Maal) pour se mettre sous le feu des projecteurs et entamer une carrière solo.
On aurait pu choisir Aziz Seck du légendaire Super Diamono des années 80, malheureusement, ses performances ne se sont pas inscrites dans la durée puisqu’il décida en pleine gloire de marquer une longue pause dans sa carrière. Aujourd’hui, il est revenu sur le devant de la scène en accompagnant le chanteur Souleymane Faye.
C’est sûr nous en avons oublié. Entre autres : Moussa Sissokho du Kora Jazz Trio, Doudou N'Diaye Rose Junior qui est en train de prendre la voie ouverte par son illustre père ou encore Papa N’Diaye Guéweul et Alassane Djigo tous deux anciens du Super Diamono.
Maciré Dramé, batteur du Ballet national la Linguère, décédé le 19 août dernier en Gambie aurait pu être classé. Toutefois, les cinq artistes choisis n'ont pas usurpé leur rang et se défendent tout seuls.
- Taffa Cissé
Taffa Cissé est un percussionniste originaire de la Casamance (Sud du Sénégal). Auteur, compositeur, interprète et membre du mythique groupe Xalam, Taffa est un l’un des instrumentistes les plus courus de la scène mondiale.
Avec un jeu corrosif, épuré, d’une technique rare, Taffa Cissé impressionne et séduit toujours son public par son explosivité. Il faut dire, qu’il est devenu un « maitre-tambour », c’est-à dire- quelqu’un qui a passé avec succès par toutes les étapes de la formation du percussionniste.
Après avoir subi dès son jeune âge une formation solide dans le maniement des percussions, le jeune Taffa étudie la musique au conservatoire de Dakar (l’Institut National des arts du Sénégal I.N.A.S ) avant de passer à l’École Mudra Afrique créé par Maurice Béjart et dirigée par Germaine Acogny en tant que musicien et compositeur. Bien formé et passionné par son art, il intégra le réputé Ballet national la Linguère. Très rapidement, il devient l’un des plus grands solistes au Sénégal.
Au sein du Xalam groupe dont la musique est un mélange entre les sonorités sénégalaises (à fortes dose de percussions) le jazz, et le blues et l'Afro-beat, Taffa Cissé est un élément central. Aujourd’hui, il mène une carrière prolifique non seulement en tant que membre du Xalam mais aussi en tant que percussionniste hyper sollicité.
Des grands noms comme, Mick Jagger, Al Jarreau, Jean-Luc Ponty, Noêl Assolo, Habib Faye, Olivier Monteil, pour ne citer que ceux-là, ont sollicité ses services. Il a egalement composé et interprété pour la danse et le théâtre avec la chorégraphe Germaine Acogny et a, avec son groupe Xalam, réalisé des musiques films notamment Marche à l’ombre de Michel Blanc et Gérard Lanvin.
Les talents de percussionniste de Taffa Cissé ont même été sollicités lors des Atlanta Olympic Games 1996 – USA (Ballethnic-Opening) en tant que Musicien-compositeur. Les années passent et Taffa ne cesse d’étonner son monde par sa technicité et la justesse de son jeu.
Au-delà de sa façon de jouer, Taffa Cissé a le sens du spectacle. La disposition de ses tambours lors des concerts, donne l'impression au public d'avoir affaire à un drummer, tellement son arsenal peut-être magistral. L’homme est reconnu par les professionnels, mais peu connu du grand public. Quelqu’un qui a, avec Xalam, reçu en résidence et joué avec Dizzy Gillespie, Grover Washington, Sonny Rollins, travaillé avec Doudou N’Diaye Rose ou Dexter Gordon, peut-il ne pas être performant ?
L’Afrique doit mieux connaître ce digne fils pétri de talent. En attendant, C’est l’Europe et l’Amérique qui bénéficient le plus de ses connaissances. En effet, Il donne régulièrement des cours et des stages de rythme à travers l'Europe et USA.
- Thio Mbaye
Sy Tapha Mbaye plus connu sous le nom de Thio Mbaye est un percussionniste originaire de Kaolack (Sud Est du Sénégal). Thio est devenu aujourd’hui un des percussionnistes les plus respectés en Afrique. Issu d’une grande famille de griot-batteur, Thio a dès son jeune âge maitrisé l’essentiel des codes et règles des percussions.
Doté d’une technique exceptionnelle, Thio a une ouverture vers les sonorités africaines et vers le jazz. C’est pourquoi, Salif Keïta lui demande de l’accompagner en 1987 dans l’album Soro. Cet album lui vaut une estime considérable encore aujourd’hui au Mali, en Guinée et en Côte d’Ivoire.
Dans le Jazz, il est connu pour avoir été membre du Habib Faye quartet et pour avoir participé, à ce titre, au premier album solo du génial bassiste Special tribute to Jaco Pastorius... (Live at Central Park – Dakar) en 2005. Les mélomanes se rappellent de son jeu épuré sur les titres « Ten Town » et « Birdland ». Thio Mbaye est d’une rapidité déconcertante, il joue véritablement, c’est le cas de le dire, avec son instrument.
Au Sénégal, Thio Mbaye a accompagné la diva Kiné Lam. Il a été aussi pendant un long moment percussionniste de Iso Lo et ses pros le groupe du chanteur Ismael Lo avec lequel il parcourt le monde et entre plusieurs fois en studio. Il est à la baguette sur des albums célèbres comme Diawar et Africa Sunu. Thio a également accompagné le Super Diamono d'Oumar Pène et jouera dans plusieurs albums du groupe dont Live at Real World enregistré dans les studios de Peter Gabriel à Londres.
Au début des années 90, Thio Mbaye tente une carrière solo et sort l’album Rimbakh, le single « Rimbax papakh » aura un énorme succès et marquera toute une génération. Malheureusement, tellement sollicité par différents chanteurs, en plus de ses activités comme professeur de percussion, il aura du mal à poursuivre sa carrière solo. En effet, Thio Mbaye offre des cours de danse et de percussions notamment les étés en France ( un temps au parc de la Villette à Paris).
Aujourd’hui, membre du Super Étoile de Youssou N’Dour, Thio Mbaye ne tourne plus avec beaucoup de groupe tant son activité musicale avec la star sénégalaise est chargée. L’ouverture dans son jeu a sans doute inspiré Youssou N’Dour pour que ce dernier l'associe à son album Egypt qui réunissait essentiellement des musiciens égyptiens. La touche digitale du batteur avait su adapter les percussions à la musique orientale et aux sonorités sénégalaises.
- Mbaye Dièye Faye
Mbaye Dièye Faye est appelé le frère jumeau de Youssou N’Dour tant il a accompagné toute la vie artistique du patron du Super Étoile. Percussionniste de génie, il a grandi auprès de son père Vieux Sing Faye Tambour-major aujourd'hui disparu du Cap-Vert (Région de Dakar). À ce titre, Mbaye est l’héritier d’une grande lignée de percussionniste.
Très tôt, il assimile le jeu et ses subtilités. En plus de l’animation des cérémonies familiales et culturelles, Mbaye Dièye intégre les groupes de Dakar (Le Diamono) dans les années 70.
À l’époque, le rythme mbalakh n’est pas encore trop présent dans la musique sénégalaise et les percussionnistes jouent sur des morceaux plutôt proches de la salsa ou de la rumba. Mbaye Dièye Faye se révèlera un bon joueur de toumba et congas. Lorsque Youssou N’Dour fonde le Super Étoile, Mbaye Dièye le rejoint pour ne plus le quitter.
Extrêmement doué et animateur hors-pair surtout aprés la mort de Alla Seck danseur du groupe dévoué à cette tâche d’animation, le fils de Sing-Sing devient un élément clé dans la carrière de Youssou N’Dour. En parallèle, il a accompagné des artistes comme Peter Gabriel, Sting a joué avec Paco Sery. Il mène une carrière solo assez intense en compagnie de son groupe le Sing-Sing Rythm.
Avec ce dernier groupe, composé essentiellement de ses frères, il a sorti des albums comme Oupoukaye, Rimbi-Rimbi et Songouma (le plus célèbre d’entre tous). Mbaye Dièye est un curieux, au gré des voyages avec le Super Étoile, il ramène des percussions de pays proches comme lointains qu’il intègre à ses compositions. Il peut s’agir d’une derbouka algérienne comme d’un tambour japonais…
- Abdou Mboup
Abdou Mboup est sans doute le percussionniste le moins connu de la bande au Sénégal. Pourtant, on dit qu’Abdou est le premier musicien sénégalais à avoir incorporé certains instruments traditionnels dans la musique du pays.
Né dans une famille de griots, à Kébémer (Nord-Ouest du Sénégal), a joué dès les années 70 avec le groupe Xalam qu’accompagnait le trompettiste Jazz sud-africain Hugh Masekela. Avec ce groupe, Il fait le tour de l’Europe et joue en Afrique du Sud.
La vie de percussionniste d’Abdou Mboup est un voyage permanent. Installé à Paris au début des années 80, Abdou Mboup se fait une réputation très vite. C’est ainsi qu’il croise la route d’un autre trompettiste l’américain Jon Hassell. Il accompagnera ce dernier au Festival Womad de Londres en 1982. Ensuite, c’est la rencontre avec Eddy Louiss dont le batteur n’est autre que le célèbre Paco Sery. Il passera dix ans avec ce groupe enchainant les tournées et les séances de studio.
Plus tard, il fera partie des membres fondateurs du mythique Sixun avec toujours Paco Sery aux drums, mais aussi Alain Debiossat aux Keyboards et Michel Alibo à la basse.
A la même période, il devient professeur de percussions à l'École de musique Loisirs et Culture en France. Abdou Mboup va aimer l’enseignement et partager son expérience aux plus jeunes. C’est ainsi qu’il accepte d’enseigner le rythme « world music » à la New School University, New York.
Doté d’un jeu technique, libre et d’une sensibilité rare, Abdou Mboup a joué avec Claude Nougaro, Michel Petrucciani, Joe Zawinul, Nina Simone, Ron Carter, Manu Dibango, Wycliffe, Johnny Clegg, Angélique Kidjo pour ne citer que ceux-là. Il a écrit et réalisé pour Randy Weston ou Jean Luc Ponty également. En dehors de ses nombreuses activités, Abdou Mboup trouve le moyen de mener une carrière solo assez riche.
À la tête de sa bande dénommé « Waakaw » (les ruraux en wolof) en référence à ses origines, il a sorti des albums qui ont pour titres Sénégal, Blessing, Sandang ou encore Let’s Get together. Abdou Mboup aussi du N’Goni, de la kora et du Tama (Talking Drum).
- Bakane Seck
Bakane Seck est natif de Kaolack (Sud Est du Sénégal). Son père Yeumou Goor Seck est issu d’une lignée de grands batteurs. Bakane Seck est connu pour avoir accompagné pendant douze ans l’autre star de la musique sénégalaise : Baaba Maal pour ne pas le nommer. Avec ce dernier, il tourne partout dans le monde.
Tout a commencé pour le jeune Bakane à Kaolack dans sa famille où il apprend les rudiments du métier. Ensuite, il débarque à Dakar à la mort de son père en 1989 et intègre le groupe appelé « Wareef ».
La consécration pour le jeune kaolakois arrive quand il a la chance de participer à l’album Leumbël de la légende Doudou Sow ancien chanteur du Number one qui était ,certes à l’époque, sur le déclin mais qui restait tout même une valeur sure de la musique sénégalaise.
Maitrisant à la perfection les techniques de la percussion traditionnelle, il y a ajouté une certaine ouverture en tournant avec des artistes comme Baaba Maal et Viviane N’Dour. Bakane a collaboré avec des chanteurs comme Alioune Mbaye Nder, Youssou N'Dour qui l’a associé à beaucoup de projets de son label et Omar Pène dont il a été un temps le percussionniste en chef. Bakane joue pour le chanteur Pape Diouf désormais.
En 2011, Bakane Seck crée son groupe le Jéri-Jéri et entame une carrière solo tout en continuant à collaborer avec des artistes de la scène nationale. En 1998 son album Nawett a bien accroché les mélomanes.
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