Komlan (Dub Inc) : « nous véhiculons un message de paix et d’unité »
Inconnu pour les habitués à des artistes mainstream que les radios commerciales diffusent en boucle, Dub Inc est pourtant un groupe français qui s’impose depuis 10 ans sur la scène live reggae et sur le circuit des festivals internationaux.
À quelques jours de leur prestation au festival Bassline Fest, Music In Africa a échangé avec Komlan, l’un des chanteurs, afin d'en savoir plus sur le groupe, leurs attentes par rapport leurs premières performances en Afrique du sud et surtout ce qu’ils comptent offrir aux fans de reggae locaux. Interview.
Vous êtes invités à vous produire pour au Bassline Fest, pour marquer la journée de l’Afrique, que signifie pour vous cette journée ?
C’est important de participer à des festivals comme celui–ci. De plus, jouer régulièrement en Afrique, pour nous, enfants d’immigrés, Hakim de l’Afrique du nord et moi du Bénin, est très important. D’ ailleurs là on revient d’un festival à Abidjan (le FEMUA) et on pris part à un atelier sur la thématique de l’immigration clandestine.
Retrouver nos origines et partager ce que l’on en a fait à travers notre musique est en très important pour nous.
Parlez-moi un peu de votre groupe, vous êtes 8 membres ? Qui fait quoi et quels sont les instruments que vous jouez ?
En fait nous sommes 7 musiciens et notre technicien son que l'on compte comme un membre du groupe parce qu’il est avec nous depuis le début. Hakim et moi sommes donc au chant, plus lbasses, batteries et 2 aux claviers. Nous sommes un groupe aux origines ethniques et sociales diverses qui existe depuis maintenant 20 ans. Cela montre que même en étant très différents on peut construire quelque chose de bien ensemble. C’est donc à la fois notre message et notre identité.
Quels sont les différents thèmes que vous abordez dans vos textes ?
Notre premier disque s’appelait Diversité. Nous apportons toutes nos différentes influences : moi j’étais beaucoup influencé par le reggae. Hakim est arrivé avec des influences orientales, le guitariste et le batteur avaient un groupe de rock avant ça. On a grandi dans des quartiers en France où sont mélangés immigrés de l’Afrique noire, du Maghreb, des pays de l’Europe de l’est etc.
Dès le début, on a donné le ton, on a voulu montrer que le métissage et la diversité sont des forces si l’on s’en sert bien. De là, on a continué dans les thèmes liés à l’intégration, l’immigration, le savoir-vivre ensemble... en allant au delà de nos différence on véhicule un message de paix et d’unité.
Vous avez pris part à un atelier sur les thématiques liées à l’immigration en Afrique, qu’en est-il ressorti ?
En effet c’est important que ce genre de festivals parlent de ces sujets-là. En Europe le sujet des migrants et de l’immigration cristallise beaucoup de choses : beaucoup de haine, beaucoup de retours de partis d’extrême-droite, de gens qui capitalisent sur cela. Voir qu’il y a des initiatives venues d’Afrique qui tentent d’éduquer les jeunes sur ce sujet-là est louable. Nous qui avons la chance de voir la situation des deux côtés, nous remarquons combien les clichés existent de part et d’autre.
Beaucoup en France pensent qu’il n’y a que des gens qui ont envie de se jeter à la mer et venir dévorer l’Europe. Lorsque nous revenons de ce genre de festival, nous pouvons montrer qu’il y a un réel effort d’éducation et de pédagogie pour renverser aussi les clichés que les jeunes africains ont sur l’immigration. Car beaucoup de jeunes africains qui ont émigré mentent à leur famille sur leur condition de vie. Ils ne disent pas qu’ils sont exposés à des problèmes d’emplois, de précarité, de santé etc.
En tant qu’artistes nous avons ce rôle pédagogique à jouer envers les jeunes. De leur transmettre cette envie de rester chez eux et se battre pour changer leur condition de vie, sans pour autant leur tenir un discours misérabiliste ; de les mettre en garde de ne pas mettre en danger leur vie ni celle des autres pour des fantasmes.
Maintenant, bien sûr qu’Ils peuvent venir en Europe s’ils le souhaitent, mais de manière sûre et légale.
Est-ce la première vous que vous vous produisez en Afrique du sud et sa région. Si oui quelles sont vos attentes, par rapport à vos concerts à Durban, Johannesburg et au Swaziland ?
Oui c’est la première fois et nous avons hâte de découvrir cette région du monde. Nous avons conscience que notre musique ne doit pas être très connue dans cette région-là, mais nous avons vraiment envie de venir tester la température.
Qu’est-ce que les fans de reggae locaux peuvent attendre de vos performances ?
Lorsqu’on se déplace très loin comme ça on tient toujours à emmener toute notre équipe à savoir, tous les musiciens bien sûr mais aussi les techniciens lumières et sons. On n’aimerait pas présenter une version un peu cheap de ce qu’on présenterait en France ou en Europe. On va donc présenter un set qui va montrer un peu l’histoire du groupe. Avant tout on va mettre en scène un concert énergique qui on l’espère va nous introduire sur la scène locale sud-africaine et dans la région.
Des collaborations sont-elles prévue avec des artistes locaux ?
Rien de concret n’a encore été prévu, nous sommes vraiment dans l’esprit de la découverte et après cela va se passer au feeling, dès que nous serons sur place.
Bassline Fest est un festival qui aura lieu les 26 et 27 mai à Johannesburg, pour commémorer la journée de l’Afrique ( 25 mai). De nombreux artistes sud-africains et internationaux tels que Yemi Alade , Nakhane, le jazzman sud-african Sipho 'Hotstix' Mabuse et Salif Keita vont s’y produire.
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