MIAConnects - Tournée du groupe Lolo
Le Groupe Lolo a été créé après une formation d’artistes et de musiciens tenue en février 2017 à Yanfolila (Mali), par l’Association Voix et Musique pour l’Intégration Culturelle (AVMIC). Composé de musiciens et de danseurs, le groupe s’est réuni autour de la volonté de contribuer à préserver et diffuser la culture Wassoulou, notamment la fabrication et l’utilisation des instruments de musique traditionnels et de préserver les danses locales.
Dans le cadre du programme Music In Africa Connects, mis en place par la Fondation Music In Africa avec plusieurs partenaires sur le continent, et soutenu par le Ministère Fédéral Allemand des Affaires Étrangères et la Fondation Siemens, le groupe Lolo de Yanfolila a récemment sillonné les 8 communes rurales du cercle de Bougouni.
Dans ces localités situées dans la région de Sikasso à 170 km au sud-est de Bamako et 210 km à l'ouest de Sikasso, le groupe Lolo de Yanfolila s’est produit pour contribuer à la cicatrisation des blessures nées des attaques terroristes dont le Mali est victime depuis plus de 5 ans.
La tournée eu lieu du 21 au 30 novembre 2017 dans les communes de Koumantou, Niamala, Sanso Moréla, Dèbèlin, Massigui, Wola, Domba et Zantiébougou.
L’objectif de cette tournée était de sensibiliser les populations cibles sur l’apport de la culture dans la recherche de la paix, dans un pays en période de crise, ainsi que sur le rôle des artistes dans le développement économique, socio-culturel et environnemental du Mali.
Toutes les chansons du groupe évoquent des faits sociaux minant la société malienne et la faisant basculer dans l’extrémisme religieux. Les titres interprétés pendant la tournée prônent la paix, le vivre ensemble, le pardon et la tolérance. Les textes ont aussi dénoncé la marginalisation et la discrimination des artistes locaux.
Les populations des communes parcourues par le groupe Lolo ont eu l'occasion d'écouter des instruments traditionnels tels que le n’goni, le korokoto, le balafon et la calebasse qui a remplacé le Djembé.
Chacun des spectacles s’est déroulé devant au moins 350 personnes dont 50% de femmes, 30% de jeunes et 20% d’enfants âgés de 10 à 15 ans, selon les données communiquées par Abdoul Berthé, fondateur et manager du groupe.
En dehors des concerts, la tournée a également été une occasion pour le groupe de rencontrer les autorités locales, les chefs coutumiers ou religieux, les jeunes et les femmes. La paix fut le principal thème développé lors de ces échanges.
Il a toujours fallu expliquer l’intérêt de la tournée aux personnes rencontrées et définir les contours exclusivement artistiques de ce projet, qui n'a point de lien avec les partis politiques locaux. Tout cela a été rappelé par le groupe Lolo à l'occasion des interviews accordées aux radios des localités ayant accueilli les concerts.
Des problèmes similaires ont été notés dans toutes les destinations, ils constituent de véritables entraves à la mobilité des artistes et à la circulation des œuvres. Le manque d’électricité et d’équipements élémentaires dans les salles de spectacles (quand il y en a), l’inexistence de salles de concert dans certaines communes ou encore le mauvais état des routes.
Malgré ces contraintes, la tournée du groupe Lolo a eu un impact remarquable, à plusieurs niveaux. Elle a permis à certaines localités quasiment oubliées, d'accueillir au moins un événement culturel.
C'est le cas des communes de Dèbèlin et Wola qui n’avaient plus vu se tenir le moindre spectacle de musique depuis plus de 10 ans.
La tournée a également permis de nouer des contacts pouvant déboucher sur de futures coopérations. Des rencontres avec d’autres musiciens, des professionnels du théâtre et des techniciens du spectacle ont été faites. Cela laisse présager des échanges bénéfiques et un partage d’informations sur des opportunités de diffusion et de formation.
Les autorités locales ont également appelé le groupe Lolo à se produire de nouveau dans leurs communes. Ils ont aussi salué la qualité des prestations et ont recoonu l’intérêt d’une telle tournée pour le développement de leurs localités.
En évoquant les nombreux problèmes et fléaux qui minent la société malienne et qui freinent aussi l’épanouissement des artistes ruraux, le groupe Lolo a abattu un énorme travail de sensibilisation.
La tournée a permis aux artistes des localités visitées, d’échanger avec leurs pairs d’autres horizons, cela dans le but dynamiser et de rendre plus opérationnels les espaces culturels existant dans le cercle de Sikasso.
Des plaidoyers ont été faits par la jeunesse des communes ne disposant pas d’espaces culturels auprès de leurs autorités, en vue d’inscrire la construction de ses infrastructures dans les plans de développement local.
Après cette belle tournée et ses retombées immédiates ou futures, le fondateur du groupe Lolo et Président de l’Association Voix et Musique pour l’Intégration Culturelle (AVMIC), Abdoul Berthé, travaille actuellement à la mise en place du 5e Festival International des Arts et de la Culture de Wassoulou (FICAWA) prévu du 22 au 25 mars prochains à Yanfolila.
À propos du groupe Lolo de Yanfolila
Le groupe Lolo de Yanfolila met une fois de plus en pratique ce qui a motivé sa création : utiliser la musique pour recoudre le tissu social.
C’est à l'issu d’une formation financée par la coopération suisse et rassemblant des musiciens et danseuses, qu'est né l'ensemble.
Le groupe Lolo a misé dès le départ sur les techniques d’utilisation, de fabrication d'instruments de musique en voie de disparition, dans les aires culturelles du Wassoulou. Le groupe est aussi né pour la préservation des danses traditionnelles de la région.
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