RDC : entretien avec le chanteur Mohombi
Chanteur, auteur et compositeur d’origine congolaise et suédoise, Mohombi est retourné vivre dans son pays natal la RDC, après plusieurs années passées aux États-Unis. Il prépare actuellement son troisième album. Dans cette interview, le jeune artiste parle de sa carrière, de l’industrie musicale et du groupe média qu’il va bientôt lancer au pays.
Quelle est l’actualité de Mohombi aujourd’hui ?
Je suis impliqué dans des projets de composition musicale avec des artistes tels que Jennifer Lopez, DJ Khaled et Cardi B (rappeuse américaine, auteur du tube à succès « Bodak Yellow »). Bien que je sois résident au Congo maintenant, je demeure toujours en contact avec les USA. J’ai également réalisé un single avec Fally Ipupa, toujours dans l’objectif de mettre en avant mon pays et l’Afrique.
C’est une manière de montrer que la collaboration nous mène vers l’évolution. Il y a beaucoup d’artistes avec qui j’ai l’intention de travailler.. C’est l’une des leçons que j’ai apprises à l’école américaine. Les collaborations permettent de véritables échanges et constituent des reflets ainsi que de bons exemples à montrer aux jeunes en Afrique. Cela nous positionne également comme des modèles car nous manquons de modèles actuellement en RDC.
Vous êtes également en train de préparer votre prochain album ?
Tout à fait. Je suis en train de le finaliser. Pendant plusieurs années, après mon deuxième album (Universe, paru en 2014 chez Universal Music), je n’ai sorti que des singles. J’en suis à une cinquantaine, sans vraiment en avoir fait un album. Donc maintenant, j’ai décidé de réaliser un nouvel album avec des tubes inédits. Sa sortie est prévue pour la première semaine du mois de mars.
Quel est le titre de l’album ? Il contient combien de chansons et avec quels artistes avez-vous collaboré ?
Le titre de l’album est African Dream. J’ai réalisé beaucoup de collaborations super intéressantes que je ne peux pas encore dévoiler, car il reste encore certaines formalités à remplir avec quelques artistes. On enregistre le son mais c’est après qu’on négocie (Rires). La grande majorité de l’album a été enregistré dans mes studios à Kinshasa et il comporte environ 15 titres.
Vous avez récemment presté à Monaco. C’était dans quel cadre et comment s’est déroulé l’événement ?
Monaco a été une superbe aventure (à l’occasion du Bal de Noël organisé par la princesse Charlène de Monaco en décembre dernier). J’étais content de représenter le groupement Mani Kongo auquel j’appartiens et dont mon père est le roi. C’était dans un cadre strictement caritatif et j’ai eu l’honneur de chanter pour la princesse Charlène de Monaco et son entourage, en faveur de sa Fondation. Maintenant, je sais ce que ça fait de faire danser 300 millionnaires (Rires).
Et en termes de business, quelles sont vos activités actuellement ?
En ce moment, je suis en train de développer un groupe Média : TV, Radio, production musicale et audiovisuelle. Si nous-mêmes nous ne produisons pas des contenus de qualité et ne nous mettons pas au bon niveau, il ne faut pas attendre que quelqu’un d’autre le fasse à notre place. La radio est déjà opérationnelle et nous sommes d’ailleurs l’une des fréquences les plus populaires de Kinshasa. La télévision devrait commencer à diffuser vers août ou septembre 2018. Ce sont des médias de divertissement qui sont apolitiques et neutres. C’est une manière de participer à la reconstruction de l’identité de la jeunesse congolaise.
Comment se nomme votre groupe Media ?
Le groupe s’appelle La Clique Media. J’ai déjà un label de musique qui s’appelle La Clique Music et le nom de la radio c’est « U.FM »
Quels sont les artistes que produit votre label. Ce sont des artistes congolais ?
A part les artistes congolais et africains, nous produisons plusieurs autres artistes : une chanteuse roumaine, un Américain, deux Suédois et un Belge notamment. Nous ne nous focalisons pas sur la quantité, car c’est facile de signer 100 artistes mais après il faut savoir faire le suivi… Je fais participer mes artistes dans la composition et la production pour d’autres artistes plus connus. C’est comme ça que moi-même je me suis fait connaître et que j’ai acquis un grand respect auprès de l’élite mondiale musicale, en écrivant et en composant pour d’autres artistes.
Comment avez-vous pénétré ce milieu et côtoyé toutes ces grandes stars internationales ?
Mon frère et moi avions un groupe à Stockholm en Suède. Pendant 10 ans, nous avions fait toutes les grandes scènes de la Suède. A un moment donné, j’ai senti que j’étais limité et que j’avais beaucoup plus à donner. C’est ainsi que je me suis rendu à Los Angeles aux USA. Après un moment, j’ai fait la connaissance du producteur RedOne (qui a notamment produit les chansons de Lady Gaga et de Sean Kingston). Ce dernier, à cette époque, venait de produire les 3 plus grands singles de Lady Gaga. J’ai intégré l’équipe des compositeurs de RedOne. C’est ainsi que j’ai pu côtoyer en studio des artistes comme Diddy, Rihanna, Quincy Jones, etc. Côtoyer ces personnalités et échanger avec elles en étant un jeune congolais, parce que c’est ainsi que je me présente partout où je vais, m’a ouvert énormément de portes.
J’ai tout de suite senti que j’avais une superbe opportunité et qu’il fallait la saisir. C’est pendant que je tournais avec RedOne et Lady Gaga, car on était en train de composer des chansons pour elle, qu’un jour à Paris j’ai commencé à improviser en studio. C’est ainsi que j’ai sorti la mélodie de « Bumpy ride », mon premier single sorti en 2010, et que mon aventure musicale a commencé. C’est pourquoi, pour mon premier album, j’avais fait appel à tous ces artistes avec lesquels j’avais collaboré durant mes expériences au studio avec RedOne, notamment Pitbull (rappeur américain, un des interprètes avec la chanteuse Jennifer Lopez du titre « We Are One (Ole Ola) », l’hymne officiel de la coupe du monde de football en 2014 au Brésil) qui est un très bon ami et parrain de mon fils.
Donc on peut déjà dire que Pitbull sera en featuring avec vous dans le prochain album, comme vous ne souhaitez pas citer de noms d’artistes ?
Ça c’est inévitable. (Rires)
D’autres noms d’artistes à partager ?
Ça va être une surprise. Je préfère garder le secret pour le moment. Ce ne sera pas uniquement des Américains. Il y aura aussi des Africains. J’ai réalisé énormément de collaborations dans cet album. Mes fans ont besoin d’entendre un peu plus leur artiste et beaucoup de chansons de cet album me tiennent à cœur et j’ai envie de les interpréter tout seul.
Au regard de votre expérience internationale, comment industrialiser aujourd’hui le secteur musical congolais ?
C’est vraiment mon objectif sur le long terme et un devoir que je me suis donné. Essayer de reconstruire l’industrie musicale congolaise. Pour ce faire, j’ai fait appel à beaucoup d’amis : influenceurs, grands patrons de l’industrie musicale africaine et internationale afin que l’on se réunisse et que l’on cherche les voies et moyens pour rendre rentable la musique congolaise. Quand un pays va bien, l’industrie musicale génère des recettes importantes pour l’économie. Il faudrait changer la perception de la musique auprès des autorités notamment. La musique représente plus que des mélodies et des rythmes. Il faudrait leur faire comprendre qu’il y a de l’argent à faire avec la musique. Le Nigéria constitue aujourd’hui un très bon exemple. (le pays a réalisé 47 millions de dollars en 2015, ce chiffre devrait doubler d'ici à 2020, selon un rapport du cabinet PricewaterhouseCoopers (PwC) publié fin 2016).
C’est aussi pour cela que j’ai créé, avec mon équipe, ce groupe média afin de donner aux jeunes l’opportunité de se faire entendre. On ne peut pas développer une industrie musicale si on ne donne pas aux talents les outils nécessaires pour s’exprimer. Cette année va être super intéressante pour le secteur.
Vous vous investissez actuellement dans l’éducation de la jeunesse. En dehors du groupe média, quels sont les autres projets que vous développez en faveur de cette jeunesse ?
J’ai décidé de m’impliquer dans l’éducation car il faut commencer très tôt. On acquiert les bonnes valeurs déjà dès le bas-âge. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé de rentrer en RDC avec mes enfants. Avec la Fondation familiale, nous avons déjà construit une école. Nous avons également un hôpital et j’aimerais bien aussi entreprendre dans le secteur sportif notamment dans le football.
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