Comment le coronavirus affecte l’industrie musicale en RDC
Alors que les concerts et festivals sur le continent africain et ailleurs sont reportés ou annulés à cause du coronavirus (Covid-19), au Congo-Kinshasa, les professionnels de l’industrie musicale craignent que la pandémie paralyse les activités culturelles et prive de revenus les artistes.
Dans une lettre d’information envoyée à ses usagers ce mardi, l’Institut français de Kinshasa, un des plus importants lieux de diffusion de culture de la capitale congolaise, annonce suspendre « toutes les activités culturelles rassemblant du public », concerts et projections de films compris.
Le Centre Wallonie Bruxelles et le Goethe-Institut ont également reporté pour une date ultérieure les activités de ce mois. Les salles de spectacle et les organisations culturelles locales devront eux aussi annoncer la fermeture de leurs installations.
Le seul événement de grande envergure, le concert de Fally Ipupa prévu en avril prochain au Stade des Martyrs (80 000 places) à Kinshasa, vient d'être reporté selon un post diffusé sur la page Facebook de l'artiste. À noter que le chanteur de rumba congolaise avait déjà reporté son spectacle du 29 mars à Londres.
Céline Banza, la lauréate du Prix Découvertes RFI 2019, en ce moment en tournée, a annulé certaines de ses dates, entre autres des concerts en Angola programmés pour ce week-end.
Dadju, qui devrait se rendre à Kinshasa pour une soirée de gala dans le cadre de son association Give Back Charity, aurait également annulé son voyage.
De même que Jupiter et son groupe Okwess International qui ont suspendu une partie de leur tournée prévue ce mois en France et aux USA.
Selon les informations rendues publiques par les autorités sanitaires de la RDC, le pays récence officiellement 7 cas de coronavirus. Au moment, nous publions cet article, le gouvernement devrait annoncer des mesures pour arrêter la propagation de la pandémie.
Les experts et professionnels contactés, expriment leurs inquiétudes sur l’impact qu’aura le coronavirus sur l’ensemble des industries culturelles.
Joins par Music in Africa, Paul Ngoie Le Perc, percussionniste et coordonnateur du CAC (Collectif des artistes et des culturels) qui craint de ne pas pouvoir organiser en avril son forum, dit attendre la décision du gouvernement et les mesures qui seront prises.
Le coronavirus a également un impact sur la mobilité des artistes qui certainement ne pourront plus se produire sur le continent et dans le reste du monde, dans les prochains jours.
« L’industrie musicale, plus particulièrement en Afrique dépend des concerts à cause des faibles ventes de disques, quand un artiste ne peut pas se produire cela pourrait réduire ses revenus », affirme Narsix Baya, fondateur de l’application de streaming musical Baziks.
« Si le MASA avait été annulé, cela aurait porté un coup de frein dans le développement de ma carrière artistique », indique la chanteuse Licelv Mauwa, qui avec sa compatriote IYENGA, a représenté la RDC à l'un des plus grands marchés de la musique du continent, ce mois-ci à Abidjan.
Christian Lepira, responsable de projet chez Bomayé Musik, label indépendant qui a récemment signé Céline Banza pense autrement.
Pour lui, le coronavirus pourrait représenter une opportunité pour les artistes. La suspension temporaire des concerts et des festivals pourrait engendrer une forte consommation des vidéos et des écoutes musicale en ligne. « Certes, la mobilité et les activités seront réduites, les fans iront désormais voir les clips et écouter de la musique sur les plateformes de streaming. Il y a désormais la possibilité pour l’industrie de faire plus de chiffres d’affaires. »
Josh, opérateur culturel du Congo-Brazzaville, partage peu cet avis. « Oui, les artistes peuvent s’essayer au streaming. Mais avec quelle connexion internet ? Pour quel consommateur ? Bref, toute la chaîne est impactée par le coronavirus. »
En entendant, les artistes croisent les doigts, espérant que la crise sanitaire causée par le Covid-19 sera vite passée.
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