Les musiques traditionnelles au Maroc
Le Maroc est un pays qui regorge de musiques traditionnelles qui se diversifient selon les régions. Voici une liste non-exhaustive des principales.
La Dakka marrakchia (ville de Marrakech)
La Daka marrakchia est un genre musical spécifique à la ville de Marrakech. Son nom vient du verbe « Dakka » signifiant « frapper » en arabe, qui renvoie aux battements sur les percussions. La Dakka marrakchia est pratiquée pendant l'achoura, ainsi que lors de festivités familiales comme les mariages, les baptêmes ou les fiançailles etc.
Selon des données relatives à l’origine de la Dakka marrakchia, cet art folklorique serait originaire de la ville de Taroudant (Maroc). Ce sont les tanneurs qui seraient les initiateurs, vu qu’ils la pratiquaient pour rendre leurs tâches plus agréables. Pour jouer la Dakka marrakchia on utilise le N’far (trompette du ramadan), les crotales, les cymbales ainsi que les tambours. Les rythmes joués sont accompagnés de chants choraux principalement masculins et rendent hommage aux « Sabaatou Rijal », les sept gardiens spirituels de la ville. L’un des musiciens de Dakka Marrakchia les plus connus est Abderrahim Bana.
Parmi les morceaux assez connus de Dakka marrakchia on cite assez souvent « Karima ». Sur un CD compilant plusieurs oeuvres dans ce style, qui a été produit par le label Fassiphone, figure le morceau ainsi que d’autres plus ou moins connus.
- Ahidouss (groupe ethnique : amazighs (appelés également berbères ou chleuhs) - région principale : Moyen-atlas)
Ahidouss est une danse collective accompagnée de chant. Elle est pratiquée surtout au Moyen-Atlas et parfois au Haut-Atlas et au sud du RIF dans les événements festifs et célébrations familiales ou communautaires. Dans l’Ahidous, les hommes dansent épaule contre épaule avec les femmes avec qui ils forment un cercle ou un demi- cercle.
L’Ahidouss se démarque par le chant composé d’improvisations ou de poésies locales[1] ainsi que par l’utilisation de l’Alloun (Bendir) comme seul instrument orchestrant les danses. Parmi les musiciens d’Ahidouss connus au Maroc, on compte Mouha Ou Lhoussain et Hadda Ouakki. Les femmes ont par ailleurs une place centrale dans l’Ahidouss.
- Aissawa (Région de Fès- Meknès)
Les Aissawa font partie d’une confrérie religieuse fondée au 16e siècle à Meknès par Muhammad Ben Aissa (surnommé Chaykh Al Kamil), l’un des descendants du prophète et originaire de Taroudant. Ils sont célèbres pour leur musique spirituelle qu’ils pratiquent dans les moussems, spectacles, festivals et événements religieux mais également dans des contextes plus privés lors des lilas.
La musique des Aissawa se caractérise par le soufisme, la spiritualité et les chants religieux ainsi que les rituels d’exorcisme et la « Hadra », une danse collective permettant de « s’élever vers Dieu ». Les musiciens Aissawa sont plus en activité à Fès et Meknès et utilisent comme instruments la Ghaita, le Mizmar ainsi que des tambours et des Daf. L’un des musiciens aissawa les plus connus est Abdelali Lamrabet.
Le site Moroccan Tapes donne l’exemple de cassettes de musique Aissawa. Parmi les morceaux aissawa enregistrés on compte par exemple « Amine Amine », « Qassed Bab Allah », « Jinakoum Li » etc.
- Tarabe Al Ala ou Tarabe andaloussi (principalement dans la ville de Fès)
Tarabe Al Ala ou Tarabe andaloussi est un genre de musique arabo-andalouse composé d’un corpus de « noubas », soit de suites mélodiques. Tarabe Al Ala tient son origine des musiciens musulmans de Grenade (Espagne) s’étant réfugiés en Afrique du Nord. Les musiciens marocains ont par la suite développé cet art et y ont ajouté certaines particularités.
Tarabe Al Ala est répandu dans la ville de Fès et les principaux instruments qui y sont utilisés sont la darbouka (tambour à goblet), l’oud (ancêtre du luth), le kanoun (instrument à corde de la famille des cithares sur table), le riqq (instrument de percussion), le nay (genre de fluûte) et le ribab.
L’un des musiciens les plus célèbres de Tarabe Al Ala est Mohammed Bajeddoub.
- Malhoun (connu dans les villes impériales du Maroc)
Le Malhoun est une poésie populaire en arabe dialectale chantée à Tafilalet, Fès, Meknès, Salé, Rabat, Safi, Marrakech et Taroudant. Le Malhoun se caractérise par l’éloquence de ses artistes qui utilisent métaphores et analogies. Ces derniers puisent dans la sagesse populaire pour raconter leurs tracas, les soucis du quotidien ou parler d’un sujet qui les passionne (amour, religion, nature etc).
Le Malhoun tient son origine des poèmes de « Zajal » maghrébins et andalous à l’époque de la dynastie almohade. Il est apparu à Tafilalt avant de conquérir d'autres cités impériales vers le 13e siècle, grâce aux artisans qui le popularisent. Les instruments utilisés pour cet art sont par ailleurs : le violon, le oud, le loutar, le suissen (instrument à corde ressemblant au guembri) et le guembri. Haj Houcine Toulali est l’un des artistes à avoir le plus marqué l’art du Malhoun.
Parmi les morceaux de Melhoun, on cite par exemple « Fadhma » ou encore « Lharrâz », qui figurent tous deux sur ce CD produit par le label de l'Institut du monde arabe et figurant sur le site discogs.
- L’Aïta (répartie surtout sur les villes atlantiques, groupe ethnique arabe)
L’Aïta est un genre musical pratiqué dans différentes régions du Maroc. L’hypothèse la plus répandue concernant son origine veut que cet art soit né d’un mélange entre la culture amazighe marocaine et celle de l’Orient arabe. Le mot « Aïta » signifie par ailleurs cri ou appel, en référence à la voix puissante et aux « cris » des cheikhates.
Il y a 7 genres d’Aïta qui diffèrent selon les régions par les sujets traités et les instruments utilisés. Ce sont l’Aïta chiadmia dans la région Safi-Essaouira, l’Aïta merssaouia (région de Casablanca – Settat), l’Aïta Hasbaouia (région de Abda), l’Aïta Zaaria (région de Salé-Zemmour- Zaër jusqu’à Beni Mellal et Khouribga), l’Aïta Filalia (région de Tafilalt) l’Aïta Jeblia (région de Tanger, Tétouan, Taounate, Chaouen, Ksar El Kbir) et l’Aïta Haouzia (à Marrakech, Ben Guérir, Kalaat Sraghna etc).
Les textes chantés dans l’Aïta sont transmis oralement et s’inspirent généralement de faits historiques. Quant aux instruments, on cite principalement le bendir (tambour), le violon, les tambourins, le luth et le loutar.
L’une des artistes de musique Aïta les plus connus est Fatna Bent Lhoucine qui pratiquait l’Aïta Hasbaouia, ainsi que Kharboucha, connue pour avoir utilisé l'Aïta comme arme contre la tyrannie des colonisateurs et l’injustice des gouverneurs locaux.
L’un des morceaux de Aïta les plus connus est « Hajti fi grini » de Fatna Bent Lhoucine. Un LP disponible sur Discogs associe cette chanson avec trois autres du même genre : « lghorba zoughbiya » « malkoum malkoum » et « laâzara ya oumi ».
- Ahwach : (Haut-Atlas et Anti-Atlas surtout) (groupe ethnique : amazighs (appelés également berbères ou chleuhs))
L'Ahwach est à la fois une musique et une danse amazighe (berbère NDLR), transmise de génération en génération chez les Imazighen[2]. Ahwach se pratique dans la région du Souss, à Demnat, dans la région d’Al Haouz, dans la province d’Assa Eag ainsi que dans le Haut et le Anti-Atlas. Ahwach n’est pas seulement une danse ou un chant ancestral, mais également un spectacle complet témoignant des rites et des coutumes d’une tribu particulière.
De plus, le chant accompagnant la danse Ahwach est une sorte de poésie qui raconte le vécu de la tribu et dénonce les injustices sociales vécues par sa population.
Dans l’histoire, Ahwach était précédemment utilisée dans les négociations entre les tribus. Une tribu souhaitant se réconcilier avec une autre voisine envoyait ses poètes et danseurs. Les poètes de chaque clan échangeaient et la tribu qui avait le poète ou la poétesse le/la plus éloquent(e) était celle qui l'emportait. Au cas où la tribu perdante n’admettait pas sa défaite, les danseurs qui avaient toujours des poignards à leur taille se battaient avec ceux de la tribu adverse.
La danse Ahwach se pratique généralement en 3 étapes. Au commencement, un groupe d’hommes vêtus de djellabas (tenue traditionnelle) se tient en rang face à un groupe de femmes portant des bijoux amazighs. La danse commence par l’appel en solo du chef de la troupe Ahwach ; cette première étape se nomme l’Imsag. Vient le tour des femmes et puis de la « Tawala », une suite de vers improvisés par un soliste. La troisième et dernière étape, est ce que l’on appelle Derst, pendant laquelle s’effectue une danse improvisée entre hommes et femmes et accélérée par le rythme du tbel.
Pour ce qui est des instruments utilisés, on peut citer le tara ou le tagenza (une sorte de tambourin), le dendoum ou le tbel (une sorte de tambour) et le naqus (instrument en métal sur lequel on frappe au moyen de deux bâtons en fer).[3]
L'Ahwach se pratique différemment d’une région à l’autre. L’utilisation de matériaux comme le cuir ou encore le bois, permet de reconnaître la région dont est originaire la troupe. La technique de chant des exécutants est également un élément de distinction.[4]
Parmi les musiciens Ahwach les plus connus, nous citons par exemple Ihya Boukdir ou encore Ajmaa Lahcen.
[1]http://www.idpc.ma/view/pc_immateriel/idpcm:A5DB3D?f_periode=04.07%7CP%C3%A9riode+actuelle&num=1
[2] Imazighen : pluriel de Amazigh, les Imazighen forment la population autochtone du Maroc
[3] https://sudestmaroc.com/ahwach-la-tradition-amazighe-du-maroc/
[4] https://www.leconomiste.com/article/1016462-ahwach-vers-une-reconnaissance-en-tant-que-patrimoine-immateriel
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Édité par Lamine BA
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