Burkina Faso - Kundé, 16 ans au service de la musique africaine
Manifestation de référence en Afrique de l’Ouest depuis plus d’une décennie, les Kundé, trophées de la musique au Burkina, sont arrivés à se positionner comme le reflet du rayonnement culturel du pays, mais aussi une vitrine de promotion nationale et africaine.
En 16 années de mise en œuvre, cette cérémonie de distinction des artistes musiciens a un grand mérite et représente une vraie prouesse.
La genèse
Portée par Salfo Soré dit Jah Press, opérateur culturel reconnu au Burkina Faso et en Afrique, la première édition des Kundé s’est tenue en 2001.
À ses débuts, le promoteur s’entoure d’autres compétences du milieu de la musique burkinabè au nombre desquels on peut citer : Aziz Bamogo, Papus Ismaël Zongo, Boureima Djiga, Maguy Lesli Oka, Gervais Somda dit Mister P et feu Gaston Palé. Malgré la modicité de leurs moyens, le coup d’essai s’avère un coup de maitre.
Depuis lors, les Kundé se tiennent régulièrement sans discontinuer. Si la manifestation s’est tenue pour la première fois au lendemain du nouveau millénaire, l’idée, quant à elle, date de bien avant. Selon les organisateurs, le projet est né en 1996 sous l’appellation d’abord de « Balafon d’Or » et il faudra 5 années pour son exécution avec le patronyme Kundé.
Pour le nom, il viendrait d’une ingénieuse proposition du ministre de la culture de l’époque, Mahamoudou Ouédraogo, pour qui, il fallait un nom d’instrument de musique fédérateur de toutes les ethnies et région du Burkina Faso. C’est ainsi qu’une guitare à trois cordes qu’on retrouve aussi bien au Sud-ouest du pays, qu’en région Moagha, Gourounsi, Dioula, Bissa, Peul, etc. retint leur attention. D’où l’appellation Kundé, du nom mooré de cet instrument.
Pour la compétition, elle concerne les œuvres des artistes qui sont sorties entre le 1er mars de l’année précédente au 28 février de l’année en cours ou le 1er mars, si le mois de février comporte 29 jours.
Cette période a été décidé, sur la base d’une analyse approfondie des périodes de sorties d’albums au Burkina Faso et pour donner une égalité de chances aux compétiteurs des différents prix. Et, la soirée de récompense se tient chaque dernier vendredi du mois d’avril.
Kundé, un évènement qui a su s’imposé
« Pour les observateurs les plus avertis du show-biz africain, les Kundé sont l’évènement le plus prestigieux de l’Afrique de l’Ouest de par sa constance organisationnelle et la richesse de son plateau artistique », a expliqué Boukari Ouédraogo dit Becker, le chargé de communication de l’évènement.
Par le contenu de sa soirée et le niveau organisationnel, les Kundé ont réussi à se positionner comme un rendez-vous à ne pas manquer pour bon nombre d’acteurs du show-biz ouest-africain, dit-il. En effet, pour la même occasion, cet évènement qui accueille toujours un parterre d’autorités du pays est l’une des scènes les plus prestigieuses en matière de programmation artistique.
De très grands noms de la chanson africaine y ont défilé de Salif Keïta à Koffi Olomidé en passant par Georges Ouédraogo, GG Vickey, Tabu Ley Rochereau, Théo Blaise Koukou, Papa Wemba, M’bilia Bell, AB Crynstil, Magic System, Kodjo Antwi, Amadou Balaké, Bailly Spinto, Sam Fan Thomas, Aïcha Koné, Lokua Kanza, Nayanka Bell, Sam Mangwana, Tshala Muana, Victor Démé, Prince Eyango, Fally Ipupa, DJ Arafat, Moni Bilé, Kanda Bongo Man, Jean Claude Bamogo, Eric Brouta, Jacky Rapon, Ismaël Lô, Les reines mères, Wizboyy, Meiway, Amadou et Mariam, Prince Edouard Ouédraogo, Empereur Bissongo, Eddy Kenzo, Yemi Aladé, Mani Béla, et bien d’autres.
Aussi, de par son apport socio-économique et culturel, les Kundé en plus d’une décennie ont apporté aux musiciens la reconnaissance d’un travail qui n’était pas toujours perçu du grand public et des décideurs. Chaque année, dès la publication de la liste des nominés, l’intérêt est suscité et les artistes musiciens et chanteurs retiennent l’attention de tous. Cette tribune d’expression, d’affirmation et de valorisation des artistes a eu pour conséquence d’améliorer de façon significative le travail des créateurs et de contribuer à la professionnalisation des métiers de la musique.
En outre, les Kundé participent à la valorisation de l’identité culturelle burkinabè par certains de ses segments les plus expressifs que sont la musique, la danse à travers surtout les représentations des artistes traditionnels qui allient danse, chant et exhibition d’instruments traditionnels. Par ailleurs, l’ouverture de l’évènement aux artistes étrangers et à l’international crée un brassage culturel et favorise les relations entre les professionnels du show-biz, les promoteurs et médias étrangers et les artistes nationaux.
La cuvée 2016
Qui sont les Kundé 2016 ? Petite présentation de certains d’entre eux.
- Kundé du meilleur artiste traditionnel : Zougnazagamda, à l’état civil Issiaka Ouédraogo, est l’un des piliers de la musique traditionnelle burkinabè. Ce quadragénaire, marié à 4 femmes et père de 12 enfants, est le président de l’Association des chanteurs traditionnels de Ouagadougou (ACTO). Natif du Ganzourgou, province située à 100km de la capitale, Zougnazagamda a à son actif une soixantaine d’albums.
- Kundé du meilleur artiste de musique religieuse : Rose Bationo, ambassadrice de la musique religieuse au service de l’humanitaire, utilise sa foi chrétienne pour ajouter la terre à la terre au grand bonheur de l’humanité, dit-on. Kundé du meilleur artiste religieux en 2008, 3e au classement du prix du clip d’or de la télévision Nationale du Burkina (TNB) grâce à son deuxième album baptisé Wunyon Zhene, elle est lauréate en 2016 pour la deuxième fois du Kundé dans la même catégorie.
- Kundé de l’artiste le plus joué en discothèque : Florent Belemgnyngré dit Floby, candidat malheureux à la palme suprême l’année dernière, du bout de ses dix ans de carrière musicale, a déjà eu le sacre du Kundé d’or et de ceux dans plusieurs catégories.
Pour rappel, le déclic de sa carrière à lui se trouve au détour d'une compétition musicale où il rencontre Papus Ismaila Zongo, producteur influent du showbiz burkinabè. Celui-ci produit son premier album, Maamsooré (Ma voie). Un coup d’essai qui bouleversera la vie de l’artiste. La suite de sa carrière est très bien connue aussi bien au Burkina que dans la sous-région et au-delà.
- Kundé du meilleur clip vidéo : Salifou Ouédraogo, plus connu sous le nom Frère Malkhom, est un transfuge du groupe de rap Faso Kombat. En septembre 2014, le duo qu’il composait avec David le Combattant annonce officiellement sa rupture. Son premier album solo, de 12 titres, dénommé Instinct de survie, sort en novembre 2015 et se décline toujours sur la tendance hip-hop afro.
- Kundé de la révélation : Faisant partie de la nouvelle génération de jeunes artistes de ces 5 dernières années au Burkina, comme son sobriquet l’indique, Malika la slammeuse, s’inscrit dans le registre slam. Et c’est avec son premier album sorti au cours du premier trimestre de l’année 2016 qu’elle s’octroie cette distinction.
- Kundé de l’Espoir : Ancien binôme de Frère Malkhom dans le duo Faso Kombat comme indiqué plus haut, dès leur séparation, David Le Combattant n’a pas perdu du temps pour se lancer dans une carrière solo à la conquête des mélomanes. Un premier titre, « Nagbo», voit rapidement le jour et cartonne dans les discothèques. Puis d’autres qui suivront dans la même dynamique. L’artiste qui s’essaie également au théâtre s’inscrit dans un registre de musique urbaine de tous genres principalement chantée en langue locale mooré.
- Kundé du meilleur artiste féminin : A l’état civil Stéphanie Sidbéniwendé Nikèma, Wendy est née en France et est originaire de Tanghin Dassouri, une localité située à quelques encablures de Ouagadougou. Ayant fait ses premiers pas dans le rap, elle a réussi avec brio la sortie de son premier opus couronné par des distinctions. Entre la musique, le cinéma, le théâtre et les affaires, l’artiste essaie de se faire une place au soleil. Elle revient sur la scène avec son deuxième album, Championnat, en 2015 qui lui a valu ce prix.
- Kundé du meilleur featuring burkinabè : « Ananina » (Dicko Fils feat Floby)
- Kundé de la meilleure chanson moderne d’inspiration traditionnelle : « Wakati » (Dicko Fils)
- Kundé d’or : Dicko Fils
En 1992, Dicko Fils forme son premier groupe de musique qu’il compose avec de jeunes Congolais, Camerounais, Ivoiriens. Ensemble ils participeront à des concerts et des tournées dans les différents quartiers d’Abidjan.
En 2004, il sort son premier opus Tounga, une tendance blues mandingue. De retour au Burkina Faso, la maison de production ETK met sur le marché l’album Tounga en 2005 qui fut un grand succès et bien accueilli par le public burkinabè.
En 2007, il signe Lada Kôrô. Après le succès de celui-ci, suivi de tournées nationales et internationales, il propose son troisième opus, Farafina, en 2009 (une production Dicko Fils). Depuis, il enchaîne les concerts à l’intérieur du Burkina et à l’international. Dicko Fils est fait Chevalier national de l’ordre du mérite par le ministère de la ulture et du tourisme du Burkina Faso.
Son quatrième album voit le jour en septembre 2012 au Burkina Faso, puis le cinquième en 2015 qui connaît un franc succès avec, à la clé, ce Kundé d’or. Il maîtrise la confection du N’goni, un instrument à corde utilisé dans les pays de l’Afrique de l’Ouest. Dicko Fils joue et compose également des musiques pour des pièces de théâtre.
Prix spéciaux :
- Kundé du meilleur artiste étranger vivant au Burkina : Mty (Côte d’Ivoire)
- Kundé du meilleur artiste de l’Afrique de l’Ouest : Josey (Côte d’Ivoire)
- Kundé du meilleur artiste de l’Afrique centrale : Franko (Cameroun)
- Kundé du meilleur artiste Burkinabè de la diaspora : Bérenger Ouédraogo (USA)
- Kundé du meilleur featuring de l’intégration africaine : Voici l’Afrique (Don Sharp De Batoro/Burkina Faso feat King Mensah/Togo)
Historique des lauréats du Kundé d’Or
En seize ans, quinze artistes sont montés sur la plus haute marche, en remportant le Kundé d’Or. Ce sont : Solo Dja Kabako en 2001, Bil Aka Kora en 2002 et 2005, Georges Ouédraogo en 2003, Amity Méria en 2004, Smockey en 2006, Yellen en 2007, Yoni en 2008, Ahmed Smani en 2009, Floby en 2010, Faso Kombat en 2011, Eugene Kounker en 2012, Dez Altino en 2013, Alif Naaba en 2014, Sana Bob en 2015 et Dicko Fils en 2016.
Pour 2017, qui de Dez Altino, d’Idak Bassavé ou de Imilo Le Chanceux sera consacré Kundé d’Or ? La réponse, dans les jours à venir...
(Réf. archives Kundé)
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