Interview : Doudou Sarr, promoteur du Dakar Music Expo et manager international de Youssou N'Dour
Doudou Sarr est un expert reconnu du secteur musical en Afrique. Longtemps basé à Londres en Angleterre, il est maintenant établi au Sénégal. Manager international de Youssou N'Dour, Doudou Sarr est l'initiateur de Dakar Music expo, un salon international de la musique qui a tenu sa première édition du 28 janvier au 2 février 2020. Music In Africa l'a rencontré aux Almadies (Sénégal), pour une longue interview où il s'est dévoilé pour nos lecteurs.
Parcours d'un passionné de musique
Je suis un passionné de musique depuis l'enfance. Si on dit aujourd'hui à mes amis du Lycée de Malick Sy de Thiès (Sénégal) que je travaille dans la musique et que je suis le manager de Youssou N'Dour sur l’international, ils ne seraient pas surpris. J’ai été l’un des premiers à organiser des soirées discos dans les clubs thiessois à l’époque.
Mon amour pour la langue anglaise a tout changé également ; j’ai appris l’anglais en écoutant du reggae, avec des amis, pendant les week-ends, nous nous amusions à traduire les pochettes des albums.
En 1984, après mon bac, je suis parti en France, là-bas, j’ai fait des études de langues étrangères appliquées. Après, je suis allé m’installer en Angleterre où en tant que noir, j’avais l’impression d’avoir plus d’opportunités.
Durant tout mon cursus, la musique et les arts ne m’ont jamais quitté, j’ai toujours été impliqué soit dans la promotion d’albums soit dans la production événements culturels relatifs à l’Afrique ; même quand j’étais professeur dans des lycées en Angleterre, les week-ends, j’organisais des soirées ; j’ai eu une galerie d’art, j’ai organisé des défilés de mode etc.
Après j’ai voulu en connaitre plus sur le secteur musical, c’est ainsi que j’ai commencé à fréquenter les salons internationaux comme le WOMEX, c’était une chance pour moi de pouvoir accéder à ces rendez-vous professionnels car peu d’Africains les fréquentent en raison des exigences financières et des problèmes de visas.
Je vivais déjà en Europe et les billets d’avion n’étaient pas chers. C’est ainsi que j’ai fréquenté durant des années ces rendez-vous internationaux, où j’ai rencontré des gens formidables qui m’ont aidé, m’ont montré des tas de choses et cela a contribué en 25 ans, à forger le professionnel que je suis.
Samouraï au WOMEX 2008
Les samouraïs, c'est un petit groupe de professionnels estimés de la communauté musicale mondiale qui se réunissent pour mettre sur pied le programme et les selections du WOMEX.
Si aujourd’hui au WOMEX, on présente un forum des DJs, c’est un peu grâce à moi et deux autres amis. J’avais, avec un ami DJ rwandais, fait du lobbying pour dire aux organisateurs que dans la world music il y avait les DJs à considérer également.
Avec cet ami, on faisait partie d’une frange de jeunes qui fréquentait le WOMEX. J'avais fait aussi une intervention très bien suivie à Essen (Allemagne) sur le sujet : « Introducing world music to younger audiences » ; il faut dire que le public de la world music se limitait à une certaine classe d'âge.
Pour tout cela, j’avais été identifié comme un professionnel africain, expert de la world music. C’est dans un souci d’ouverture, de diversité et de démocratie que le directeur de l’epoque du WOMEX, m'avait choisi en 2008, comme samouraï.
Avant moi, il y a eu Rita Ray qui est Ghanéenne et présentatrice de la BBC et Youssouf du Festival Sauti Za Busara.
Jusqu’à présent nous sommes les seuls, mais je pense qu’il va y en avoir beaucoup plus, car de plus en plus de professionnels africains fréquentent ces salons ; Ici au Senegal il ya plusieurs professionnels qui ont les competences pour etre Samourai. A mon avis c’est juste une question de temps.
Manager international de Youssou N’Dour
Youssou N'Dour est avant tout un grand frere et nous étions d’abord des amis, on se connaissait avant de commencer à travailler ensemble.
C’est un grand frère et ce que j’admire le plus c’est son patriotisme, son amour pour son pays et l’Afrique ; tout ce qu’il a gagné, il l’a investi au Sénégal, c’est une vraie source d'inspiration pour moi.
En tant qu’immigré, Youssou, à travers sa musique, a été pour moi un lien avec le pays, sa musique a atténué ma nostalgie. Toutes ses chansons résonnaient avec une telle force en nous, que nous ne le remercierons jamais assez.
Chaque fois que je le rencontrais à l’occasion de concerts qu’il donnait en France, Habib Faye, lui et moi nous discutions beaucoup. Il me connaissait donc, et avait reconnu en moins quelqu’un qui connaissait bien le secteur, aime l’Afrique et porte des idées pour développer l'industrie.
En outre, j’ai été témoin du développement sur la scène internationale de toutes les grandes stars africaines actuelles.
Les Chinois disent que la chance, c’est quand la préparation rencontre une opportunité. Quand l’occasion s'est présentée de travailler avec lui, j’étais prêt, j’étais un professionnel accompli, j’avais déjà fait mes armes en Angleterre, je savais comment gérer un contrat, comment gérer une tournée, je connaissais les festivals, j’avais une cartographie de la scène musicale mondiale, quand on parlait par exemple d’une salle à Sydney ou à New York, je voyais tout de suite de quoi il s'agissait.
Je ne le remercierai jamais assez, car il fait partie des personnes qui ont contribué à mon retour au Senegal. Depuis lors on travaille ensemble, cela fait près de 10 maintenant et ça se passe très bien. Il a confiance en moi et me laisse faire à ma guise, j’apprends aussi beaucoup, à ses côtés, je comprends aussi que le travail et la rigueur sont les seuls secrets de la réussite.
Initiateur du salon professionnel Dakar Music Expo (DMX)...
Dakar est un carrefour des musiques africaines ; avec son rayonnement, il mérite d’avoir un salon professionnel comme l'Atlantic Music Expo à Praia, Visa For Music à Rabat, etc...
Je sais qu’il y a eu des tentatives comme le SIMA avec le Bema, Youssou N'Dour avait même initié DK 24 Festival en 1999, auquel des artistes comme Magic System, Daara J Family, Amadou et Mariam et d’autres ont participé.
Entre-temps nous avons perdu du terrain par rapport à d’autres villes qui ont peut-être plus de soutien que nous. Mais vu ce que Dakar représente pour la musique, je me suis dit qu’il fallait une plateforme pour réunir tout le monde, par exemple beaucoup d’artistes, de musiciens africains sont établis dans la capitale sénégalaise, c’est ainsi que j’ai pu présenter la soirée Africa RemiXX Orchestra avec 12 artistes africains de Dakar, lors de la première édition du DMX.
Beaucoup de facteurs ont contribué à me faire penser qu’un salon professionnel était nécessaire à la ville de Dakar, qui est quand même une plaque tournante de la musique africaine. Après avoir visité les autres salons, je me suis dit que je devais faire à la hauteur de mes moyens, une rencontre professionnelle ici.
Le besoin existe et beaucoup de raisons me font croire qu’on peut aider les artistes africains à se connecter pour échanger, afin que chacun s’inspire des expériences de l'autre.
La professionnalisation, l’enjeu fondamental pour les scènes africaines
Rien ne peut se faire sans professionnalisme. Si on regarde bien, il y a des chartes professionnelles très claires et tout est basé dessus ; il y a une chaine de valeur qu’il faut respecter et on ne peut sauter aucune de ses étapes.
Tant qu’on arrivera pas à mettre en place une chaine de valeur digne de ce nom, on ne pourra pas prétendre avoir une industrie musicale vivante. Pour le moment nous avons une scène où des choses se passent, mais pas une industrie.
Par exemple au niveau institutionnel, pour les droits d’auteur, il y a des choses à améliorer. La Sodav est en train d’avancer sur certains aspects ; il y a des discussions à avoir avec les compagnies de téléphonie mobile pour mettre en place un nouveau business modèle, il y a plein de choses sur lesquelles on devrait réfléchir, mais tant qu’il n’y a pas de professionnels dignes de ce nom en face d’autres acteurs de la chaine, on ne pourra avancer sur grand-chose. La professionnalisation est d’une importance capitale.
Formation des acteurs et structuration des marchés locaux
La formation, l’enseignement et l’apprentissage, l’accès à l’information, savoir ce qui se passe dans son secteur, pouvoir avoir accès à d’autres marchés, à certains débouchés, c’est hyper important.
La formation et la pratique c’est primordial !
Il faudrait aussi que l’on réfléchisse sur un nouveau business modèle ; il faut créer la transaction, il faut convaincre les sénégalais à acheter la musique de manière directe ou indirecte. Par exemple dans le domaine du cinéma avec les téléfilms, on constate que ça se développe parce qu'il y a des annonceurs qui payent ; il faut trouver des modèles similaires, même si la transaction est minime, si c’est bien fait, on s’en sort.
La transaction est à la base de tout !
On dit que nous sommes un petit pays alors que la Suède qui ne compte que 10 millions d'habitants ou ou plus petit encore la Jamaique représentent lourd sur l’échiquier musical mondial. Peu importe la taille de la population, du moment que l’on arrive à créer de la transaction et qu’elle est répertoriée, nous pourrions avancer.
Avec la téléphonie, l’argent mobile, on peut faire beaucoup de choses c’est ce qui est en train de se passer au Nigeria. Ils ont compris en bon businessmen que dans un pays de plus de 100 millions d’habitants, si un 1/3 consomme ce qu’ils produisent on crée de la richesse.
C’est comme ça qu’ils ont créé leurs propres stars, même avant de sortir de leur pays, ils sont des stars, et ça il faut arriver à inculquer ici, partir de nos bases, car le meilleur marché, c’est ton propre marché, le marché local, on maîtrise le Sénégal, créons d’abord le marché sénégalais et ensuite seulement, parlons d’exportation si besoin en est, car tout n’est pas exportable.
L'autre dynamique sera de voir ce qui est exportable et étudier comment l’exporter ; mais en attendant, on a 14 millions d’habitants, c’est un marché non négligeable, si on regarde le Danemark, la Suède ou encore la Norvège, ce sont des pays à plus faible population que le Sénégal, certes beaucoup plus riche, mais on peut s'en inspirer.
Si on prend 10000 sénégalais qui achètent un billet de concert à 2000 francs FCFA, c’est déjà considérable, il faut juste s’assurer que le coût total de la production ne dépasse pas la somme totale des 2000 x 10000 pour faire un bénéfice.
Le profil type du jeune qui achète un billet pour le concert de Dip, n’est pas le même que celui achète le billet de 10000 pour le concert de Wally Seck au Grand Théâtre, mais chacun y trouve son compte. Chacun à son public, il faut que l’offre artistique soit diversifiée.
On a le continent le plus riche, si on tient le bon business-modèle, ce sera très bien, on devra juste encourager le savoir faire et les compétences pour exploiter l’immense potentiel que nous avons.
L'Afrique, le nouvel eldorado ?
L’Afrique à son mot à dire, mais il ne faut pas s’inscrire dans une logique de concurrence, nous avons nos propres modèles à développer par rapport au contexte local, et il faut s’atteler à ça.
Tout ce qui se passe au Nigeria, n’est pas le fait du hasard. Ils se sont réunis régulièrement pendant des annees , chaque mercredi dans un hôtel à Lagos, pour réfléchir ensemble et voir comment développer leur secteur, comment trouver le modèle adéquat pour le marché local et comment arriver à ce qu’il y ait une transaction.
Il faut que les gens se retrouvent et réfléchissent ensemble ; je me rappelle que dès 2008, dans les clubs au Nigéria, on passait 70% de musique locale ; maintenant, il est rare d’entendre du rnb dans toute l’Afrique. Cela a été pensé de toute pièce, et même pas à un niveau étatique, non ! Ce sont les acteurs de l’industrie eux-mêmes qui y ont pensé ; il y avait des directeurs de labels, des producteurs, des agents marketing qui se sont demandés ; comment créer des sons qui puissent plaire aux jeunes, comment les inciter à consommer et ensuite faire en sorte que nos compagnies téléphoniques soutiennent ce développement.
Tout ce qui se passe actuellement au Nigeria, c’est le résultat d’un travail de très longue haleine, on devrait s’inspirer tous de ça. En Afrique du Sud, ils ont également compris et le Congo, avec le label de Youssoupha et la connexion avec la France, commence à marcher ; en Côte d’Ivoire il y a une très bonne dynamique aussi.
C’était par ailleurs une des missions de Dakar Music Expo, de pouvoir réunir les professionnels du secteur et discuter. Je n’aimerais pas que l'on ne se retrouve qu'une seule fois dans l'année, pour penser au développement du secteur ; je pense qu’il y aura d’autres rencontres.
Rien que dans la musique électronique par exemple, qui est le domaine le plus démocratique qui puisse être, nous avons raté plusieurs fois le coche et pourtant les gens ici sont hyper doués.
Dans une maison de disque, il y a très peu de musiciens, ce sont des hommes d’affaires, des businessmen, il faut que ceux-là qui peuvent faire du modeling se posent avec les artistes, les créateurs et discutent de ce qui peut marcher.
Je répète toujours, que quand tu prends de la viande de porc et que tu décides de l’exporter en Arabie Saoudite, si ça ne marche pas, tu ne peux que t’en prendre à toi-même ; tu n’as pas fait ton étude de marché, on sait très bien qu’en Arabie Saoudite on ne mange pas de porc. Tu peux trouver une niche d’expatriés pour écouler ton porc, tu pourras au moins vendre une petite partie de ta marchandise aux expatriés chretiens qui vivent sur place, car il y a une notion de niche quand même dans les affaires. Mais tout n’est question que de marchés et de ce que ça nécessite comme produit. Après en terme de règlementation et d’accompagnement institutionnel, il y a beaucoup de progrès à faire.
Dakar Music Expo dans les années à venir
La première édition a servi de test. On sait que la demande existe, on a reçu beaucoup d’encouragement, les retours sont tous très positifs. Dakar est une ville très attractive, ce matin, j’ai reçu des messages qui me disaient « on sera là l’année prochaine », j’ai déjà beaucoup de manifestations d’intérêts pour une prochaine édition, des sollicitations qui viennent des quatre coins du monde. Oui on va pérenniser l’évènement tout en espérant que les sponsors répondent à notre appel, que les institutions veuillent aussi nous rejoindre et que cela sera accompagné par tout le monde.
Ici, on sera tributaires de ces accompagnements-là, l’intérêt est commun. Dans le monde, des évènements de ce genre font vivre des villes, c’est le cas à Austin (États-Unis) avec le SXSW. Les retombées financières peuvent être très intéressantes pour les hôteliers, le commerce, pour les transporteurs, les compagnies aériennes, etc.
On voit bien qu’au Maroc, la Royal Air Maroc (RAM) joue un rôle primordial pour par rapport à tous les évènements qui ont lieu durant toute l’année dans le pays, il faut que nos compagnies locales comprennent les enjeux et participent, car au finish, il y a un réel retour sur investissement. Tu sponsorises dix billets, tu as 100 billets vendus par rapport à l’évènement, c’est donc une vraie opportunité pour des compagnies nationales comme Air Sénégal.
Ainsi on pourra ensemble amorcer un développement réel et faire briller la ville de Dakar sur le plan international. Dakar sur le plan culturel, a plein d’atouts qui ne demandent qu’a être exploités.
Après sans accompagnement, je le garderais résolument modeste (le salon), avec mes moyens, avec l’Institut Français s’ils sont toujours à nos côtés, sinon, je chercherais aussi un autre endroit, mais DMX gardera une proportion raisonnable. Je reste réaliste dans mes entreprises.
La nouvelle génération de la scène sénégalaise
Je déplore une chose, pas par rapport à une génération ou à un contexte, mais ces dernières années, on est venu à aimer la facilité et le buzz au Sénégal.
Quand on regarde la carrière de Youssou N'Dour qui devrait servir d’exemple à tous, on comprend que rien ne se fait en un jour. C’est très bien de créer, je salue cette créativité avec ces styles nouveaux, mais il faut qu’on se parle, tant que les musiciens resteront tous seuls dans leurs studios sans impliquer les businessmen, ce sera extrêmement difficile de développer quelque chose.
Il faut que les gens échangent, d’où la nécessité de plateformes de discussions, pour que les gens se retrouvent et parlent ensemble, sans arrogance, sans aucune prétention, là on pourra ensemble arriver à quelque chose. On peut valablement structurer le marché local et créer de la richesse, c’est ce qui s’est passé au Nigéria. Nous ne devons pas attendre qu’on nous valide à Paris ou à New York, validons-nous nous-mêmes comme disait Cheikh Anta Diop ; il y a des synergies à créer.
Quand j’étais en France, il y a 30 ans, c’était difficile d’écouter du son africain, maintenant tout cela a changé, ce sont des Aya Nakamura, Dadju, Maître Gims que tu entends ; ce sont des africains, c’est un son africain, il faut réfléchir à créer quelque chose ici d’abord, mais qui peut avoir une résonnance mondiale.
Tous les nigérians qui jouent partout dans le monde, leur public est essentiellement nigérian, africain.
Peut-être que Burna Boy est en train de réussir un crossover, en parvenant à se faire un public non-africain et c'est excellent, tant que tu parviens à te faire ton circuit et tourner sur 150 dates dans l’année. Youssou quand il joue à l’étranger devant 15 000 spectateurs c’est très bien, mais c’est notre marché local qu’il faut fortifier d’abord, si ton marché local te suffit, si tu parviens à vivre très bien grâce à ton marché local, s’exporter devient un bonus, il faut que tout le monde soit conscient de cela.
Le jolofbeats, c’est très bien et ca a du potentiel. mais je pense qu’au niveau du son, de la création et de l’exportation, il y a encore du travail à faire, il faut qu’on réfléchisse a comment pousser ca plus loin.
En Jamaïque, les producteurs traditionnels ce ne sont pas des musiciens mais des hommes d’affaires. Le mec au coin du studio avec son joint fumant et qui te dit « rajoute ici de la guitare, là un autre truc », ce sont de vrais commerçants qui savent ce qui marche, ils ont l’oreille de la rue.
Essayons de faire rencontrer les fabricants et les vendeurs. Dans les maisons de disques, le département marketing est tenu par des vendeurs avant tout. Et bien avant la fabrication, c’est à la conception qu’il faut réfléchir. Il faut que le processus de création ne soit plus isolé mais un processus de groupe, d’ensemble. C’est comme ça seulement qu’on pourra y arriver.
Le mbalakh pas exportable ?
Pourquoi vouloir l’exporter ? C’est comme vouloir vendre du porc en Arabie Saoudite - tu peux trouver une niche oui , mais à priori, ça ne marchera pas. Développons la consommation ici, si tous les mbalakhmen faisaient des entrées à 5000, 10 000 ou 15 000 francs CFA, ce débat n’existerait pas.
Quand tu joues le mbalakh au Mali ou en Gambie, c’est déjà de l’exportation, qu’est-ce qui motive réellement ces musiciens ? Exporter ou voyager en Europe ? C’est une question qui mérite d’être posé.
Le mbalakh est une musique très riche, quand nos musiciens en jouent, les autres sont en admiration, quand on sait que la maîtrise du style n’est pas donnée.
Si le Sénégal était un pays anglophone, le mbalakh serait la musique de référence du monde entier. Ce que l’on joue est hyper compliqué, c’est très difficile à déchiffrer pour un non-sénégalais, c’est une vraie richesse, il ne faudrait pas minimiser ça. C’est notre identité aussi, la musique mbalakh qui fait vibrer le Sénégalais. Après en termes d’appréciation, le sénégalais est peu curieux d’autres sonorités, il existe très peu de vrais mélomanes dans notre pays
Il y a des musiques que le monde entier se partage, des styles comme l’électro ou le reggae. La réflexion serait : pourrions-nous sénégalais, profiter du gâteau « musique électronique » ou du reggae, après nous être assurés d'avoir tiré entièrement profit du mbalakh ? Si le marché local est assez fort, de façon à ce que chaque groupe trouve son audience et que la transaction puisse avoir lieu pour créer de la richesse, ce serait parfait !
L’exemple le plus visible actuellement c’est Dip Doundou Guiss avec son public. Il a su créer son audience, avec des fans qui viennent à ses concerts et achètent ses billets, c’est ça la création de richesse. Après, si les opérateurs économiques comme ceux de la téléphonie suivent, on gagne encore plus.
Il faut avoir une véritable machine de guerre ; tu ne peux créer une influence à l’extérieur malgré internet et des followers, sans grosse publicité avec de grands médias ; c’est impossible !
C’est pourquoi il faut d’abord consolider ce que nous avons ici créer des richesses ici d’abord. Il ne suffit pas seulement d’aspirer à le développer, mais il y a le travail et l’accompagnement professionnel qui vont avec.
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