Souadou Diaw, la nouvelle égérie du label Prince Arts
Du peps et de la joie de vivre, elle en a à revendre. Dès le premier coup d’œil, c’est son sourire qui vous accroche le cœur. Souadou Diaw, la nouvelle recrue du label «Prince Arts», est ainsi. Loin des poses et autres manies de starlette, elle déroule son phrasé exquis et vous emporte dans une vague de tendresse. Découverte grâce à son tube «Celebrate» qui crève actuellement l’écran, la nymphe de 28 ans, en a surpris plus d’un grâce à son style musical aux antipodes du Mbalakh. Un sacré toupet qui a tout de même eu son effet. Comme une bonne bouffée d’air frais, elle a apporté du sang neuf à la musique sénégalaise. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle a de qui tenir. Fille du célèbre journaliste sportif Abdoulaye Diaw et de l’ancienne basketteuse Aminata Guèye, pour sûr, ne pouvait pas échapper au succès. De l’ombre à la lumière, L’Obs vous retrace son parcours marqué par la passion du chant.
Fille unique, le bijou de la famille… «Je suis née dans une fratrie de 5 enfants, dont je suis la fille unique. Mon père est le réputé journaliste sportif Abdoulaye Diaw. Ma mère est, quant à elle, une ancienne internationale du basket et se nomme Aminata Guèye. Mes parents, qui sont ma fierté, m’ont fait vivre une enfance heureuse. Déjà, le fait que je sois une fille unique a beaucoup joué en ma faveur. J’étais en quelque sorte une surprise pour ma maman, lors de ma naissance. Elle était tellement heureuse de m’avoir, qu’elle m’a surnommée, Bijou. Ce petit nom a été adopté par tout le reste de ma famille. Mon baptême a été célébré à deux reprises. J’étais la petite princesse de la maison, choyée et dorlotée par tout le monde. Dans un autre sens, on est très tôt responsabilisée. Grandir en étant une fille au milieu de 4 frères m’a rendu très mature. J’assumais des rôles de femme avant même que je n’en sois une. Cela a contribué à me forger, à faire de moi, ce que je suis aujourd’hui.»
Fibre artistique
«Dès mes premiers pas, j’ai développé une curiosité sans pareil. Je me passionnais pour beaucoup de choses, notamment la musique. A l’école Nolivé (Liberté 6) où j’ai effectué mon cycle primaire, je participais à tous les spectacles. C’est dire que la fibre artistique était en moi dès mon plus jeune âge. J’adorais me mettre dans la peau de certains personnages, interpréter des chansons ou danser tout simplement. En grandissant, j’ai laissé mon côté artiste qui sommeillait en moi. J’étais plus soucieuse de réussir mes études. Collégienne à l’époque, je m’étais presque refermée dans ma coquille, jusqu’au jour où, un peu par hasard, j’ai découvert ma voix. J’étais en train de chantonner, comme je le faisais souvent, et mon grand-frère Claude était là à m’écouter. Il avait l’air ébahi, subjuguée par mon timbre vocal. Automatiquement, il est allé voir mes parents pour leur dire qu’il fallait que je devienne chanteuse. Ces derniers qui n’y voyaient aucun inconvénient ont simplement exigé que je poursuive mes études, jusqu’au bout, avec des diplômes à la clé. A partir de là, j’ai commencé à faire entendre ma voix, autour de moi. Dans la cour de récréation, des groupes se formaient autour de moi et mes camarades adoraient m’écouter chanter. Après avoir obtenu mon Bfem, je suis allée au lycée Lamine Guèye. Beaucoup de mes amis, faisaient pression sur moi, pour que je lâche les cours et me consacre à la musique. N’empêche, j’ai fait fi de tous ces conseils et j’ai persévéré dans mes études. Tout ce que je voulais à ce moment, c’était devenir interprète, la musique venait au second plan. Je le vivais comme une passion, sauf qu’elle a fini par prendre le dessus sur tout. Après mon Baccalauréat, je suis allé à l’Université, au département d’Anglais, où j’ai fait 3 ans. Là encore, il y avait une de mes amies, Makhady Seck, qui n’avait de cesse de m’encourager à m’investir dans la musique. C’est ainsi qu’elle m’a poussée à aller voir le producteur Baba Hamdy. Lorsque j’y suis allée, il m’a auditionnée et est tout de suite tombé sous le charme de ma voix. Il m’a coptée pour participer à une émission de chant qu’il pilotait, mais jusqu’ici, elle n’a pas été diffusée. Par la suite, nos chemins se sont séparés.»
Un choix déterminant… «J’ai fini par former mon propre groupe, «Cloud stream», avec qui, j’ai travaillé sur pas mal de titres. Ensuite, j’ai collaboré avec un producteur guinéen, Fakry. Avec lui, j’ai enregistré le morceau «Tell-me». Entre-temps, je prenais des cours de Gestion dans une école de la place. Au bout d’une année, je me suis tournée vers l’apprentissage de la langue suédoise. J’ai passé un concours, comme pratiquement 700 autres candidats, pour intégrer une entreprise suédoise. J’ai été retenue pour passer un second concours. Cette fois-ci, nous étions dans les 250 personnes. Une fois de plus, je suis passée et un autre cap m’attendait. Au final, nous étions plus que 16 sélectionnés. C’est à partir de là que j’ai croisé le chemin du label «Prince Arts». Il me fallait choisir entre la musique et évoluer dans la vie active. Finalement, j’ai décidé de me consacrer entièrement à la musique. Mon manager Djiby Ndoye, qui m’avait complètement prise sous son aile, est allé voir Ngoné et Ibou Ndour, pour leur parler de moi. Ensuite, je me suis présentée à eux et ils m’ont fait passer une audition. Ils m’ont aussitôt retenue et notre collaboration a débuté ainsi.»
«Celebrate», baptême de feu
«Actuellement, nous travaillons sur la sortie de mon album. «Celebrate» est le premier morceau que nous avons proposé au public. C’est un style de musique autre que le Mbalakh qui vient du Nigeria. En enregistrant, on ne fait que sortir ce que l’on entend, comme on le ressent. C’est donc venu comme ça, naturellement. L’objectif était de montrer qu’au Sénégal, on peut faire autre chose que du Mbalakh, même s’il reste notre musique nationale, notre identité culturelle. C’est aussi un clin d’œil aux mélomanes qui consomment d’autres styles de musique comme le Rn’b, le Rock, le Jazz, la Soul Music etc. Je m’inspire de tous ces genres musicaux, mais je nage beaucoup plus dans l’océan de Michael Jackson. Disons que la combinaison de tout cela a donné naissance au titre «Célébrate» qui, en somme, a très bien été accueilli par le public. Il faut aussi noter qu’il y a tout un professionnalisme derrière ce succès. Je ne remercierai jamais assez le réalisateur Gaby d’Iris-Vidéo, les danseuses Quesha, Ashley et Audrey, qui en sont pour beaucoup, ainsi que les stylistes Papino et Fatou Kiné Ndour. Je suis aussi consciente du risque que je prends en imposant ce style aux Sénégalais et beaucoup m’ont dit que j’ai été courageuse de le faire. Toutefois, il faut savoir que je n’exclus pas de faire du Mbalakh. Ce sera pour moi, une manière de montrer que je fais partie du Sénégal. Toujours est-il que ce sera, à ma manière, comme je l’entends. La sortie prochaine de l’album, nous en dira plus. La date n’est pas encore fixée, mais nous sommes en plein dans le travail et ça prendra le temps que ça prendra.»
Ablaye Diaw, ce père, ce soutien… «Lorsque je me lançais de plein pied dans la musique, j’appréhendais un peu la réaction de mes parents. Mais, à ma grande surprise, ils ont tous été d’accord sur mon choix. Sans exception, j’ai le soutien de toute ma famille. Cela me fait énormément plaisir et cela me donne plus de courage pour affronter les aléas liés à une carrière musicale. En m’appuyant, c’est un fardeau qu’ils m’ont enlevé des épaules. Mon père, lui, a été plus que formidable. Il m’a carrément mise à l’aise face à la résolution de devenir chanteuse que j’ai prise. Il m’a fait sentir qu’il était là pour moi et qu’il n’allait jamais me priver de mon bonheur. Il en est de même pour ma mère. Ils bénéficient, tous deux, d’une certaine notoriété dans ce pays, mais jamais ils n’ont essayé d’en user pour filer un coup de pouce à ma carrière. Ils m’ont toujours dit que la réussite était au bout de l’effort. «Travaillez, suez, débrouillez-vous par vous-mêmes», nous rabâchaient-ils sans cesse. Mes frères et moi essayons, tant bien que mal, de suivre ces précieux conseils. Aujourd’hui, il y a deux de mes frères qui évoluent dans la musique, en plus de moi et un autre qui a pris sa relève. Il prend des cours pour devenir reporter sportif.»
Gourmande, ce vilain défaut… «En dehors de la musique, je suis toujours plongée dans mes bouquins, je suis une passionnée de lecture. Je lis beaucoup les livres qui ont traits au Coran. Très tôt, j’ai baigné dans cet univers. J’ai fait l’école coranique et j’ai été éduquée dans le respect et la pratique de la religion musulmane. La danse et le sport en général font aussi partie de mes passe-temps. J’ai d’ailleurs pratiqué le basket un temps et j’ai failli suivre les pas de ma mère. J’adore également faire la cuisine. Quoi de plus normal, si mon plus grand défaut, c’est la gourmandise. Je mange comme un ogre et j’en ai même honte parfois. C’est peut-être grâce au sport que je maintiens ma taille. Par ailleurs, je sais que l’honnêteté fait partie de mes plus grandes qualités. Je suis une personne directe, qui ne triche pas dans ses relations. Comme toutes les jeunes et en bonne Sénégalaise, j’aime bien prendre soin de moi, m’habiller en fonction de la mode, pour paraître toujours ravissante…»
Un cœur à prendre… «Depuis la sortie de mon single, j’avoue que je reçois des messages de partout, de tous les quatre coins du monde. Les gens m’appellent pour me témoigner de leur affection et m’encourager. Honnêtement, c’est assez agréable de se sentir aimée de la sorte. Mais cela s’arrête là, je ne me prends pas la tête outre mesure et je ne fais pas le gros dos non plus. J’ai la même vie qu’avant. Il faut aussi dire que je n’ai encore rien fait qui vaille de prendre la grosse tête. J’ai les mêmes amis, même si j’en ai gagné d’autres entre-temps. En revanche, je suis toujours un cœur à prendre, même si les prétendants ne manquent pas…»
Maria Dominica T. Diédhiou (l'Observateur)
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