Magali Palmira : « les médias sont des partenaires privilégiés de l’artiste »
Dans cet entretien, Magali Palmira, opératrice culturelle originaire du Gabon évoque l’importance des médias dans la promotion de l’artiste et de ses œuvres. Magali est également représentante pour l'Afrique francophone de la chaîne de télévision MTV Base Africa.
Selon vous, quelle est l’importance des médias pour un artiste et comment est-ce que ceux-ci peuvent contribuer à promouvoir sa carrière ?
Les médias sont des partenaires privilégiés de l’artiste. Un canal qu’il utilise pour diffuser, représenter et promouvoir ses œuvres au public.
On remarque d’un autre côté que les artistes ont recours aux médias sociaux pour diffuser et partager leurs musiques. Cela sonne-t-il la fin des médias audiovisuels ?
Les réseaux sociaux font partie des nouveaux outils marketing pour le développement de carrière des artistes. Leurs places dans la promotion d’une œuvre musicale deviennent non négligeables.
Cependant, à mon humble avis, cela ne sonne pas encore la fin des médias audiovisuels, qui restent encore des canaux de premier plan pour la diffusion d’un artiste.
On constate également que la plupart des médias locaux diffusent souvent la musique d’ailleurs au lieu de promouvoir les contenus locaux. Qu’est-ce qui explique cela ?
C’est peut-être le mythe de ce qui vient d’ailleurs est toujours meilleur. Pour ma part, je ne comprends toujours pas cette attitude et je milite pour plus de diffusions d’artistes locaux quand leurs œuvres sont qualitatives. Sur MTV Base Africa, nous travaillons chaque jour à diffuser tout ce qui représente la musique du continent. Dans nos programmations, nous tenons compte de toutes les régions africaines.
Certes notre audience est majoritairement anglophone, mais nous avons bien saisi qu’en tant que média, nous avons la responsabilité de faire connaitre toutes les musiques du continent.
L’accès aux médias internationaux pour les artistes de l’Afrique francophone est limité. Vous travaillez vous-même pour une chaîne de télévision internationale. Est-ce la barrière linguistique qui empêche cela ?
Chez MTV Base Africa, nous avons constaté un écart au niveau de la qualité entre les clips francophones et anglophones. Ceux des artistes francophones sont souvent de moindre qualité que ceux d’autres régions. Dans nos procédures de sélection, tous les clips passent par un quality control qui vérifie que la vidéo est dans le format exigé par la chaine.
Quand nous avons commencé à intégrer les artistes francophones dans nos programmations, nous avons remarqué que les vidéos étaient produites sur le tas, avec des connaissances rudimentaires et ne respectaient malheureusement pas des aspects techniques indispensables.
Trop souvent ces vidéos sont des copies de celles qui existent déjà. Au bout d’une minute de visionnage, on s’ennuie à regarder quelque chose qui n’est pas nouveau et inédit. Il faudra également tenir compte de la notoriété de l’artiste pour que celui-ci soit diffusé sur un média international.
Ainsi, les artistes francophones doivent tenir compte de tous ces critères pour que leurs oeuvres soient sur des chaînes internationales.
À la différence d’autres musiciens (RDC, Cameroun, Côte d’Ivoire), nous remarquons ces jours-ci que les artistes gabonais ne sont pas assez visibles sur les médias panafricains. Qu’est-ce qui explique cela ?
Au Gabon, nous sommes dans une impasse créative. En dehors de quelques artistes qui ont une démarche artistique différente comme le groupe BGMFK (qui a récemment intégré le label Universal Music Africa), je suis pour ma part au regret de constater que nous sommes très loin du boom créatif inédit et innovant des années 2000 des artistes tels que Movaizhaleine, Ba’Ponga, Kôba, Nicole Amogho… pour ne citer que ceux-là. De cette absence de bouillonnement artistique découle indubitablement une absence sur les médias panafricains.
Des artistes investissent de plus en plus dans les médias. Le chanteur tanzanien Diamond Platnumz a lancé en février dernier une radio et une télévision, Mohombi en RDC est propriétaire d’un groupe de média. Ils le font juste pour gagner de l’argent ? Il y a-t-il une autre motivation derrière.
Avant eux il y avait Youssou N’dour qui possédait déja créé son groupe de médias au Sénégal et également Alpha Blondy en Côte d’Ivoire. Diversifier ses activités et ses revenus est obligatoire quand on est un artiste. Si le but est de gagner de l’argent ils sont parfaitement dans leurs droits.
De même en tant qu’artiste, ils sont des leaders d’opinions qui, d’une manière ou d’une autre, doivent faire entendre leurs voix et posséder son propre média est certainement l’un des meilleurs moyens de faire entendre sa voix.
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