La musique populaire au Bénin
Si la question d’une identité musicale béninoise est de plus en plus posée du fait de la multiplicité des musiques dans le pays, il est indéniable que le Bénin dispose de stars qui ont su, au travers de musiques devenues populaires, dompter un public réputé exigeant. Le pays compte plus d’une vingtaine de sonorités populaires reprisent çà et là par les artistes pour rester dans la tendance. Qu’elle soit traditionnelle ou pas, les courants musicaux se créent selon les saisons et les artistes créateurs deviennent des « rois » de telle ou telle musique. Cet article se propose de faire le tour d’horizon des musiques populaires en vogue au Bénin.
- (Photo) : Michel Loukou alias Alèkpéhanhou roi du Zinli
Le Zinli
Autrefois appelé Avi-zinli, le Zinli est un rythme traditionnel béninois généralement exécuté lors des funérailles. Mais, il a évolué et présente aujourd’hui un caractère beaucoup plus festif, sans pour autant perdre son authenticité. Il se danse avec beaucoup de légèreté et de flexibilité par les fils et filles du Danxomè.
L’histoire du Zinli remonte au temps des Rois du Danxomè. Le prince Gbéyin, futur roi Glèlè (1858 – 1889) de Danxomè aurait créé le Zinli au XIXè siècle à l’occasion des funérailles d’un des amis de son père, le roi Guézo.
Depuis lors, ce rythme funéraire du plateau d’Abomey a gardé cette renommée initiale avant de s’inscrire dans le registre des musiques populaires. Mais si le Zinli a pu retrouver toute sa notoriété, c’est grâce à la touche particulière de Michel Loukou, plus connu du public sous le nom « Alèkpéhanhou ».
La touche que l’artiste Alèkpéhanhou a apportée au Zinli à partir des années 1980 l’a fait connaître jusqu’aux extrémités de la terre. Grâce à son travail rénovateur, le roi du Zinli est sollicité sur bon nombre de festivals européens.
Des artistes tels que Sèmèvo, Abido et Alemadjohando du plateau d’Abomey excellent depuis peu dans la pratique de ce rythme. Le Zinli se joue avec les Kpézin qui sont des tam-tams ayant deux formes nuancées par la taille : Kpézinnon et Kpézinvi. On leur associe un vase tambour ayant donné son nom au rythme : Zinli.
Tout cela se fait accompagner des sons de gongs, de hochets et battements de mains soutenus par des chants et danses. Aujourd’hui, des artistes comme Norbèka, Anice Pépé et bien d’autres exécutent aussi ce rythme.
Le Noudjihou
Le Noudjihou est une musique créée par l’arrangeur Willy Mignon un peu avant 2010. Pour le danser, il faut balancer le pied de chaque côté et faire le jeu avec la main aussi, sous forme d’écriture. Ou bien, pour l’autre phase, le Noudjihou classique, il faut garder juste la ceinture, ou bien la hanche, ou bien la robe au niveau de la hanche et balancer aussi les pieds de chaque côté.
Aujourd’hui, plusieurs déclinaisons de cette musique existent. On a le Noudjihou « Chécaro » qui demande de balancer les deux mains de chaque côté et, chaque fois que tu balances le pied d’un côté, les deux mains vont dans le même sens.
Cette musique a été portée au public à travers le titre « Mindédji ».
Le tchenkumèn
Le tchenkumèn est une musique traditionnelle et populaire. Elle est jouée pendant les cérémonies. Les membres du club assissent sur des bancs formant un cercle autour du griot. Les femmes d'un côté et les hommes de l'autre. Le griot, près des batteurs, entonne des chants.
Pour danser, on se lève deux par deux en mettant tout le corps en mouvement, les bras légèrement ouverts.
Agbadja, pour célébrer l’effort
Agbadja est une danse de réjouissance principalement dansée dans le sud du Bénin (Aire culturelle Adja-Tado).
À l'origine, c'était une danse de pêcheurs du Ghana, qui se retrouvaient après une bonne journée de travail : danse alternativement lente et légère puis brutale énergique, faisant intervenir de fort mouvements d'épaules.
Les ouvriers quittant le Togo et le Bénin et même la côte du Nigeria pour travailler au Ghana, importaient ainsi à leur retour chez eux ce rythme de réjouissance emprunt alors de leur propre culture. Le rythme Agbadja se retrouve jusqu'au nord du Bénin.
L'Agbadja transmet beaucoup de messages : il y a des cadences qui caractérisent la tristesse, la joie et l’amour, ainsi que les faits quotidiens, à travers des instruments tels que Agbahoun (le grand tam-tam), Kpessi (le tam-tam moyen), Kléoun (le petit tam-tam), Gankokoué (Gong), Assogoé et Atcha (Castagnettes).
Pour danser l'Agbadja, il faut un pagne au niveau de la hanche, un tee-shirt, une serviette au cou pour les hommes (notamment à Grand Popo). Pour les femmes un pagne à la hanche, un autre solidement noué à la poitrine.
La danse sollicite surtout les membres supérieurs qui se balancent et s’écartent alternativement. Les deux omoplates doivent se toucher pour un bon danseur. Les pieds martèlent le sol alternativement lentement ou vivement selon que le rythme s’accélère ou non.
Du point de vue national qu’international, de nombreux artistes popo ont porté haut le flambeau du Bénin comme : Marcel Kpade, Adjignon, Africawe, Ebawade et la nouvelle étoile filante du Zouk Richard Flash tous originaires de la commune de Grand-Popo.
Sur le plan traditionnel, on peut citer Gbessi, un artiste qui fait du Agbadja modernisé, du « tradi-moderne ». Ce cocktail de styles lui a valu le trophée de Sun City en Afrique du Sud dans la compétition des meilleurs artistes de diverses catégories : Kora 2002.
Fokpaï
C'est une danse culturelle du Nord-Bénin et qui se produit principalement lors des manifestations populaires. Le Fokpaï se danse dans les régions du nord est du Bénin telles que Parakou, Pèrèrè, N'Dali et Nikki, haut lieu de la civilisation Baatonou.
Les instruments utilisés pour ce rythme sont presque identiques à celui du Tèkè (voir rubrique « éléments immatériels associés »), en l’occurrence un grand tambour et un petit tambour qui l'accompagne appelé tambour « parlant ». À cela s'ajoutent des claquements de mains.
Ce rythme est exécuté aussi bien par les hommes que par les femmes lors de manifestations populaires telles que la Gaani (voir rubrique « éléments immatériels associés »).
Pour danser le Fokpaï, les danseurs font des mouvements de jambes en tapant du pied sur le sol (pointe des pieds). Leurs bras sont souvent tendus, buste figé, le tout accompagné des cris que lancent les femmes. Le personnage principal se tient debout devant les danseurs avec un miroir face à lui.
Une multitude de musiques populaires se créent selon les périodes au Bénin. Et rares sont celles qui se perpétuent.
En général, il faut que ces musiques soient adoptées par une communauté. D’où le nombre de musiques populaires traditionnelles élevé. Par contre, les musiques urbaines durent souvent le temps des vacances. La faute aux tendances musicales étrangères qui gagnent rapidement les cœurs des Béninois.
Comments
Log in or register to post comments