Côte d'Ivoire : Tony Kouassi le passeur de jazz
20 000 disques, 66 ans, 35 ans d’animation de l’émission Jazz en liberté sur radio Côte d’Ivoire. Ces chiffres résument Tony Kouassi, l'ivoirien qui chante, danse et enseigne le jazz.
L’histoire d’amour entre Tony et le jazz commence en France. 1951, le jeune garçon a 11 ans, est scolarisé au lycée Gay-Lussac de Limoges. En sortant de l’école, Tony rencontre Jimmy, un capitaine de l’armée américaine.
À priori, tout sépare l’adolescent venu d’un pays du tiers monde et le militaire combattant pour la première puissance mondiale. Mais à Limoges, Tony et Jimmy se trouvent immédiatement un point commun : leurs origines africaines.
Le natif du pays des éléphants découvre la résidence du soldat, s’émerveille devant les Cadillac massives qui encombrent le garage et découvre une impressionnante collection de disques. Ces 45 et 33 tours diffusent les espoirs, les doutes, les rêves des afro-américains sur un rythme nouveau pour l’africain : le jazz.
Ecoutant les explications de l’officier, Tony apprend que le jazz vient de son continent, l’Afrique. L’obtention de son bac en 1959 ne modifie pas le cycle d’apprentissage du jazz fait d’écoute du gospel, du blues et d’artistes célèbres comme Louis Armstrong.
Le retour en Côte d’Ivoire, en 1970, permet à Tony d’y propager le jazz. Il joue dans des cabarets de Treichville et de Marcory. Cette phase de diffusion du jazz dure 12 ans. Puis Tony revêt la toge d’enseignant pour former : d’une part le public ; d’autre part les jeunes artistes, n’ayant jamais voyagé hors du pays des éléphants, à cette musique à la fois autochtone et venue d’ailleurs.
Tony choisit deux moyens d’action : apprendre la musique aux artistes en herbe et séduire le public grâce à l’émission Jazz en liberté diffusée depuis 1982 tous les jeudis de 22h30 à 00h sur radio Côte d’Ivoire.
Au-delà de la promotion du jazz, ce passionné qui possède 20 000 disques essaye de susciter une prise de conscience : écouter Billie Holiday, Coltrane, Nina Simone c’est bien, mais continuer le combat pour la réhabilitation de l’africain et de la reconnaissance de son génie trop souvent nié c’est mieux.
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