Grèn Sémé
Bio
Entre poésie rock, pulsations dub et rythmes ternaires, Grèn Sémé invente une musique totalement inédite où le créole et le maloya de La Réunion donnent rendez-vous à Brel, Bashung et Noir Désir.
Trois ans après un premier album remarqué, le groupe trouve avec Hors Sol le parfait équilibre entre puissance et fragilité, et s’affirme comme l’une des voix les plus originales de la nouvelle scène francophone.
Aussi vrai qu’il est impossible de faire pousser un manguier en trois jours, il n’y a pas de raccourci pour parler de Grèn Sémé. Dans une époque riche en mots-valises où l’on voudrait enfermer toutes les belles bâtardises qui naissent de la créolisation du monde, la tentation est grande pourtant de chercher un diminutif pratique pour la cuisine atypique inventée par ces cinq garçons.
En 2013, pour situer leur premier enregistrement, ils avaient eux-mêmes opté, avec une certaine prudence, pour « Maloya évolutif ».
La formule avait le mérite de pointer un centre de gravité, l’île de La Réunion – ses rythmes ternaires, son blues traditionnel, le maloya, et sa langue créole –, et d’affirmer en contrepoint une grande liberté de mouvement.
10 ans après sa formation autour de Carlo De Sacco, chanteur et auteur, l’histoire de Grèn Sémé s’écrit depuis cette île de l’océan Indien en cercles concentriques et aériens, le groupe cherchant son identité dans un territoire de plus en plus vaste où l’on repère aujourd’hui aussi bien les hallucinations auditives du dub ou les ambiances street du slam que la verve humaniste des poètes du rock français. Un pied dans un champ de canne à sucre, l’autre sur un trottoir d'une grande ville.
Pour capter ces vibrations hors-normes, il fallait une paire d’antennes habituée aux outremondes, à ces au-delà où la musique et les mots s’aventurent ensemble en dehors des cartes répertoriées. Mais Grèn Sémé possède, entre autres secrets, le don des belles rencontres.
C’est avec Jean Lamoot, qui fut les oreilles de Bashung et de Noir Désir, que le groupe a pris le temps d’enregistrer ce deuxième album, chez lui, à La Réunion. Ensemble, ils ont trouvé l’équilibre parfait entre puissance, élégance, groove et fragilité.
Il se dégage de Hors Sol une impression paradoxale de classicisme et de singularité, comme s’il venait d’une tradition ancienne qui n’a jamais existé, d’un monde où Brel se serait acoquiné avec Fela, où Alain Peters se serait amusé à bidouiller les potards de synthétiseurs, où la fantaisie surréaliste de Nougaro aurait chanté le séga et l’électro en place du jazz et de la java. Ce monde n’est pas le nôtre, et c’est sans doute pour ça que Carlo De Sacco aime l’imaginer.
Car Grèn Sémé, c’est aussi une conscience poétique en butée aux mirages existentiels de la modernité, aux rêves sous blisters, aux imaginaires normalisés. Une façon de regarder le monde tourner sur lui-même avec l’intelligence imprévisible et la force morale d’un gamin, pour qui l’amitié est une idée souveraine. Cette camaraderie qui continue, après 10 ans, de nourrir une aventure enchantée, et...