WOMEX 2018 : Mara Seck livre ses impressions

Bonjour Mara. Pourrais-tu te présenter à nos lecteurs ?

Bonjour Jean de Dieu, je suis Mara Seck, un artiste sénégalais.

Je suis originaire de la Medina, un quartier très populaire de Dakar (Sénégal), où j'ai passé la plus grande partie de ma vie.

J'appartiens à la famille Seck (du côté paternel), une lignée de griots au sein de laquelle le savoir musical se transmet de génération en génération.

Je suis percussioniste, chanteur et danseur du groupe Guiss Guiss Bou Bess.

Pourrais-tu nous parler un peu de Guiss Guiss Bou Bess ?

Guiss Guiss Bou Bess est une expression wolof (langue du Sénégal), que l'on pourrait traduire en français par « nouvelle vision ».

Il s'agit d'un projet artistique pensé depuis bien longtemps, qui ne s'est concrétisé que très récemment.

Avec mes compagnons, le percussioniste Aba et le beatmaker Stéphane Costantini, nous avons eu l'idée de développer des créations artistiques originales, en associant des accents très contemporains à nos rythmes traditionnels sénégalais.

Nous avons commencé à travailler en 2016 et c'est en 2017 que nous avons proposé notre premier spectacle live à Dakar, dans la maison d'art d'Aissa Diome.

Le 25 novembre 2017, avec le concours de l'Institut Français du Sénégal, le groupe s'est véritablement lancé, avec une tournée européenne de promotion en Allemagne, en Suède, en Belgique et en France.

Après seulement un an de scène, votre groupe est convié à cette rencontre de grande envergure qu'est le WOMEX. Quelles sont tes impressions ?

Un immense plaisir ! Nous savons ce que représente le WOMEX, c'est une importante opportunité  de se produire en live devant des professionnels de la musique venus de partout et nous avons travaillé dur pour bien préparer cette rencontre.

Il n'est pas donné à tout le monde d'être retenu en showcase au WOMEX, pour nous c'est un réel privilège. Mais être ici ne signifie pas que l'on est arrivé ; c'est un début et nous savons qu'il y a encore du chemin à faire.

Heureusement que nous sommes soutenus par des gens qui croient en notre potentiel, notamment Julie Poncelet du groupe Scènégal ethic , Helico et Camille Seck mon épouse, directrice de KAANI.

Que penses-tu du WOMEX ?

C'est un moment important, qui rassemble des artistes et acteurs culturels venant des 4 coins du globe. Je pense que le WOMEX représente une véritable chance pour les musiques du monde.

Seul bémol, la faible participation africaine. Nos stands ici se comptent du bout des doigts.

Je pense pour cela qu'au niveau du continent, nous artistes, devons proposer du contenu de haute qualité afin d'attirer d'avantage de professionnels et faire vivre notre industrie musicale, qui je le pense, mérite d'être encore plus présente sur les grands marchés musicaux.

Dans les conférences de la WOMEX Academy cette année, il a très souvent été question de la mobilité des artistes africains et des questions de visas, qu'as tu à dire de ce sujet ?

Il s'agit d'une question délicate...

Beaucoup d'artistes africains voient leurs concerts être annulés en occident faute de visa.

Ce sont des situations très stressantes, qui nous rappellent que les barrières ne sont pas encore totalement ouvertes, même si de nombreux slogans clâment la liberté de circulation des personnes.

Même moi j'ai failli manquer mon showcase ici à Las Palmas, après des difficultés rencontrées au niveau d'un aeroport français d'où je devais rejoindre l'Espagne ; je ne souhaite pas trop en parler.

Puisqu'il s'agit essentiellement d'une question de diplomatie, je ne suis pas la personne la mieux indiquée pour proposer des solutions. Mais je crois que la question de la mobilité des artistes devrait préoccuper nos autorités.

Un artiste est un ambassadeur pour sa nation, il ne devrait pas avoir d'entraves quand il faut aller défendre sa nation sur d'autres territoires.