Le label berlinois Habibi Funk sort une nouvelle compilation seventies du monde arabe
Depuis plusieurs années, le label berlinois Habibi Funk va à la pèche aux trésors musicaux oubliés du monde arabe, nous faisant (re)découvrir de véritables pépites des années 60/70 complètement oubliées et artistes autrefois connus ou pas, dont la musique était souvent à l’avant-garde pour la région et l'époque.
De Casablanca, à Alger, Tripoli en passant par Khartoum, le Caire ou Beyrouth, son fondateur, Jannis Stürz, arpente l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient, avec souvent comme seul indice une photo, une rumeur en tête, quelques informations glanées çà et là. Son idée fixe : retrouver des musiques oubliées et les rééditer.
En 2017, Stürz, déjà aux commande de Djakarta record, sortait une anthologie, Habibi Funk: An eclectic selection of music from the Arab world qui exhumait des disques enregistrés dans les années 70 et 80 notamment les Soudanais Kamal Keila et Sharhabil Ahmed, du libyen Hamid El Shaeri ou de l'Algérien Mallek Mohamed.
Et c’est ce 6 aout qu’est sorti le deuxième volet de cette compilation glanée au cours de ses voyages. Treize chansons en tout, pour cette dernière série, qu'Habib Funk présente surtout comme une sélection subjective de titres dénichés par le label et certainement pas le « reflet historique de la musique populaire du monde arabe », comme le précise Jannis Stürz.
On y retrouve un enregistrement du compositeur Ahmed Malek, qui a signé une bonne partie de la bande son-son des années 70 en Algérie. Y figure également Hamid Al Shaeri, chanteur d’origine libyenne basé au Caire, un des plus importants représentants de la pop égyptienne des années 80
Autre redécouverte, le Libyen Najib Al Housh, l'un des premiers à reprendre des tubes occidentaux dans sa musique, comme son adaptation des Bee Gees.
La musique disco est aussi présente dans cette compilation grâce à la chanteuse algérienne Zohra ou grâce au Libanais Tony Benn Feghaly
Mais la pépite reste le marocain Fadoul, (surnomé le James Brown de l’Atlas) sans qui Habibi Funk n'existerait sans doute pas.
Car c’est au Maroc que toute l’histoire commence suite à un hasard heureux. En 2013, Blitz the Ambassador, artiste sous le label Jakarta est invité à jouer au festival Mawazine à Rabat. Jannis, qui l’accompagnait sur sa tournée, fait un détour par Casablanca.
C ’est en fouillant dans les bacs à vinyles, d’un des rares vendeurs de disque encore en exercice à Casablanca, (décédé depuis) que Jannis Stürtz, découvre une véritable pépite. Un album d’un artiste oublié, Fadoul, contenant une reprise de James Brown « Papa’s got a brand new bag » , rebaptisée pour l’occasion « Sid Redad ». D’autres standards de l’époque y figuraient, tels que « All Night Long » qui devient « Al Zman Saib ».
Depuis cette découverte, le DJ berlinois n’a eu de cesse d’en savoir plus sur le chanteur. Après plusieurs voyages au Maroc, et des mois de recherche, Jannis apprend le décès du chateur par les Golden Hands, un autre groupe rock des années 70, qui l’on mis en contact avec l’un de ses amis. De fil en aiguille, l’obstiné finit par rencontrer une de ses sœurs qui lui raconte plein d’anecdotes sur son frère.
Résultat une réédition du premier album remasterisé du chanteur, «Al Zman Saib», quarante-cinq ans après sa sortie initiale. L’album de huit titres est sorti en décembre 2015, en version CD, vinyle et digitale. Il est accompagné d’une pochette avec un livret de notes, des photos et des traductions des paroles.
Le symbolique « Al Zman Saib » va poser les fondements de la signature sonore que Jannis souhaitait donner à son concept Habibi Funk. Un son brut et atypique, venant d’Afrique du Nord et s’inspirant des sons d’ailleurs, pourvu que ça soit funky.
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