Journées Musicales de Carthage 2018 : Tunis, capitale mondiale de la musique
Le temps d'une semaine, les Journées Musicales de Carthage ont transformé Tunis en capitale internationale de la musique. En effet, du 29 au 06 octobre 2018, de nombreux artistes, experts et professionnels du secteur ont été réunis pour une grande et belle célébration autour de la musique.
Retour sur les Journées Musicales de Carthage 2018.
Placé sous le thème fédérateur, « De la place pour tout le monde », la 5e édition des JMC aura tenu toutes ses promesses.
Le concert d'ouverture assuré par le jeune violoniste Zied Zouari a donné le ton des JMC 2018. Assisté par des virtuoses au chant comme la Tunisienne Aida Naiti et Ghassen Fendri à la guitare ou encore l'inimitable beat-boxer, Imed Twinlo, homme orchestre à lui tout seul, Zied Zouari a extasié, durant plus de deux heures, un public venu nombreux pour cette première soirée des Journées Musicales de Carthage.
Tour à tour, les différents membres de l'orchestre, joueur de oud, de cithare, violoniste, flûttiste, joueur de bendir ou de guembri, tous aussi doués les uns que les autres, aidés par des chanteurs aux voix magnifiques, ont fait résonner des sonorités multiples tantôt aux accents orientaux, soufis, tantôt plus modernes, qui ont forcé l'admiration et les applaudissements nourris de l'audience .
La proposition de Zoued, très séduisante et pleine de raffinement, repose sur un diptyque savamment orchestré : enracinement et ouverture.
Le nom de Tarek el Arabi Tarkan ne vous dit certainement pas grand-chose, mais dans le maghreb, ce chanteur et compositeur syrien de musiques de dessins animés est une légende vivante, et cela s'est vu lors de la soirée du 30 septembre qu'il a animée, à l'occasion de la messe musicale que sont les JMC.
Tarek el Arabi n'est pas un chanteur ordinaire, pendant plus d'une décennie il a posé sa voix sur la majorité des bandes dessinées diffusées dans tous les pays arabes. Très peu de personnes avaient jusqu'ici eu la chance de le voir, mais tous sans exception reconnaissent sa voix, liée pour toujours, à l'enfance de chaque tunisienne et tunisien. Il est si fortement présent dans la mémoire collective que son concert a été un moment particulier, intensément vécu par un public au bord de l'hystérie. Ce fut naturellement l'un des moments culminants de ces JMC, épisode 5.
L'ambiance électrique qui a régné dans la salle était tout simplement indescriptible. Le public, de tous âges, a repris en chœur, du début jusqu'à la fin, toutes les chansons du chanteur, avec une ferveur incroyable et une once de nostalgie sur les visages des plus grands.
Pendant plusieurs tours d'horloge, le public a accompagné, sans se lasser une seconde, Tarek et son orchestre symphonique. Ils ont tour à tour, passé en revue les B.O des dessins animés que l'on connaît tous, Simba, Batman, Détective Conan, Babar etc..
De l'avis de tous les journalistes et spectateurs présents à cette soirée, ce fut probablement un des moments forts du festival. Le journaliste malien Assane Koné, confiera avoir eu des frissons à l'issue du concert, je peux vous assurer qu'il n'était pas le seul.
Les organisateurs ne se sont pas à l'évidence trompés en invitant le Syrien ; ils ont fait le bonheur de milliers de Tunisiens. Le triomphe de Tarek a été si éclatant qu'il est revenu pour une deuxième soirée quelques jours plus tard. Et là encore, le succès à été au rendez-vous.
Pour la troisième soirée du festival, le 1er octobre, Achref Chargui et son équipe ont proposé un grand nom du blues, Lucky Peterson. L'Américain revenait pour la troisième sur les scènes tunisiennes. Pour sa première à la cité de culture de Tunis, le nouveau et imposant temple de la culture en Tunisie, le bluesman a fait sonner ses notes bluesy et fait vibrer la « salle de l'Opéra », plus grande pièce du complexe culturel tunisien.
Lucky Peterson et son groupe ont tenu en haleine leurs fans, avec des riffs de guitare uniques. Rejoint un peu avant la fin du show par la chanteuse Amy, les deux musiciens ont offert une belle finale avec des notes de blues, de jazz et de groove, pour clore un concert exceptionnel à tout point de vue.
Pour Lucky Peterson et la Tunisie, c'est une belle histoire d'amour qui continue...
Le 2 octobre, c'est sur la scène de la salle dite du « Théâtre des régions » d'une capacité de 700 places, que le Trio Bollywood s'est présenté au public des JMC. Avec une scénographie dépouillée, les trois chanteurs indiens ont transporté les spectateurs dans un univers artistique riche en sonorités et mélodies captivantes, avec des chansons qui racontent de belles et simples histoires d'amour entre mari et femme mais également des invocations soufies sublimes, sur un fond de voix, de tabla (petite percussion) et de sitar. Le résultat a été tout bonnement enchanteur et l'ambiance particulièrement authentique.
Avec le Trio Bollywood, le public présent a eu droit à un très beau moment, plein de poésie.
Le jeune leader du groupe, Ilyas Raphaël Khan, a ajouté une touche de modernité à la proposition musicale plutôt traditionnelle de sa formation, en se prêtant à un exercice réussi de beat-boxing qui s'est avéré être une belle surprise, révélant un talent qu'on ne lui soupçonne pas de prime abord, avec son costume traditionnel indien et son petit tabla, un moment épique !
D'autres concerts tout aussi captivants ont drainé beaucoup de monde à la cité de la culture, enrichissant la programmation des JMC 2018. C'est le cas du spectacle offert, le 03 octobre, par le musicien turc Murat Sakaryali, qui a fait chavirer son public avec une belle virtuosité. Le 04 octobre, la rappeuse Orakle venue de la RDC et programmée dans les JMC hip hop, a fait honneur à son rang d'ambassadrice du rap congolais. Dans la matinée, elle avait participé à un master class sur le hip hop, avec des pionniers du rap tunisien.
La musique électro était aussi présente à ces #JMC2K18. Chacun à son tour, DJ Diez et DJ Vendetta entre autres, ont échauffé le jeune public venu se défouler au rythme des sons house et électro de cette scène moins connue, mais qui n'en est pas moins présente et compte de véritables adeptes. Tout le mérite revient aux organisateurs qui ont réussi à mettre en lumière tous les genres, des plus populaires aux moins familiers.
Rarement un thème n'a été aussi mis en pratique, quand les JMC disent : « De la place pour tout le monde », ce n'est pas juste une formule.
Autour des concerts, se sont aussi tenues des activités telles que des formations pour jeunes débutants dans le secteur musical, ou des conférences-débats animées par des musicologues et experts réputés du secteur.
Parmi ces activités, on pourrait noter le symposium sur l'oud, instrument populaire et millénaire du monde Arabe. C'est la maison du Baron d'Erlanger à Sidi bou Saïd, dans la banlieue de Tunis, qui a accueilli du 4 au 6 octobre, cette conférence animée par des références du domaine.
À noter également, les nombreuses compétitions mises en place lors de ces JMC dans des catégories diverses comme : JMC Kids, JMC Live band, JMC POP.TN, JMC Hip-Hop ou encore JMC Electro.
Les Journées musicale de Carthage 2018 se sont clôturées le samedi 06 octobre à la cité de la culture, avec un vibrant hommage rendu au musicien tunisien récemment disparu, Hassen Dahmeni. À tour de rôle, de grands noms de la musique tunisienne, accompagnés d'un orchestre symphonique dirigé par Abderrahmane Ayadi, ont interprété les chansons du défunt.
Malgré cette note plutôt triste, la soirée s'est terminée sur un accent plus optimiste et tourné vers l'avenir, avec la remise des prix aux différents jeunes lauréats et pépites de la musique tunisienne et africaine.
Comments
Log in or register to post comments