ACCES 2017 - Panel : cultures urbaines au Sénégal
Pour la seconde journée de sa conférence ACCES, la Fondation Music in Africa a proposé un panel sur les cultures urbaines au Sénégal.
Les artistes Moona, Didier Awadi et Keyti, ainsi que l'acteur culturel Amadou Fall Ba, se sont retrouvés sur l'estrade de Music in Africa, à la place du souvenir africain, pour parler des cultures urbaines au Sénégal. Dans une atmosphère détendue et joyeuse, ils ont proposé un beau débat, magnifiquement modéré par Fatou Kandé Senghor, auteur du livre Wallabock qui trace l'histoire du hip-hop au Sénégal.
L'échange s'est ouvert sur la question de la place de la femme dans le milieu des musiques urbaines. Pour la rappeuse Moona qui a remporté la médaille d'argent aux jeux de la francophonie d'Abidjan et qui vient de signer avec le groupe Sony Music, il est déjà très difficile d'être femme dans une société machiste, à plus forte raison dans un milieu aussi masculin que celui du hip-hop. Entre propositions indécentes et relégation au second rang, Moona explique que les défis sont nombreux à relever, pour s'imposer dans ce milieu quand on est une femme.
À sa suite, Amadou Fall Ba explique que la misogynie n'est pas une réalité spécifique au monde du hip-hop ; il s'agit d'une tendance qui touche la société dans sa globalité. Mais il pense que de nombreux efforts se font dans l'univers des cultures urbaines, pour donner à la femme la place qu'elle mérite.
À titre illustratif, il présente la jeune rappeuse suisse K.T Gorique, qui a été élue championne du monde du End Of the Weak, une des plus prestigieuses récompenses de hip-hop au monde. Selon lui, ce sacre n'aurait sûrement pas été possible si les mentalités n'avaient pas évolué.
Toujours sur la question de la place de la femme, Didier Awadi affirme pour sa part, que tout est une question de talent. À son avis, le débat du genre ne se pose presque jamais là où le talent surabonde. Le fondateur du studio Sankara explique qu'il travaille toujours avec des femmes et qu'il n'hésite pas à leur donner toutes leurs chances, surtout quand il est convaincu de leur potentiel.
Le rappeur a raconté en passant, l'histoire de la création de son studio. Autrefois obligé d'aller en Occident pour produire des albums de qualité, Didier Awadi a décidé de créer son propre studio d'enregistrement, pour permettre à ses paires et à lui-même, de produire sur place des œuvres au standing de ceux de l'Occident.
Une autre interrogation importante soulevée au cours du débat, a été celle du rôle du hip-hop dans le développement du continent africain. Pour Keyti, le hip-hop représente un canal important pour éduquer la jeunesse et lui donner une mentalité nouvelle.
Keyti espère qu'une véritable union africaine peut se bâtir autour du hip-hop.
Dans cette quête d'unité, le co-fondateur du Journal rappé explique qu'il entend travailler avec plusieurs artistes du continent, pour diffuser l'information aux jeunes à travers le rap. Il compte sur la collaboration de partenaires, notamment Krotal du Cameroun, pour la mise en oeuvre de cette initiative.
Le panel sur les cultures urbaines aura été l'un des plus vivants de cette conférence ACCES. Le public ne s'est lassé à aucun moment, de suivre les intervenants qui avaient beaucoup à partager. Malgré un léger débordement sur le temps prévu, l'échange s'est avéré très enrichissant.
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